Les médecines chinoise et occidentale sont-elles complémentaires ?

Les pratiques traditionnelles de l'empire du Milieu se rapprochent peu à peu des nôtres qui, elles aussi, s'inspirent de concepts du pays de Confucius.

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La médecine traditionnelle chinoise fait appel à l'acupuncture, entre autres.
La médecine traditionnelle chinoise fait appel à l'acupuncture, entre autres. © West Coast Surfer / Moo/REX/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Pour le Pr Laurent Degos, vice-président de l'Institut Pasteur et président d'une association franco-chinoise d'échanges pour la science et son application, les médecines occidentale et chinoise se rapprochent peu à peu. Il le dira samedi, lors du 3e colloque Victor Ségalen, qui se déroulera à l'École des filles d'Huelgoat pendant tout le week-end. À cette occasion, des spécialistes seront réunis pour évoquer la médecine de demain et penser le soin autrement, notamment avec la médecine chinoise. Leur lieu de rencontre est un centre d'art contemporain original, situé au cœur du Finistère, dans l'ancienne école d'Huelgoat, à l'orée de la forêt abritant un chaos où Victor Ségalen - médecin, archéologue, poète et visionnaire - est venu mourir en 1919.

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Le Point : Comment définissez-vous la médecine chinoise actuelle ?

Pr Laurent Degos : C'est une pratique dont le but est très différent du nôtre. En Chine, l'essentiel est d'être bien avec soi-même et avec l'univers qui nous entoure, que l'on soit en bonne santé ou malade. Pour cela, différentes approches sont utilisées, notamment l'acupuncture contre la douleur, des plantes, la diététique et l'exercice physique avec le Tai chi. En médecine occidentale, on chercher à déterminer la cause de la maladie pour tenter de l'éradiquer, même si c'est au prix de perturbations majeures. Ces deux approches sont bien différentes. L'une est subjective, l'autre objective.

Comment concilier les deux ?

Le dialogue est difficile. Les médecins occidentaux se basent sur les résultats d'essais randomisés et contrôlés, une pratique impossible en Chine. À titre de comparaison, c'est un peu la même chose en France entre les psychiatres qui prescrivent des médicaments et les psychanalystes. Il est impossible, pour ces derniers, de quantifier les résultats de leur pratique. Le bien-être ne se mesure pas scientifiquement.Néanmoins, tous nos indicateurs destinés à évaluer les médecins et les hôpitaux concernent les procédures mises en place, les protocoles, les parcours de soins et non pas les résultats pour les malades. Et nous nous rendons compte, peu à peu, qu'il est important d'interroger les patients, de leur demander s'ils se sentent véritablement mieux à la suite des traitements que nous leur avons délivrés. C'est ce que l'on appelle le résultat ressenti par le patient. Ainsi, nous allons rapprocher le subjectif de l'objectif. Et donc être plus complémentaires.

Vous-même avez réalisé une découverte majeure en cancérologie avec un médecin chinois, il y a plus de 20 ans. La complémentarité jouait déjà à plein ...

Nous nous sommes intéressés à la leucémie promyélocytaire, la forme la plus grave de cancer du sang, responsable de morts rapides. À l'hôpital Saint-Louis de Paris, nous avons découvert que l'acide rétinoïque transformait ces cellules malignes en cellules normales, qu'il les « remettait dans le droit chemin ». Dix ans plus tard, des médecins chinois (dont certains étaient auparavant venus travailler avec nous, dans notre service parisien) ont montré que l'arsenic, un produit naturel utilisé dans leur médecine traditionnelle, aboutissait au même résultat. Aujourd'hui, grâce à l'action conjointe de ces deux médicaments, il est possible de guérir totalement les malades en leur évitant une chimiothérapie lourde. Un tel exemple ne devrait pas rester isolé.

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Commentaires (6)

  • Kevvin

    Si vous supprimez les médicaments, ou en restreignez l'usage, vous précipitez la chute de milliers de labos. Il faut vendre des pilules : c'est l'obligation de base, ne serait-ce que pour financer les recherches.

    Le facteur économique joue désormais un rôle central dans la médecine, devenue une industrie, avec ses enjeux économiques, ses bonus, ses cours de bourse, ses actionnaires. Si une plante découverte par hasard venait à soigner le cancer, des dizaines de milliards partiraient en fumée du jour au lendemain, ne serait-ce qu'en capitalisation boursière. Paradoxe effrayant, non ?

  • pan

    J'ai eu des bienfaits avec des massages thaï pour les jambes (spectaculaire), acupuncture rien du tout dans diverses pathologies, des résultats surprenants a base de plantes et de je ne sais quoi a Madagascar.
    Par contre le changement de région et de climat sous les tropiques ou en Europe avec de réels bienfaits sur la peau, l'artérite. , bien que j’habite le sud de la France au bord de l'eau ; l'effet spychologique y joue je pense pour beaucoup

  • baltazaroued

    La définition du Pr Degos est un peu courte. Depuis longtemps la médecine dite occidentale refuse la réalité de la médecine dite chinoise et d'en admettre les bienfaits. Pourtant les chinois ne se portent pas plus mal que nous. Notre acupuncture est une bien pâle copie de ce qui se fait en Chine. Un peu d'humilité serait la bienvenue chez nos praticiens.