Quand la BNP à Genève gérait l’argent de Patricia Cahuzac

De 2007 à 2010, la BNP Paribas à Genève a détenu un compte appartenant à Patricia Cahuzac. Elle ne pouvait pas ignorer que ce compte n’était pas déclaré.

De notre correspondant à génève

Suisse, Genève, BNP Paribas.
Suisse, Genève, BNP Paribas. © Fred de Noyelle/Godong

Temps de lecture : 3 min

En 2007, les relations se dégradent entre Jérôme Cahuzac, député socialiste de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, et son épouse Patricia Cahuzac. Celle-ci décide d’ouvrir un compte à la BNP à Genève, "à l’insu de son mari", assure-t-elle. Toutefois, Jérôme et Patricia restent mariés sous le régime de la communauté. L’information n’est pas innocente. Selon la législation helvétique, la BNP aurait dû mener une enquête approfondie, Patricia Cahuzac étant mariée à une personnalité exposée politiquement (PEP).

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Cela n’a apparemment pas été fait par la banque française. C’est d’autant plus surprenant que ce compte est alimenté par des chèques de patients anglais de Patricia Cahuzac, médecin dermatologue spécialisée dans le traitement de la calvitie. Elle assure que son mari n’était pas au courant de ce compte en Suisse, dont l’argent provient pourtant des recettes de leur clinique d’implants capillaires, appartenant à Jérôme et Patricia Cahuzac depuis 1991 !

De Genève à l’île de Man

La BNP Paribas (Suisse) est l’un des plus grands établissements étrangers de la Confédération, comptant 1 600 salariés entre Genève, Zurich, Bâle et Lugano. La banque se réveille en 2010 et demande à Patricia Cahuzac de choisir un lieu plus discret pour planquer ses avoirs. En l’occurrence la petite banque privée Gonet, spécialisée dans la gestion de fortune. Le compte oscille autour du million d’euros, un montant supérieur aux 600 000 euros détenus par Jérôme Cahuzac à la banque Reyl.

La lutte contre l’évasion fiscale se renforçant en Suisse, la dermatologue préfère transférer son argent dans une banque de l’île de Man, moins regardante, en 2012. Puis elle ferme définitivement son compte chez Gonet en juillet 2013, soit quelques mois avant les investigations complémentaires des enquêteurs français, par voie de commission rogatoire internationale dans le cadre de l’affaire Cahuzac. La justice française est nécessairement au courant de ces comptes cachés chez BNP Paribas (Suisse) et Gonet. "Pourquoi les responsables de ces deux banques n’ont-ils pas été inquiétés ?" s’étonne un proche du dossier.

La Banque Rothschild guère inquiétée

Sans chercher à nier le rôle joué par les banques helvétiques dans l’aide apportée à certains contribuables français pour frauder le fisc, la place financière suisse s’étonne que les magistrats de l’Hexagone ne se montrent pas davantage curieux vis-à-vis des établissements français établis sur les bords des lacs de Genève, de Zurich et de Lugano.

En avril dernier, Aziz Zemouri révélait dans Le Point l’existence d’un autre compte en Suisse, indirectement lié à Jérôme Cahuzac, ouvert à la banque Edmond de Rothschild à Genève. Cette fois, les avoirs ne se calculaient pas en centaines de milliers d’euros ou même en millions, mais en dizaines de millions d’euros. Plus exactement entre dix et vingt millions ! Et qui trouve-t-on derrière ce compte ? Philippe Péninque, l’un des meilleurs amis de Jérôme Cahuzac. C’est ce même Péninque qui avait servi de faux nez à Jérôme Cahuzac pour ouvrir un compte à l’UBS en 1992.

"Les magistrats parisiens ne souhaitent pas davantage ennuyer Benjamin de Rothschild, président du groupe Edmond de Rothschild, de nationalité française. La commission rogatoire ne lui a demandé que des peccadilles sur ce compte", constate-t-on au palais de justice de Genève. Le Point.fr a joint, à la fois par téléphone et par mail, la BNP Paribas (Suisse). L’établissement ne nous a pas renvoyé notre appel.

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Commentaires (20)

  • On se bat toujours pour ce qui

    "Tous pourris", malheureusement pour ceux qui sont honnêtes ils passent dans le même sac mais nous ne les entendons pas ? Auraient-ils, eux aussi, des reproches à se faire ?

    Malheureusement pour nos compatriotes, le débat démocratique est au 7ème sous-sol au lieu d'être au 7ème ciel sous le diktat des apparatchiks hollandais !

  • Solidomal

    Tout est dans le livre de Falciani, l'informaticien qui a dévoil? l'affaire HSBC"Séisme sur la planète finance". Avec la fraude organisée par les banques, il y a des milliards d'euros, dans le monde, qui échappent à l'impôt. Même un particulier qui dépose un million d'euros n'a pas grand intérêt pour les grandes banques... C'est dire si les sommes en question sont énormes !

  • alleluïa

    L'ex qui escroque. Tel mari, telle épouse sans doute !
    Et R. Dati également. Et celle pour ses notes de taxi et autres... Qui est immédiatement recasée dans un emploi qui... Semble introuvable.
    Et allez donc : la valse des escrocs.
    Et les français impuissants qui font rire tous ces gens, sans le moindre doute.