triantafilos (yves) (L'Equipe)

Eux l'ont fait...

Petit conseil aux joueurs du Bayern Munich : Ne perdez pas la foi ! Voici cinq retournements de situation rocambolesques en Coupe d'Europe (par ordre chronologique). Ces équipes ont réussi à remonter un handicap de trois buts ou plus. Les Bavarois savent ce qu'il leur reste à faire.

AS Saint-Etienne - Hajduk Split : 5-1 a.p. (1-4 à l'aller), 2e tour de C1 1974-1975

Un match retour épique qui a marqué l’histoire de l’AS Saint-Etienne. Les Verts sont giflés 4-1 en Yougoslavie à Split. Sur une pelouse innommable et contre un Ivica Surjak intenable, Sainté boit la tasse et annihile quasiment toutes ses chances de qualification. C’était sans compter sur la fierté du peuple Vert. Dans un Geoffroy-Guichard rempli jusqu’à la gueule, les ouailles de Robert Herbin sont survoltés. Ils ouvrent la marque rapidement par Larqué mais sont rejoints par le Hajduk Split. Peu importe. La furia verte se remet en marche et accroche la prolongation. «Le Grec» Yves Triantafilos (en photo) libère Saint-Etienne sur un coup franc décalé. 5-1. Les Verts l’ont fait.

Real Madrid - Borussia Mönchengladbach : 4-0 (1-5 à l'aller), 8es de finale de C3 1985-1986

Tor (but en allemand) ! Le panneau d’affichage du stade de Düsseldorf est à deux doigts de vaciller. Pour la sixième fois de la soirée, il s’illumine brutalement. Les attaquants du Borussia Mönchengladbach ont bien fait le boulot. Un humiliant 5-1 contre le Real Madrid qui leur ouvre les portes des quarts de finale. Pourtant, le but de Rafael Gordillo pour les Merengue va peser bien lourd dans la balance. Dans un Santiago-Bernabeu chauffé à blanc, les Madrilènes vont réaliser l’exploit. Deux buts par période, aucun encaissé, du travail propre et bien fait. 4-0 pour le Real qui s’est trouvé une équipe en ce soir de novembre. Ils iront même chercher le trophée en finale face à d’autres Allemands, le FC Cologne.

Paris Saint-Germain - Steaua Bucarest : 5-0 (0-3 sur tapis vert à l'aller), tour préliminaire de C1

Une petite bévue administrative et c’est la catastrophe… Le joueur du PSG Laurent Fournier, suspendu au match aller à Bucarest, participe quand même à la rencontre sur une erreur d’appréciation du staff parisien. Même si Paris s’incline 3-2 sur le terrain, il doit encaisser un sévère 3-0 sur tapis vert. Les troupes de Ricardo sont remontées à bloc pour la deuxième manche dans un Parc des Princes qui fait le plein. Le coach brésilien n’a pas froid aux yeux et tente un coup de poker. Il aligne cinq joueurs à vocation offensive (Gava, Rai, Leonardo, Simone et Maurice) pour mettre une énorme pression sur la défense roumaine. Choix gagnant… Emmenés par un Rai étincelant (3 buts à son compteur), les Parisiens atomisent le Steaua qui n’aura pas vu le jour sur la pelouse du Parc. 5-0. Le pari est réussi. Un seul mot pour définir cet exploit, en une de l’Equipe : «Enorme !»

Werder Brême - Lyon : 4-0 (0-3 à l'aller), 16es de finale de C3 1999-2000

Sonny Anderson l’avait presque senti venir à la fin du match aller. Malgré l’étincelant 3-0 qui a fait chavirer Gerland de bonheur, l’attaquant brésilien prend des pincettes : «Il ne faut surtout pas s’enflammer.» Les Rhodaniens auraient mieux fait de tendre l’oreille. Car c’est une véritable gifle qu’ils vont prendre en pleine poire lors du match retour en Allemagne. Dans un Weserstadion clairsemé, les hommes de Jean-Michel Aulas mangent la poussière. La doublette sud-américaine du Werder, Ailton-Pizarro, fait la misère à la charnière Bak-Bréchet. Les Lyonnais repartent avec quatre buts dans la musette et un sacré coup de bambou derrière la tête. 

Deportivo La Corogne - AC Milan : 4-0 (1-4 à l'aller), quarts de finale de C1 2003-2004

Un Kaka diabolique, un Chevtchenko opportuniste, un Pirlo méthodique… Le Milan est beaucoup trop fort pour le Depor en ce quart de finale aller à SanSiro. Les Rossoneri dynamitent les Espagnols et se voient déjà rejoindre la dernière marche avant la finale. Manque de pot, le match retour est une véritable catastrophe pour les hommes de Carlo Ancelotti. Pris à la gorge par des joueurs du Depor surmotivés par le soutien sans faille du Riazor, les «Casciavit» s’embourbent et balbutient leurs gammes. L’attaquant uruguayen de La Corogne Walter Pandiani fait vivre un calvaire à l’arrière-garde milanaise. Ses coéquipiers Valeron, Fran et Luque se joignent au festin. Le Milan est à terre et ne s’en relèvera pas. 4-0. Le Depor rejoint le Porto de Mourinho en demi-finale. 

Johan Tabau