
POLITIQUE - À l'évocation du nom "Patriotes", on a tendance à penser au futur nom du Front national. Mais comme l'a rappelé Marine Le Pen jeudi, Les Patriotes c'est avant tout le nom du réseau social de son parti.
Il y a un an jour pour jour, le 8 mai 2014, le Front national mettait en ligne lespatriotes.net, son réseau social militant. Un lancement discret pour un site encore inachevé, mais les cadres du parti y croyaient: “Je pense que le nombre d’inscrits sur le site dépassera le nombre d’encartés”, déclarait Florian Philippot au HuffPost à l’époque.
Douze mois plus tard, pari tenu? Que se passe-t-il vraiment sur lespatriotes.net et combien de militants et sympathisants fréquentent vraiment le site qui clame être le “1er réseau social militant” sur ses banderoles promotionnelles.
Des selfies avec Marion Marechal Le Pen
À son lancement, lespatriotes.net n’était pas tout à fait achevé et fourmillait de bugs. Depuis, le site lancé avec Riwal, l’agence de communication de l'ancien gudard Frédéric Chatillon mis en examen dans l'enquête sur le financement du FN, s’est offert un léger relooking.

En mai 2014

En mai 2015
Les bugs les plus évidents ont été corrigés, et le fonctionnement est resté le même avec un espace pour publier des photos, des blogs et une partie du site avec des missions à remplir pour gagner des points et apparaître dans un “top 5 des volontaires”.
Malgré ce système de jeu à points, l’activité s’est faite rare sur lespatriotes.net. Sur un an, on compte seulement 18 missions publiées par les animateurs du site (comme par exemple “Suivez Marine Le Pen sur Instagram"), 84 billets de blogs (rédigés par une poignée de fidèles utilisateurs) et quelques dizaines de photos de militants posant avec les cadres du parti (très souvent avec Marion Maréchal Le Pen).

Cette photo d’un tatouage aux couleurs du parti est peut être l’une des images les plus originales qu’un utilisateur ait pu publier depuis le lancement du réseau social.

Lespatriotes.net s’est aussi doté d’une fenêtre de tchat pour que les membres connectés puissent discuter entre eux. Mais quel que soit le jour ou l’heure, cet espace de discussion est désespérément vide...

Le design du site n’avait d’ailleurs pas été pensé pour une activité aussi faible. Les visiteurs se retrouvent ainsi avec un “meilleur article de la semaine” qui date d’un mois ou un “top 3 des images” qui ne peut en afficher que deux, faute de mieux.

7500 inscrits seulement
Comment expliquer un tel manque d’animation? “C’est simple, le site est extrêmement mal fait”, a répondu au HuffPost un militant d’Angers qui distribue des tracts dans sa ville mais ne trouve rien à faire sur lespatriotes.net et surtout, personne avec qui échanger.
Il faut surtout savoir que seulement 7500 personnes se sont créées un compte sur lespatriotes.net depuis son lancement. Voici le nombre d’inscrits qu’un responsable du site, placé sous l'autorité du pôle communication du parti, a bien voulu communiquer au HuffPost. "Inscrits” ne veut d'ailleurs pas dire que ces 7500 personnes sont actives sur le réseau social.
Et c’est très peu quand on connaît la puissance du FN et de ses sympathisants sur les réseaux sociaux traditionnels. Sur Facebook, la page de Marine Le Pen est la seconde page de personnalité politique la plus suivie de France avec 656.000 fans, contre 951.000 pour Nicolas Sarkozy et 541.000 pour François Hollande.
Moins d’activité que sur Google Plus
Toujours sur Facebook, 20.000 utilisateurs aiment la page des patriotes.net. Il y a donc plus de personnes qui ont rejoint la page Facebook du réseau social que le réseau social lui-même.
Même sur Google Plus (l’un des résaux sociaux les moins populaires), les publications du Front national ont beaucoup plus de succès. A titre de comparaison, l’invitation au défilé du 1er mai a généré 26 “likes” et plusieurs commentaires contre deux “participants” sur lespatriotes.net.


Les responsables du site sont-ils conscients de cette situation? La réponse est oui. Actuellement, la gestion du réseau social est confiée à une dizaine de militants, placés sous la responsabilité du pôle communication du FN. Ils sont pour la plupart des utilisateurs du site qui s'y sont investis dès le début avant d'être intégrés à l'équipe. Et ils ne se font pas d'illusion.
Un site prêt pour 2017?
“Aujourd’hui encore, le site n’est pas achevé, a confié au HuffPost l’un des responsables du réseau social. Pour l’instant les messages vont plutôt du haut vers le bas avec peu d’utilisateurs actifs”, a-t-il confirmé.
Mais cela ne veut pas dire que le site connaîtra le même sort que le réseau social de l’UMP, Les créateurs de possible, lancé fin 2009 et fermé un an plus tard avec 15.000 inscrits seulement et une facture d'un million d'euros (le FN n'a jamais communiqué sur le coût de création et de fonctionnement de son site).
"Notre premier objectif, c'est simplement d'atteindre les 10.000 membres d’ici la fin de l’année 2015, a également révélé notre interlocuteur. Puis le réseau va évoluer pour être fin prêt au moment de la campagne présidentielle de 2017."
"Nous espérons que tout sera en ordre courant 2016, nous a-t-on expliqué. Nous disposerons alors d’une base de données à activer pour mobiliser les inscrits et les faire participer activement à la campagne de Marine Le Pen. Nous pourrons également relancer les premiers inscrits à l’aide de mails.”
C'est d'ailleurs la ligne que Marine Le Pen a défendu en parlant de son réseau social fin mars. "Nous allons continuer notre travail sur Internet de façon croissante à l'approche des départementales, avait-t-elle déclaré. Dans ce but, nous avons décidé de lancer notre propre réseau social, en vue de 2017: lespatriotes.net."
Le réseau social du FN prend donc son temps, et le parti aura d'ailleurs mis un an avant de protéger le nom "Les Patriotes" auprès de l'Inpi, si l'on en croit les déclaration du directeur de cabinet de Florian Philippot qui a expliqué avoir déposé cette appellation pour le site et non pas pour un futur nom du Front national.
En attendant des jours meilleurs pour ses patriotes, le FN assume son appellation “1er réseau social militant de France”. "Pour le côté novateur”, mais surtout car ils sont “les seuls”.