RELIGION - Plus de 8000 morts, huit millions de personnes touchées, plus de 1,4 millions d'individus en manque d'eau, de nourriture, sans abri... Le séisme qui a frappé le Népal est une véritable tragédie. Depuis lundi 27 avril, les secours du monde entier arrivent à Katmandou pour prêter main forte aux plus démunis.
Et ce mardi 12 mai, un nouveau séisme de magnitude 7,4 s'est fait ressentir jusqu'en Inde, faisant au moins 36 morts et 1200 blessés.
Premières images du tremblement de terre du 12...par LeHuffPost
Selon le moinde bouddiste Matthieu Ricard, auteur de Plaidoyer pour l'altruisme, lui et ses frères du monastère de Shéchèn étaient "prêts". "On a fait plusieurs répétitions générales au monastère, on a des réserves d'eau, de nourriture. Des spécialistes des tremblements de terre ont formé les moines", expliquait-il à BFMTV. "J'ai vécu plusieurs tremblements de terre, plus petits. On se disait: le gros, quand est-ce qu'il arrive? Katmandou est vouée à la destruction tous les 70 ans". En effet, comme le note Slate, le Népal est "victime d'une telle catastrophe tous les 75 ans en moyenne depuis au moins huit siècles", le dernier séisme d'ampleur remontant à 1934.
Pour autant, personne n'est jamais préparé à faire face à une telle catastrophe, même si on s'y attend. Selon les coutumes toutefois, les traditions, les religions, certains enseignements peuvent aider à avancer, certaines pratiques -des rituels, cérémonies mortuaires- être réalisées pour réussir son deuil. Dans ce pays de 30 millions d'habitants, la religion la plus pratiquée est l'hindouisme (81,3%). Vient ensuite le bouddhisme (9%), selon les chiffres du recensement 2011.
Non, les catastrophes ne sont pas une affaire de karma
Le séisme a tué des milliers de personnes mais a aussi dévasté tout un pan du patrimoine culturel et religieux népalais. Dans les temples, les hindous viennent se recueillir, parfois mourir, avant d'être réincarnés.
Pour les bouddhistes comme le précisait dans une tribune sur Le HuffPost Eric Rommeluère, enseignant bouddhiste français, "leurs temples ne sont que des murs de terre, leurs statues de morceaux de bois ou de pierre. Ils peuvent apparaître et disparaître."
Dans la religion hindoue, il n'est pas question d'un Dieu tout puissant, omniscient, qui pourrait être tenu responsable d'un tel désastre. Comme l'explique à CNN Todd Lewis, spécialiste des religions d'Asie au College of Holy Cross dans le Massachusetts, les hindouistes ont une autre manière de percevoir les événements tragiques.
"Les textes bouddhistes et hindous précisent clairement que toutes sortes d'événements imprévus peuvent arriver", précise-t-il. C'est-à-dire sans aucune raison ni volonté divine. Ce n'est pas non plus une question de karma. C'est-à-dire la croyance, dans l'hindouisme, qu'une vie existe après la mort en fonction de ses actions: la réincarnation. Non, les catastrophes ne sont pas une affaire de karma. Elles peuvent arriver, c'est tout. "La Terre a ses tremblements et aucun Dieu ne vient la frapper de son courroux", expliquait Eric Rommeluère.
Le corps est parti, l'âme reste en vie
Depuis le séisme, le Népal pleure ses morts. Les rituels mortuaires sont, dans les religions hindouistes et bouddhistes, très importants. Comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessus, les corps sont placés dans un linceul blanc puis brûlés, afin que l'âme soit purifiée. "On fait la crémation et on jette les cendres dans la rivière, c'est comme ça que le corps retourne à la terre", témoigne dans celle-ci un Népalais. Normalement, les familles essayent d’incinérer les corps dans les 24 heures qui suivent la mort mais comme il est difficile de récupérer certains corps, ce n'est pas possible pour bon nombre d'entre elles.
Les bûchers funéraires, s'ils peuvent nous sembler étranges, sont, selon Todd Lewis sur CNN, la manière la plus compatissante qu'il soit de traiter les morts, dans la religion hindoue comme bouddhiste. L'âme pour les hindous, la conscience pour les bouddhistes, continue à vivre selon ces religions, et cherche un nouveau corps dans lequel s'incarner. "Le corps est parti, mais l'âme va rester en vie", résume Jack Tiwari, président de l'America Nepal Society.
Des prières pour soulager la douleur
Comme le souligne CNN, de plus en plus de personnes envoient leurs prières sur les réseaux sociaux. L'une des phrases revenant très souvent étant celle-ci: "Om mani padme hum", un célèbre mantra du bouddhisme, celui de la compassion. Quand ce mantra est chanté, les bouddhistes croient que le bodhisattva (un bouddha avant l'éveil) Avalokiteshvara apparaît et aide les personnes dans le besoin.
Voici d'autres prières, repérées par nos confrères du Huffington Post aux Etats-Unis:
"Nous nous tenons par la main, tous ensemble.", Balaram Panthi, membre du temple hindou de St Louis.
"Tellement de gens souffrent, et nous aimerions minimiser leurs peines à travers la prière." Mohan Das, d'un temple Iskon (un courant de l'hindouisme) à Boston.