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Education, hôpitaux : poussée de fièvre sociale

•Appels à la grève mardi dans les collèges, puis jeudi aux hôpitaux de Paris.•Le gouvernement cherche à éviter tout risque de contagion.

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Par Leïla de Comarmond

Publié le 18 mai 2015 à 01:01

Les trois dernières semaines ont été atones pour cause de jours fériés. Celle qui s'ouvre leur ressemblera d'autant moins qu'elle sera émaillée de mouvements sociaux dans le secteur public. Dès mardi, les enseignants du secondaire sont appelés à faire grève contre la réforme du collège à l'appel de la FSU, FO, Sud, la CGT et le SNALC. Ces organisations représentent 80 % des enseignants concernés. La participation au mouvement sera à surveiller de près : elle donnera le ton du climat dans l'Education, même si personne ne s'attend à un raz de marée. S'y ajoutera une autre mobilisation, symbolique, dans les collectivités locales à l'appel de la CGT, de FO et de Solidaires contre la réforme territoriale. La grève s'annonce en revanche massive jeudi à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Tous ses syndicats appellent les quelque 75.000 agents à s'opposer à la remise à plat des 35 heures.

Du côté du secteur privé, la multiplication des conflits salariaux évoquée par le leader cégétiste, Philippe Martinez, relève plus du voeu pieux que de la réalité. Quant à l'emploi, il mobilise dans des entreprises en crise, mais sans que cela fasse masse. « Je ne vois pas de poussée des conflits sociaux », confie Raymond Soubie, président des sociétés de conseil Alixio et de Taddeo, et ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. Pour qualifier le climat actuel, cet expert social évoque une « bulle désenchantée » qui contraste avec la très forte conflictualité actuellement à l'oeuvre en Allemagne. La CGT et FO saisissent toutes les occasions pour tenter de donner une suite à leur mobilisation commune contre « L'austérité » du 9 avril, mais la greffe ne prend pas.

« Un FN en embuscade »

« 1995, 2003, 2010 : au coeur des grands mouvements sociaux de ces vingt dernières années était toujours posée la question du gouvernement d'après. Aujourd'hui, c'est un frein car quel peut être le gouvernement d'après ? », note le politologue Jean-Marie Pernot. « Les forces politiques qui profiteraient d'une explosion sociale ne sont pas forcément les mêmes qu'avant, avec un FN en embuscade », précise-t-il, évoquant « des scénarios à la "bonnets rouges" ».

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La météo sociale reste imprévisible. Mais du côté des enseignants, une contagion apparaît peu probable. Les syndicats contre la réforme du collège ne sont pas tous d'accord sur le mot d'ordre, entre retrait et reprise des discussions. En outre, et peut-être surtout, les attaques de la droite contre la ministre de l'Education peut avoir un effet repoussoir pour une population enseignante ancrée à gauche, comme l'appel du syndicat estudiantin de droite Uni à rejoindre les défilés. Du côté des collectivités locales, les tensions à Lyon montrent que le climat est fragile, mais la réforme territoriale n'est pas encore rentrée dans sa phase concrète pour les agents, encore largement dans l'attentisme.

Restent deux populations particulièrement sensibles pour le gouvernement. Les agents des hôpitaux - très populaires chez les Français - sont soumis à rude épreuve, et cela ne va pas s'arranger avec les nouvelles économies demandées. Le conflit à l'AP-HP aura valeur de test. Même si « en général, dans les hôpitaux, les gros conflits ont plutôt lieu à la rentrée qu'avant l'été », note un expert social du secteur. Les étudiants sont eux aussi une population sensible, surtout pour un gouvernement qui se targue de faire de la jeunesse une priorité. Cela explique que, si Bercy lorgne encore et toujours le gros budget des aides au logement qui leur sont attribuées, il n'est pas question pour l'exécutif d'y toucher.

Leïla de Comarmond

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