Les femmes d'exception ne sont pas au Panthéon, rarement dans les livres d'histoire, peu souvent dans les mémoires. Désormais elles ont leur tumblr. Le collectif Georgette Sand souhaite imposer une légitimité qui découle des compétences et non de la perpétuation de l'endogamie. "À en croire nos manuels scolaires aujourd’hui : une société dans laquelle plus de 90 % des citoyens et des citoyennes seraient des hommes. Une société dans laquelle les grandes découvertes, l’art, la philosophie, les mathématiques seraient des domaines réservés aux garçons. Une société dans laquelle nous apprendrions que des métiers sont dédiés aux femmes et d’autres aux hommes, ou que les femmes sont avant tout des «femmes de…» avant d’être des individus à part entière. Est-ce là le message que nous voulons transmettre ? Sommes-nous mêmes conscient-e-s que ces représentations vont à l’encontre de l’égalité entre les femmes et les hommes qui est pourtant une valeur de l’école républicaine ? " (Extrait du guide du Centre Hubertine Auclert "Faire des manuels scolaires").
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Ната́лья Бори́совна Но́рдман (1863-1914) écrivaine suédo-russe réformiste sociale, féministe et végétarienne, et non, pas uniquement “la femme de” Ilia Répine. Du milieu aisé où elle reçoit une très bonne éducation, elle garde les connexions et la capacité de lobbying à la cour du tsar. Elle anime des conférences sur le végétarisme et ses bienfaits sur la neurologie, prône l’ascète alimentaire… Le message ne passe pas toujours bien. Son caractère haut en couleurs lui sera souvent reproché: on la traite d’« étrange bonne femme, au ton méchant ». Pourtant elle semble attachante, cette femme qui indiquait dans sa maisonnée « n’attendez pas de domestique, il n’y en a pas », « faites tout vous-même », ou encore « une servante, c’est la honte de l’humanité »…
Les Invisibilisées ont leur livre ! Georgette Sand a écrit Ni vues ni connues, directement inspiré du tumblr Invisibilisées ! Il va cependant plus loin puisque les invisibilisées sont cette fois décryptées en profondeur afin de comprendre les mécanismes de leur invisibilisation ! Etat, famille, religion, absence de disciple, homosexualité, légendes noires, ethnocentrisme… les autrices du livre sont allées contacter les expert.e.s sur les cinq continents pour comprendre les raisons qui les ont rayées de la carte !
Après trois réimpressions de la version Hugo et cie, il est sorti chez Pocket le 7 mars 2019 !
(1845-1917)
Femmes de lettres et membre à part entière de l’intelligentsia littéraire de son époque, Judith Gautier traduit du chinois ancien et produit une oeuvre brillante. Très admirée pour son apport artistique, son style très concis tranche avec le style parfois ampoulé de l’époque. Elle est la première femme à intégrer l’Académie Goncourt en 1910, la suivante sera Colette en 1944…
Pourquoi cet oubli de sa personnalité et son oeuvre ? Vous l’aurez remarqué, c’est la fille de Théophile Gautier dont l’assommant Capitaine Fracasse devait rester dans les annales, au contraire de l’Isoline de sa fille, pourtant bien plus digeste ! Ajoutez à cela le fait qu’elle inspira de nombreux artistes, de Victor Hugo à Wagner avec qui elle entretint des relations pas toujours platonique, tout était mis en place pour qu’elle reste dans le recit littéraire muse, fille et égérie !
Edmée Chandon
(1885-1944)
Astronome française
Reçue première à l’agrégation de mathématiques, Edmée Chandon est nommée à l’observatoire de Paris en 1912 et devient la Première femme astronome professionnelle. En 1919, elle entre à la Société Mathématique de France. Ses travaux portent sur la mesure des étoiles doubles. Elle est la première femme à soutenir une thèse d'État en sciences mathématiques portant sur l'astronomie et la géodésie. Fait rare dans un espace public dominé à 98% par des noms masculins, elle a donné son nom à une rue de la commune de Guilers dans le Finistère.
Indira Gandhi
(1917-1984)
Femme politique indienne.
Première ministre de l’Inde de 1966 à 1977, elle est la seconde femme au monde élue démocratiquement à la tête d’un gouvernement. Dès son accession au pouvoir, elle œuvre pour l’autonomie de son pays face aux grandes puissances étrangères. Socialiste et progressiste, elle abolit les privilèges des maharadjahs et des princes. Autoritaire, elle centralise le pouvoir. Elle mène la guerre contre le Pakistan qui aboutit à la victoire de l’Inde et à la création du Bangladesh, tout en accroissant l’influence de son pays au point d’en faire une puissance hégémonique en Asie du Sud. Durant 2 ans, elle bascule dans la dictature après avoir déclaré l’état d’urgence, suite à quoi elle est jugée, condamnée puis reprend le pouvoir de manière plus modérée. Elle meurt assassinée par ses gardes du corps sikhs après avoir ordonné la répression militaire d’une insurrection de militants pour l’indépendance de la communauté sikhe dans le Pendjab.
Louise Michel
(1830-1905)
Militante révolutionnaire anarchiste et féministe française.
Institutrice arrivée à Paris en 1855, Louise Michel s’oppose très tôt à l’empire de Napoléon III en collaborant à des journaux d’opposition et milite au sein du mouvement blanquiste révolutionnaire et républicain socialiste. Indignée par les injustices que subissent les femmes, elle devient présidente du Comité républicain de vigilance des citoyennes du XVIIIème arrondissement de Paris en 1870. Figure majeure de la Commune de Paris, propagandiste, ambulancière, et garde du 61ème bataillon, elle participe aux combats de rue lors du siège de Paris, et reste parmi parmi les dernier.e.s combattant.te.s sur la barricade de la chaussée Clignancourt. Elle est emprisonnée et déportée en Nouvelle-Calédonie. À son retour, et jusqu’à la fin de sa vie, elle multiplie les conférences et les engagements politiques et militants, notamment au sein du mouvement ouvrier.
Elizabeth Bathory
(1560- 1614)
Cette comtesse hongroise qui vécut en Transylvanie fut victime de rumeurs destinées à la discréditer qui en font aujourd’hui une des légendes noires infondées les plus représentatives.
Mariée (à 15 ans) mère de 3 enfants… Et au pouvoir ! Cela ne plait pas vraiment à ses cousins qui auraient bien pris le pouvoir en la laissant changer les langes. Pratique, diaboliser les femmes ça marche toujours très bien : ils inventent donc des actes de barbaries et des rituels sanguinaires sur de jeunes servantes, forcément vierges (ah la virginité ! Gage de qualité intemporel) après que des corps soient retrouvés à la suite d’une épidémie. La rumeur galope, bientôt plus de 600 jeunes filles sont supposées tuées, la comtesse se baigne dans leur sang pour garder une jeunesse éternelle, se retire dans la foret pour s'adonner à des rituels de sorcellerie… La pomme empoisonnée et les 7 nains ne sont pas loin ! Elle finit par faire l’objet d’un procès où ses domestiques avouent sous la torture ses agissements (vous vous rappelez ? On dit n’importe quoi sous la torture). Condamnée, elle est emmurée vivante dans sa demeure et meurt après 4 ans d'isolement et de dénutrition. Encore aujourd’hui, sa légende demeure : s'agit il de la meurtrière en série la plus sanglante de l'histoire ou d’un simple mythe ? Les faits semblent bien avoir existé, mais liés à des pandémies davantage qu’à des actes de torture sadique. Et même si c’était vrai, cela signifierait surtout une chose: le sadisme n'est pas l'apanage des hommes.
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