Vidéo en ligne : Netflix cible la Chine malgré la censure

L’américain Netflix est en pourparlers avec des groupes de médias en Chine, dans l’espoir d’y débarquer prochainement. Les négociations sont loin d’être closes. Compte tenu de la censure à Pékin, il n’y a même aucune garantie qu’elles aboutissent dans un futur proche. Mais l’annonce a suffi à faire grimper l’action Netflix de plus de 5 % vendredi. Il s’agit de l’offensive la plus ambitieuse que le groupe ait jamais lancée depuis sa création.

En s’attaquant à la Chine, il espère conquérir un marché de 1,4 milliard d’habitants, qui goûtent de plus en plus aux plaisirs de la télévision en ligne : l’argent qu’ils y consacrent devrait tripler d’ici à 2018, d’après le cabinet iResearch.

Une marque « quasi-mondiale »

Si Netflix parvient à mettre un pied en Chine, il ne sera plus très loin de l’objectif qu’il s’était assigné pour la fin de l’année prochaine : celui de devenir une marque « quasi mondiale ». Le groupe se donne deux ans pour être présent dans 200 pays dans le monde, contre 50 actuellement. Il espère atteindre ainsi les 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires au plus vite, soit deux fois plus que l’an dernier.

Le site, qui compte 60 millions de clients, a déjà saturé le marché américain. Il a poussé son offensive en Amérique latine, puis en Europe l’an dernier (Allemagne, France, Belgique, etc.), avec des résultats qui restent toutefois inférieurs aux ambitions initiales. Les Chinois ne sont eux-mêmes pas totalement fermés à Netflix. Diffusées sur le site Internet Sohu, les deux premières saisons de la série « House of Cards » y ont rencontré un succès immense. Mais les autorités chinoises imposent de nouvelles restrictions, qui interdisent aux Chinois de découvrir la troisième saison : les séries ne peuvent plus être diffusées tant que les autorités n’en ont pas vu l’intégralité. Un contrôle qui en dit long sur les difficultés auxquelles s’expose Netflix dans les prochains mois.

Partenariats locaux

Du fait de la censure, le site américain sera obligé de nouer des partenariats avec des acteurs locaux. Netflix cherche une entreprise qui possède déjà le droit de diffuser des vidéos en Chine sur tous les supports (téléphones, ordinateurs, etc.). Le pays en compte sept pour l’instant, dont le géant Wasu. C’est avec lui que Netflix espère nouer une alliance. « La Chine présente de nombreuses contraintes opérationnelles, qui n’existent nulle part ailleurs. Jamais nous n’avons eu à trouver un partenaire local, comme nous devons le faire en Chine. C’est une expertise qu’il nous faut développer », a expliqué vendredi le responsable des contenus du groupe, Ted Sarandos, en marge du Festival de Cannes.

D’autres groupes que Wasu ont manifesté leur intérêt pour travailler avec Netflix. « Compte tenu de son influence mondiale, nous serions très heureux de coopérer avec le site américain », a fait savoir Xu Feng, vice-président d’un groupe télévisuel basé à Shanghai (BesTV New Media). Les partenaires potentiels ne manquent donc pas. Mais ils pèsent bien peu face aux fonctionnaires chinois, qui continuent de traiter le cinéma étranger avec la plus grande suspicion