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SOMALIE

Les Somaliens quittent le chaos yéménite pour leur … pays en guerre

Toutes les semaines, un bateau quitte les côtes du Yémen pour un trajet de trente heures vers le Somaliland. Mais désormais, en plus du bétail, il embarque des habitants fuyant par centaines la guerre au Yémen. Ces mêmes personnes qui avaient fait le chemin inverse pour fuir la guerre en Somalie il y a plus de 20 ans.

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Un centre d'acceuil à Berbera. Photo par notre Observateur.

Toutes les semaines, un bateau quitte les côtes du Yémen pour un trajet de trente heures vers le Somaliland. Mais désormais, en plus du bétail, il embarque des habitants fuyant par centaines la guerre au Yémen. Ces mêmes personnes qui avaient fait le chemin inverse pour fuir la guerre en Somalie il y a plus de 20 ans.

Après la chute du gouvernement du président Siyaad Barre en 1991, la Somalie a plongé dans une guerre civile qui a successivement opposé différents clans. Depuis 10 ans, s’affrontent principalement les forces du gouvernement fédéral et divers groupes islamistes plus ou moins radicaux, parmi lesquels les shebab qui multiplient les attaques terroristes dans la capitale. Ces derniers sont considérés comme la principale menace pour la paix dans le pays et en Afrique de l’est.

Mohamed Jibril est journaliste indépendant au Somaliland, État autoproclamé en 1991, mais qui reste considéré par la communauté internationale comme une région autonome de Somalie. Il y a rencontré ces familles débarquant dans le port de Berbera après avoir fui les combats au Yémen.

"Les Somaliens ont peur d’être pris pour cible par des Yéménites"

Le bateau part de Mocha, un port yéménite situé sur la mer Rouge puis longe le golfe d’Aden vers Berbera. Chaque semaine, il transporte plus de monde. C’est un voyage dont les gens ressortent totalement épuisés, physiquement et émotionnellement. Un Somalien m’a expliqué que le voyage coûte 100 dollars par personne. Lui n’avait pas les moyens d’emmener ses cinq enfants. Il les a laissés à des amis à Mocha et prévoyait de prendre rapidement la route de Mogadiscio pour y trouver du travail et financer leur voyage au plus vite.

Pour l’essentiel, ce sont des Somaliens partis à cause de la guerre en 1988 et 1991 [1988 est l’année du bombardement d’Hargeisa, principale ville de la région sécessionniste du Somaliland, par les forces armées du président Siad Barre et 1991, l’année de sa chute qui marque le début de la guerre civile somalienne].

Tous ces réfugiés ont d’abord vécu dans des camps, puis ils ont commencé à monter leurs affaires, essentiellement du commerce de bétail, et se sont finalement enracinés là-bas. D’autres ont moins bien réussi, notamment les Bantous somaliens [ethnie déportée en Somalie comme esclave au XIXe siècle et encore marginalisée aujourd’hui]. Ils sont restés au Yémen, faute de mieux, bien qu’ils n’aient trouvé aucune opportunité sur place et vivent encore aujourd’hui dans d'anciens camps de réfugiés.

Une femme qui a fait le voyage vers le Somaliland m’a expliqué que la situation était désormais très tendue pour les Somaliens au Yémen, et pas seulement à cause des bombardements ou de l’absence de nourriture. Mogadiscio soutient ouvertement la coalition saoudienne qui bombarde le pays. La conséquence, c’est que de nombreux yéménites sont très suspicieux vis-à-vis des Somaliens qui vivent dans leur pays. Cette femme m’a dit être partie parce qu’elle craignait d’être attaquée.  

 

"Il y aussi de Syriens pour qui la Somalie était la seule issue"

Il y a aussi des Yéménites qui font le voyage. [Selon les responsables locaux, au moins 1700 Yéménites ont demandé l’asile au Somaliland. Ils sont aussi très nombreux à s’être réfugiés à Djibouti]. Certains d’entre eux voudraient aller jusqu’en Éthiopie mais la plupart restent ici car ils espèrent rentrer vite chez eux.

Il y a aussi quelques Éthiopiens venus chercher du travail au Yémen ou encore des Syriens qui ont eux-mêmes fui leur pays en guerre mais se sont retrouvés pris au piège des combats au Yémen. Pour eux, la Somalie était la seule issue.  

Au centre, ils sont accueillis par l’UNHCR qui leur donne médicaments, nourriture et eau. Mais ils ne peuvent pas rester plus de trois jours. Les locaux sont bondés et des réfugiés dorment déjà dehors à même le sol. Quand je leur ai rendu visite, il n’y avait que cinq toilettes pour plus de 400 personnes.

En fonction de leur nationalité et de leur projet, certains sont aidés pour voyager. S’ils sont Somaliens, on leur paye le trajet jusque chez eux. Il arrive aussi que les Yéménites et les Syriens qui veulent aller dans un pays tiers reçoivent une assistance. Quant à ceux qui veulent rester au Somaliland, ils peuvent faire une demande d’asile à Hargeisa. Mais il n’y a pas encore de camp de réfugiés, ils sont donc aidés par une organisation yéménite qui a besoin d’aides et notamment de fonds.

Billet écrit avec la collaboration de Gaëlle Faure, journaliste à France 24.

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