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EpidémieEbola: l'OMS a réagi trop tardivement

Le Liberia est sorti de l'épidémie d'Ebola le 9 mai.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a réagi trop tardivement à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, a affirmé lundi 11 mai un groupe d'experts indépendant. Selon son rapport, l'agence de l'ONU souffre de graves faiblesses structurelles dans sa riposte aux urgences sanitaires.

A la demande des Etats membres de l'OMS, un groupe d'experts a examiné ce qui n'a pas marché dans la réponse à l'Ebola qui a contaminé 26'000 personnes et fait plus de 10'900 morts en Guinée, au Libéria et au Sierra Leone. Son rapport préliminaire, publié lundi à Genève, met le doigt sur plusieurs défaillances.

L'OMS n'a décrété une urgence de santé publique mondiale que le 8 août, bien trop tardivement. «Il y a eu de graves lacunes dans les contacts avec les communautés locales au cours des premiers mois de l'épidémie», affirme le groupe d'experts, présidé par Barbara Stocking, présidente du Murray Edward College à l'Université de Cambridge et ancienne directrice de l'ONG Oxfam.

«Il y a un consensus presque complet pour dire que l'OMS n'a pas une capacité et une culture suffisamment fortes pour mener des opérations d'urgence», accuse le rapport. Avant le mois d'août, l'agence de l'ONU n'a en outre pas recherché activement le soutien du reste du système des Nations unies.

Pas de nouvelle organisation

Les experts affirment qu'il n'est toujours pas clair pour quelles raisons les premières alertes, dès le mois de mai et jusqu'en juillet, n'ont pas débouché sur une mobilisation internationale adéquate. L'OMS a souffert d'une faiblesse structurelle pour répondre aux situations d'urgence auxquelles le groupe recommande de remédier rapidement.

«'Business as usual' n'est pas une option», déclare le groupe d'experts. Il écarte la proposition de créer une nouvelle organisation, ce qui mettrait du temps et détournerait des ressources, ainsi que le transfert à une autre agence de l'ONU de la capacité de réponse aux urgences.

Il recommande en revanche de renforcer la capacité opérationnelle de l'OMS. Les Etats membres sont invités à mettre sur pied un fonds d'urgence ainsi qu'une force internationale d'intervention sanitaire qui pourrait être mobilisée immédiatement. En son sein, l'OMS doit mettre en place une équipe pluridisciplinaire qui serait déchargée de ses autres fonctions pour répondre à l'urgence.

Une structure de commandement claire, unique au sein de l'agence doit être créée aussi rapidement que possible. Les experts recommandent que le Conseil exécutif prenne une décision à cet égard en janvier 2016.

Plusieurs raisons évoquées

Le rapport évoque plusieurs raisons pour expliquer le retard de la riposte de l'OMS: mauvaise compréhension du contexte de cette épidémie différente des autres; informations peu fiables du terrain; négociations difficiles avec les pays; lacunes dans la stratégie de communication de l'OMS, ayant manqué d'autorité en la matière.

Le document mentionne également les insuffisances des systèmes de santé très fragiles des trois pays touchés, la méfiance des populations, des frontières poreuses et une forte mobilité.

«Il est surprenant qu'il ait fallu attendre jusqu'en août ou septembre pour reconnaître que la transmission de l'Ebola ne pourrait être sous contrôle que si des mesures de surveillance, de mobilisation des populations et la distribution des soins étaient mises en place de manière simultanée», affirme le rapport.

La riposte internationale n'a pris de l'ampleur qu'en septembre, quand l'ensemble du système de l'ONU a réagi et qu'une autre structure a été créée, la Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER), relève encore le groupe d'experts. Son rapport doit être discuté par l'Assemblée mondiale de la santé à partir de lundi prochain.

Font partie du groupe d'experts, outre Dame Stocking, la professeure Ilona Kickbusch, directrice du programme global sur la santé à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, le professeur Jean-Jacques Muyembe-Tamfun (RDC), le Dr Faisal Shuaib (chef du centre des opérations contre l'Ebola au Nigeria), le Dr Carmencita Alberto-Banatin (Philippines), ainsi que le professeur Julio Frenk (de l'Université d'Harvard aux Etats-Unis).

ats