Menu
Brèves

Le glucose au secours de la cécité

11 Mai 2015 | Par INSERM (Salle de presse) | Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie

La perte des cônes, ces photorécepteurs situés dans la rétine, constitue la cause majeure de handicap pour les personnes souffrant de dégénérescences rétiniennes héréditaires. Empêcher leur perte permettrait à plus d’un million de personnes dans le monde de ne pas devenir aveugle.

Le diagnostic de rétinite pigmentaire, un des types de dégénérescences rétiniennes héréditaires, est généralement posé chez de jeunes adultes. Cette maladie résulte d’une dégénérescence progressive des photorécepteurs situés dans la rétine (bâtonnets et cônes). Au début, elle touche principalement les fonctions des bâtonnets : 1 000 fois plus sensibles à la lumière que les cônes, ce sont eux qui contribuent à la vision de nuit. Les symptômes les plus fréquents au début de la maladie sont donc une cécité de nuit. Puis, par une réaction en chaine , les cônes finissent par dégénérer à leur tour et les patients souffrent de troubles visuels sévères à partir de 40 à 50 ans.

La prévention de la dégénérescence secondaire des cônes constitue une approche thérapeutique très prometteuse. Après avoir testé le potentiel effet protecteur de 200 000 gènes sur l’œil, Thierry Léveillard et son équipe ont démontré il y a quelques années que le facteur de viabilité des cônes dérivés des bâtonnets (Rod-derived cone viability factor, (RdCVF)) induit directement la survie des cônes et augmente leur nombre. Les résultats de ces premiers travaux ont mis en évidence une récupération de la vision chez les patients.

Dans ce nouveau travail paru dans la revue Cell, Thierry Léveillard et son équipe ont élucidé le mécanisme d’action de RdCVF sur les cônes : il favorise leur survie en stimulant la glycolyse aérobie. La glycolyse aérobie fournit aux cônes le substrat nécessaire au renouvellement quotidien d’une partie du segment externe des cônes, la structure cellulaire qui porte les molécules sensibles à la lumière.

Ce mécanisme fait intervenir plusieurs intermédiaires dont la protéine membranaire Basigin-1 exprimée spécifiquement par les photorécepteurs. Sous l’action de RdCVF, elle se lie à un transporteur de glucose qui favorise l’entrée du glucose dans les cônes qui métabolisent eux-mêmes le glucose via la glycolyse aérobie.

Ce type très particulier de métabolisme du glucose, jamais décrit pour les cellules neuronales, est typique des cellules cancéreuses qui prolifèrent et utilisent aussi des quantités importantes de ces métabolites.

« Quand on sait par ailleurs que les photorécepteurs sont des neurones rétiniens, notre travail révèle un mécanisme entièrement nouveau de neuroprotection qui pourrait concerner d’autres neurones » prédit Thierry Léveillard directeur de recherche à l’Inserm auteur de ces travaux.

« Ces résultats apportent également une pierre de plus à nos travaux sur RdCVF. Nous avons identifié ce facteur en 2004 avec José Sahel. Puis, son action thérapeutique a été validée dans des modèles animaux en 2009 et plus récemment en 2015. Des tests devant mener à un essai clinique sont en cours. Comprendre comment RdCVF agit était indispensable pour continuer à écrire cette histoire entre recherche fondamentale et applications thérapeutiques.« 

Ces contenus pourraient aussi vous intéresser :

Contacts
Contact Chercheur

Thierry Léveillard
Unité Inserm 968 – Institut de la vision
01 53 46 25 48
rf.mresni@drallievel.yrreiht

Contact Presse

rf.mresni@esserp

Sources

Rod-Derived Cone Viability Factor Promotes Cone Survival by Stimulating Aerobic Glycolysis

Najate Aı¨t-Ali,1,2,3,13 Ram Fridlich,1,2,3,13 Gé raldine Millet-Puel,1,2,3,13 Emmanuelle Clérin,1,2,3,13 François Delalande,4,5 Céline Jaillard,1,2,3 Frédéric Blond,1,2,3 Ludivine Perrocheau,1,2,3 Sacha Reichman,1,2,3 Leah C. Byrne,6 Anne Olivier-Bandini,7 Jacques Bellalou,8 Emmanuel Moyse,9 Frédéric Bouillaud,10,11,12 Xavier Nicol,1,2,3 Deniz Dalkara,1,2,3 Alain van Dorsselaer,4,5 Jose´ -Alain Sahel,1,2,3 and Thierry Léveillard1,2,3,* 1 Inserm, U968, 75012 Paris, France
2 Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, UMR_S 968, Institut de la Vision, 75012 Paris, France
3 CNRS, UMR_7210, 75012 Paris, France
4 BioOrganic Mass Spectrometry Laboratory (LSMBO), IPHC, Université de Strasbourg, 25 rue Becquerel, 67087 Strasbourg, France
5 IPHC, CNRS, UMR7178, 67087 Strasbourg, France
6 Helen Wills Neuroscience Institute, University of California Berkeley, Berkeley, CA 94720, USA
7 Sanofi R&D, 1 Avenue Pierre Brossolette, 91385 Chilly-Mazarin, France
8 Institut Pasteur, Platform 5 Production of Recombinant Proteins and Antibodies, 75724 Paris Cedex 15, France
9 Unité de Physiologie de la Reproduction et des Comportements (PRC), UMR-85 INRA, Centre INRA de Tours, Université François Rabelais de Tours, 37380 Nouzilly, France
10 Inserm, U1016, Institut Cochin, 75014 Paris, France
11 Cnrs, UMR8104, 75014 Paris, France
12 Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, 75014 Paris, France
13 Co-first author

Cell

fermer