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Viticulture : après les vins de bordeaux et leurs châteaux, les Chinois misent sur le bourgogne

DECRYPTAGE Le propriétaire d'un casino de Macao vient de s'offrir le château de Gevrey-Chambertin et son domaine viticole. Les Bourguignons redoutent un scénario à la bordelaise.
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Château de Gevrey-Chambertin
Le château de Gevrey-Chambertin en Côte d'Or.
CpaKmoi

L’annonce de l’acquisition du Château de Gevrey-Chambertin, pour 8 millions d’euros, par un propriétaire de salles de jeu de Macao provoque l’ire des vignerons bourguignons. Ceux-ci craignent que cette opération soit suivie par d’autres ce qui entraînerait une flambée du prix des vignes. Le coût de l’hectare  viticole a déjà été multiplié par trois en dix ans.

A l’évidence, l’acquéreur a plus été séduit par le prestige des vieilles pierres - cette forteresse médiévale est inscrite à l'inventaire des Monuments historiques - que pour son vignoble de 2 hectares qui produit 12.000 bouteilles essentiellement en bourgognes génériques. "Le prix d’acquisition apparaît exorbitant au regard de ce que cette propriété peut rapporter", nous confirme un proche du dossier. Même si la qualité devrait être au rendez-vous ! Selon nos informations la conduite du domaine viticole -qui ne possède que quelques parcelles en 1er grand cru-  a, en effet, été confiée au domaine Armand Rousseau, dont la réputation n'est plus à faire dans la région.

Une vingtaine de châteaux bordelais sont déjà tombés dans l'escarcelle des Chinois

Cette acquisition qui fait grand bruit en Bourgogne n’est pas la première intrusion chinoise dans le vignoble français. Loin s’en faut. En un peu plus de trois ans, de grandes fortunes et des conglomérats chinois ont en effet mis la main sur une vingtaine de châteaux bordelais. Même les people de l’empire du Milieu ont craqué pour le bordeaux.  L’actrice-mannequin Zhao Wei s’est ainsi offert, fin 2011, le Château Monlot, un saint-Emilion grand cru.

Mais attention. Pas question pour les riches chinois d’acheter des grands noms. Prudents et avisés, ils préfèrent acquérir des domaines disposant de jolis demeures. En bons commerçants, ils savent aussi qu'une étiquette sur laquelle figure la mention Bordeaux ou Bourgogne adossée à un nom de "château" suffit pour les vendre aux consommateurs chinois encore néophytes avec des marges très sympathiques.

Bien sûr, certains investisseurs comme le milliardaire chinois du pétrole et de l’immobilier Cheng Qu voit plus grand que d’autres. Déjà propriétaire de cinq propriétés bordelaises (150 hectares), dont Chenu Lafitte, il envisage d’autres acquisitions et veut créer un parc à thème autour du vin.

Pékin envisage des restrictions douanières pour protéger le vignoble chinois

Si cette dernière offensive chinoise en Bourgogne est particulièrement mal vécue par les vignerons français, c'est qu’elle intervient alors que la Chine envisage des mesures de rétorsions sur les importations de vins européens subventionnés qui portent préjudice, selon Pékin, à la production locale. L’affaire n’est pas mince. D’après la commission européenne, les exportations de vins en Chine représentent 1 milliard d’euros. Et les grands crus français subissent déjà une taxe de 48% à l’importation.

Reste à espérer que  les nouveaux propriétaires chinois de vins français sauront faire entendre raison aux autorités chinoises pour qu’elles ne poussent pas le bouchon trop loin.

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