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Comment la relocalisation devient une opportunité pour les entreprises

Après le Made in France, la relocalisation et le sourcing hexagonal retrouvent des couleurs. Relocaliser, une opportunité pour les entreprises ?

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(shutterstock.com)
Publié le 21 mai 2015 à 08:00

De Solex à Rossignol, des entreprises françaises, certes encore peu nombreuses, font le choix de relocaliser tout ou partie de leur activité en France. Un mouvement qualifié de « prometteur » par la Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services. Pour preuve, la Direction générale des entreprises (DGE) a publié deux guides sur le "Fabriqué en France". Ils apportent aux consommateurs et aux producteurs un éclairage sur les différents types de mentions, marquages et labels garantissant l’origine des produits. Ces deux guides, désormais accessibles en ligne, détaillent les caractéristiques des principaux labels.

Le sourcing local

Si l’heure n’est pas au retour en masse des entreprises qui ont délocalisé, « la réindustrialisation de la France passe plutôt, aujourd’hui, par une politique d’achat en France et en Europe, par la volonté de trouver des fournisseurs locaux », souligne Damien Forterre, enseignant-chercheur en stratégie d’entreprise et responsable du Bachelor de Novancia. Les secteurs concernés ? « Le textile pourrait l’être car c’est non seulement un secteur fortement délocalisé, mais qui aujourd’hui voit émerger un véritable intérêt des consommateurs pour l’équitable, le local, etc. », estime Damien Forterre. De même, ces préoccupations se retrouvent dans le secteur de l’agroalimentaire, voir même dans la grande distribution, de plus en plus engagée dans le sourcing local.

Des atouts stratégiques

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Car relocaliser représente avant tout un atout en terme d’image, de notoriété. Mais la dimension purement économique n’est heureusement pas non plus à négliger : « D’un point de vue logistique, relocaliser est un plus, souligne Damien Forterre. Réduire ses coûts logistiques, les contraintes liées aux délais de livraison, est un vrai avantage. De même, travailler localement est plus simple d’un point de vue culturel, législatif. Quand on sait que produire en Chine implique de nouer des partenariats avec les autorités, de partager les investissements, etc… relocaliser est sous ces aspects plus simple. Enfin, produire dans des pays émergents peut avoir des conséquence non négligeables en terme de coûts liés au taux de change. Au Brésil, le Real a varié de 33 % entre 2012 et 2014 ! »

Des freins encore nombreux

Au regard de ces avantages, produire en France aurait donc de sérieux atouts pour les entreprises qui se rapprochent ainsi de leurs fournisseurs, de leurs partenaires, de leurs clients. Oui, mais… Les freins sont encore nombreux. Le premier d’entre eux reste bien évidemment le coût du travail. « De même, il ne faut pas oublier que de nombreuses entreprises ont choisi de se délocaliser afin de trouver des relais de croissance à l’étranger, lance Damien Forterre. Produire en Inde, par exemple, permet  de pénétrer ce marché colossal et d’acquérir une première notoriété. » Le retour en France, dans ces conditions, est donc loin des objectifs stratégiques de certaines entreprises.

Le ressourcing

Face à ces freins encore très forts, la véritable tendance serait plutôt le ressourcing, c’est-à-dire la recherche de fournisseurs proches de sa zone d’activité originelle (ultra-local, France ou même Europe selon l’activité). « Ce ressourcing présente l’avantage de rapprocher les donneurs d’ordre et les sous-traitants dans des relations pérennes et de confiance, met en avant Damien Forterre. On l’a vu dans le secteur de l’aéronautique ou dans l’automobile, où de nombreux constructeurs ont montré une volonté de se repositionner avec un panel de fournisseurs de proximité. Chez PSA, 50 % des fournisseurs sont français, et 90 % sont basés en Europe. Le ressourcing présente  les mêmes avantages que la relocalisation, mais permet aussi de répondre à des besoins plus ponctuels. Très positifs pour la gestion du stockage, par exemple. Enfin, cette stratégie de ressourcing permet une mise en conformité plus rapide et plus simple. » Un point important à l’heure où le respect de normes est capital pour vendre !

Un casse-tête pour certains entrepreneurs

Le problème ? Suite à la vague de délocalisation, et de désindustrialisation, une des conséquences a souvent été une perte de savoir-faire ou même tout simplement de capacité de production. Ainsi, la jeune créatrice de Lapiglove, un gant démaquillant innovant, s’est trouvée confrontée à un véritable casse-tête à l’heure de trouver des partenaires. La microfibre utilisée pour les produits de la jeune entreprise lui est fournie par son atelier de confection (situé dans les Vosges). Mais elle est tissée en Italie. « Il faut savoir que - malheureusement - plus aucun tissage n'est fait en France, même les éponges utilisées pour la confection du linge de toilette sont faites à l'étranger, déplore Karen Giguel. Nos produits restent néanmoins 100% français car ils répondent aux critères légaux » :  la microfibre ne représente qu'un faible pourcentage du prix de revient des produits (moins de 20%) et la totalité des opérations de transformation (confection) et d'emballage est faite en France, à moins de 50 kilomètres du siège. Les autres matières premières proviennent toutes de France (étiquettes, biais, fils).

Stratégie partenariale

Côté TPE et PME restées sur le territoire, cette tendance au ressourcing pourrait bien représenter des réelles opportunités. Toutefois, mieux vaut être vigilant pour décrocher ce nouveaux marchés : « De plus en plus d’appels d’offre passent par des plates-formes d’achat dématérialisées. Or, de nombreuses petites entreprises ne sont pas présentes dans ces nouveaux systèmes d’information », prévient Damien Forterre. Autre précaution pour convaincre les donneurs d’ordre : capitaliser sur la qualité, la pérennité de la relation permise par cette production française. «Mis à mal dans les années 90, le savoir-faire français doit être remis en avant, via notamment des partenariats de productivité afin d’être compétitif, lance Damien Forterre. En clair, passer d’une politique de chasse au coût menée depuis 25 ans à un véritable stratégie partenariale ». Un vrai changement de paradigme !

A noter : depuis juillet 2013, le ministère du Redressement productif a mis en place un outil, Colbert 2.0, qui permet aux entreprises « d'examiner la pertinence de la relocalisation d'une partie de leur activité sur le territoire national ».

Un portail est dédié à cette thématique : http://www.entreprises.gouv.fr/relocaliser

Valérie Talmon

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