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Dans la très catholique Irlande, le mariage pour tous fait (presque) l’unanimité

Les Irlandais sont appelés aujourd’hui à se prononcer sur le mariage homosexuel. Tous les partis politiques font campagne pour le oui. L’Eglise, elle, se fait discrète.

Par  (Dublin, envoyé spécial)

Publié le 21 mai 2015 à 15h30, modifié le 22 mai 2015 à 11h01

Temps de Lecture 2 min.

Etonnante Irlande. Ce pays où la radio publique diffuse deux fois par jour l’Angélus et où l’Eglise catholique gère la plupart des écoles débat sereinement du mariage homosexuel. Loin de l’hystérie qui avait saisi la France en 2013, les électeurs irlandais s’expriment, vendredi 22 mai, par référendum, sur une réforme de la Constitution qui élargit la définition du mariage et donne aux couples de même sexe la même protection juridique que celle des époux hétérosexuels.

Si les sondages disent vrai, le mariage gay devrait s’imposer et les rues de Dublin sont couvertes d’affiches largement favorables au « yes », à l’égalité. De son côté, l’Eglise ne fait pas campagne, laissant s’exprimer des associations qui défendent le droit des enfants à avoir un père et une mère et qui s’insurgent contre la désacralisation du mariage, destiné à la procréation.

Le résultat du vote, attendu samedi, dépendra du taux de participation des jeunes. Les moins de 35 ans sont très largement favorables au mariage pour tous, tandis que les plus de 65 ans, qui votent davantage, y sont très hostiles. Mais la tranquillité de la campagne en dit long sur le chemin parcouru par un pays où, jusqu’en 1993, l’homosexualité était un crime et où, jusqu’en 1973, la loi interdisait que des femmes mariées soient fonctionnaires.

Tous les partis politiques irlandais font campagne pour le oui au mariage homosexuel.

Une Eglise qui a perdu son autorité

L’Eglise, dont la toute-puissance était notamment liée à son rôle dans la conquête de l’indépendance du pays, a longtemps été redoutée. Ses enseignements étaient considérés comme des injonctions irréfragables dont dépendait le Salut.

Mais la révélation sur les enfants cachés par des prêtres dans les années 1990 et, plus récemment, des abus sexuels commis à grande échelle sur des mineurs et couverts par la hiérarchie, lui a fait perdre son autorité. Aujourd’hui, 84 % des Irlandais se disent catholiques, mais la plupart ne fréquentent plus les églises que pour les baptêmes, les mariages et les enterrements.

Fait exceptionnel, tous les partis politiques irlandais, de gauche comme de droite, font campagne en faveur du mariage gay. Les rues de Dublin ou de Galway n’ont connu aucune « Manif pour tous ». Les grandes entreprises du Web implantées sur l’île comme Google et Twitter font activement campagne pour le « yes » et certains expliquent l’unanimisme des politiques par ces pressions économiques.

Mais l’Irlande profonde pourrait se révéler moins enthousiaste que le spectacle très gay friendly de la rue dublinoise ne le suggère. Si le résultat était plus serré que prévu, la partie de la population ayant voté « no » pourrait se sentir en manque de représentation. L’Irlande n’est plus le pays pauvre et isolé d’autrefois, mais il garde ses spécificités. Le droit à l’avortement n’y est pas reconnu. Depuis 2013, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée qu’en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Les lesbiennes et les gays vont sans doute pouvoir se marier, mais les Irlandaises seront toujours contraintes de se rendre en Angleterre pour avorter.

bernard@lemonde.fr

@canalbernard

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