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A Cuba, la rencontre « historique » entre Hollande et Fidel Castro

+ VIDÉO. Paris s’invite dans la normalisation en cours entre La Havane et Washington, que la France anticipe. Le président français a rencontré Fidel Castro.

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François Hollande a entamé lundi la première visite d’un chef d’Etat français à Cuba

Par Yves Bourdillon

Publié le 11 mai 2015 à 17:41

François Hollande et Raul Castro au Palais de la Révolution

Rencontre entre François Hollande et Fidel Castro

Paris entend bien se placer au premier rang des pays accompagnant l’ouverture de Cuba sur le plan économique, et, peut-être, à terme, politique. Cinq mois après l’annonce de pourparlers historiques entre La Havane et Washington, François Hollande a réalisé, lundi, la première visite d’un chef d’Etat français à Cuba, qui a été marquée par une entrevue historique avec Fidel Castro, malgré la santé fragile de ce dernier. L’entrevue à huis clos a duré environ 50 minutes selon l’Elysée. « J’avais devant moi un homme qui a fait l’histoire. Il y a forcément débat sur ce qui a pu être sa place, ses responsabilités, mais venant à Cuba je voulais rencontrer Fidel Castro », a ensuite expliqué le président, affirmant que le Leader Maximo avait « beaucoup parlé » malgré ses 88 ans.

Dans la soirée, le président français s’est aussi entretenu avec son homologue Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel en 2006. Les deux hommes ont d’abord brièvement conversé devant la presse, dans une atmosphère visiblement très cordiale, avant de s’entretenir portes closes. « Ils ont évoqué l’idée de renforcer le partenariat France-Cuba dans le respect du rythme et de l’identité de chacun », a rapporté l’entourage de François Hollande après cette rencontre qui a été suivie d’un dîner officiel. Toujours selon l’Elysée, Raoul Castro a aussi « souligné l’idée que la France peut avoir un rôle de premier plan dans la relation entre Cuba et l’Union européenne, notamment dans la perspective du sommet UE-Celac »(Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes) de juin prochain à Bruxelles.

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Première visite d’un dirigeant occidental

C’est la première visite d’un chef d’Etat ou de gouvernement occidental depuis celle du Premier ministre espagnol en 1986. En effet, La Havane a longtemps été un quasi paria international, même si Fidel Castro figure parmi les icônes de la gauche internationale. En représailles à des expropriations d’entreprises américaines en 1962, Cuba subit un embargo commercial et financier des Etats-Unis depuis lors, le plus long de l’histoire moderne. François Hollande a d’ailleurs demandé lundi la levée le plus vite possible de cet embargo, ce à quoi travaille Barack Obama malgré l’hostilité des anticastristes de Floride et du Congrès, dominé par les républicains.

Financièrement à bout de souffle

Un embargo qui a « tant nui au développement économique » de l’île communiste, selon le président français, même si La Havane pouvait commercer librement avec le reste de la planète et si l’absence d’investissements internationaux s’explique surtout par l’étatisation totale, jadis, de l’économie. Financièrement à bout de souffle, le régime a dû se résoudre à un début de libéralisation économique après que Raul Castro, frère de Fidel, est devenu le numéro un cubain en 2008. Neuf Cubains sur dix travaillent encore dans le secteur public. L’ouverture politique demeure marginale. Pour marquer symboliquement l’attention de Paris aux atteintes aux droits de l'Homme (qui ont poussé l’Union européenne à instaurer des sanctions entre 1996 et 2005), François Hollande a remis lundi la Légion d’honneur au cardinal Jaime Ortega, médiateur dans la libération de prisonniers politiques en 2010.

Impatience des milieux d'affaires

Une trentaine de chefs d’entreprise, dont ceux d’Air France, Total (voir encadré) et Pernod Ricard qui disposent d’une implantation sur place depuis 1993, ou encore de l'armateur CMA CGM présent sur l'île depuis 2000 , accompagnent le chef de l’Etat et ne cachent pas leur impatience devant une réintégration de Cuba dans le jeu international, même si la normalisation entre La Havane et Washington se traduira aussi par l’irruption de concurrents américains . Accor, qui gère déjà deux hôtels Mercure sur l’île, a d’ailleurs annoncé lundi la signature d’un contrat pour l’ouverture d’un hôtel Pullman de 518 chambres en novembre prochain.

Vente de produits pétroliers  : Total signe un pré-accord

A l'occasion de la visite à Cuba de François Hollande, Total a signé avec la société cubaine Cupet "un accord d'extension d'une lettre d'intention concernant un projet dans le Marketing & Services", la division de Total dans l'aval pétrolier. L'accord ne concerne pas l'exploration pétrolière en mer, a spécifié le porte-parole. Selon le site internet du groupe, Total est présent à Cuba depuis 1993, essentiellement dans la commercialisation de produits pétroliers (lubrifiants automobile et pour l'industrie, GPL, additifs pour carburants). Le groupe apporte également "une assistance technique" à quatre aéroports du pays. Il a une activité de négoce de produits pétroliers raffinés avec Cubametales, société d'import-export de minéraux et de métaux.

Cuba ne constitue toutefois pas un Eldorado, puisqu’il s’agit d’un pays de 11 millions d’habitants qui exporte surtout du sucre. « Les opportunités économiques sont très limitées à court terme, le salaire moyen n’est que de 250 dollars par an », a souligné lundi le sous-secrétaire américain au commerce, Stefan Selig, pour minimiser, peut être, l’impact de la visite du président français. La Maison Blanche, de son côté, n’excluait pas lundi une visite de Barack Obama à Cuba l’an prochain.

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