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« Aéroports de Paris est au service du développement du transport aérien »

Le nouveau CRE en cours de négociation est orienté vers l’amélioration des plates-formes aéroportuaires parisiennes. Parallèlement, le groupe ne néglige pas son développement à l’international ou en France.

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Augustin de Romanet, Président-directeur général d’Aéroports de Paris (Patrick Lazic)
Publié le 15 mai 2015 à 17:35
Augustin de Romanet, Président-directeur général

Après avoir réalisé un excellent premier trimestre, avec un trafic en hausse de 2%, pouvez-vous nous dire comment s’annonce la saison estivale ?

Comme vous l’avez constaté, après un bon premier trimestre, le trafic passagers a baissé de 1,6 % en avril, mais le mois de mai s’annonce bien plus dynamique. En fait, il est préférable de raisonner en termes de semestres. De plus, la seconde partie de l’année bénéficiera d’une base de comparaison favorable, puisque l’an dernier nous avions perdu près d’un million de passagers à la suite de la grève d’une partie des pilotes d’Air France. Je suis confiant sur notre objectif d’une progression annuelle du trafic de 2,6 %.

Le chiffre d’affaires par passager dans les boutiques en zone internationale a enregistré un bond important en ce début d’année, pensez-vous réviser à la hausse votre estimation annuelle de 19€ ?

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Les premier et le quatrième trimestre sont traditionnellement les plus forts, grâce notamment aux fêtes de fin d’année. Par ailleurs, nous avons bénéficié en ce début d’année de taux de change favorables qui ont favorisé la clientèle asiatique, notamment chinoise, et les ventes de montres avec l’appréciation du franc suisse face à l’euro. Nous bénéficions aussi de l’ouverture, au dernier trimestre 2014, de quatre magasins haut de gamme dans la zone centrale du hall K du terminal 2E. Il faut rester prudent quant à l’avenir, et à ce stade, je confirme notre objectif de 19 € à fin 2015. Dans d’autres domaines, les parkings par exemple, nos recettes sont un peu décevantes.

Vous avez obtenu de beaux succès dans le domaine de la satisfaction des clients. Qu’allez-vous faire dorénavant dans ces domaines ?

En effet, dans le dernier classement Skytrax, Paris-Charles-de-Gaulle figure dans le Top 5 des meilleurs aéroports au monde pour le shopping et dans le Top 10 pour la qualité et la diversité des services et de l’offre commerciale. Par ailleurs, le hall M du terminal 2E a été élu sixième meilleur terminal au monde. L’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle a reçu le prix Skytrax de la meilleure progression sur l’année écoulée en passant de 95e à la 48e place.

Plus que jamais, je souhaite poursuivre sur cette voie. Nous travaillons à améliorer la signalétique avec, par exemple, la promotion du chinois. Je souhaite personnaliser le plus possible l’accueil pour que nos personnels aillent au-devant des passagers. Par ailleurs, nous mettons la dernière main au lancement d’un centre d’accueil et d’hôtellerie en zone réservée où les passagers en correspondance longue pourront se relaxer, se restaurer et dormir, sans avoir à repasser les contrôles de sécurité. Enfin, nous avons engagé un important chantier sur notre marque en réfléchissant à un message suffisamment clair et puissant pour que les clients connaissent bien le type de prestations auxquelles ils peuvent prétendre en venant dans nos aéroports.

Où en sont les négociations autour du nouveau CRE 2016-2020 ?

Le contrat de régulation économique est l’occasion de partager une vision industrielle du développement du transport aérien. Nous avons conçu l’ensemble de nos propositions de façon qu’elles soient au service de la compétitivité et du développement du transport aérien, des territoires et de l’emploi. Nous affichons une grande visibilité sur le programme d’investissement des activités régulées et désirons appliquer la loi qui prévoit que la rentabilité des capitaux investis soit égale au coût moyen pondéré du capital, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Nous sommes actuellement dans une phase d’échanges avec nos clients, les collectivités territoriales et nos salariés. Nous avons bon espoir d’aboutir à une signature d’ici le début du mois de juillet. Retenez que nous sommes effectivement liés à l’intérêt de notre écosystème. Nous voulons améliorer notre compétitivité au service de tous nos clients, compagnies aériennes et passagers, avec de fortes répercussions sur l’emploi induit par la hausse du trafic.

Où en sont les travaux que vous avez prévu de réaliser à Orly ?

A l’automne prochain, nous livrerons Askia, premier immeuble de bureaux (19.500 mètres carrés) du futur quartier d’affaires de Cœur d’Orly. Dès l’été 2016, nous mettrons en service une nouvelle jetée, équipée de 8 postes d’avions gros-porteurs, à Orly-Sud ; cette nouvelle salle d’embarquement va considérablement accroître la qualité de l’accueil pour les vols internationaux. Par ailleurs, les travaux du bâtiment de jonction entre Orly-Ouest de Orly-Sud ont commencé et s’achèveront fin 2018, début 2019. Enfin, du côté des transports en commun, nous installerons une nouvelle gare du métro du Grand Paris pour l’arrivée des lignes 14 et 18, respectivement prévue en 2024 et 2025. Orly va connaître des bouleversements considérables pour devenir, à l’horizon de 2025, “un petit La Défense” et une zone très attractive, avec une estimation de 32,5 millions de passagers tout en respectant la limitation de trafic imposée par la loi. Chez Aéroports de Paris, nous sommes très fiers de ces projets.

Pouvez-vous dévoiler les grandes lignes de la stratégie que vous allez adopter dans le domaine non régulé ?

Il est encore trop tôt pour vous en parler, mais nous y travaillons activement. Dès la mi-octobre, nous ferons connaître notre nouveau plan stratégique lors d’une journée investisseurs. Je peux vous dire que nous travaillons sur plusieurs chantiers autour des commerces, tels que l’augmentation de leur nombre, la diversification de l’offre vers des segments autres que le luxe, ou encore l’affinement du positionnement unique de Paris. A ce titre, nous venons par exemple d’ouvrir un restaurant à Charles-de-Gaulle, I Love Paris, sous la direction du grand chef Guy Martin. Nous avons aussi des projets dans le domaine de l’immobilier.

Vous venez d’obtenir de beaux succès à l’international, à Santiago du Chili et à Madagascar. Quand pensez-vous avoir une réponse sur l’appel d’offres de LaGuardia ?

Il n’est pas impossible que le choix des autorités américaines soit connu à la fin du mois, mais cela pourrait prendre un peu plus de temps ; la décision ayant été par le passé déjà reportée. Pour les autres projets internationaux, il convient d’être prudent. Il ne s’agit pas de tout faire et nous devons observer avec vigilance les prix des différents projets qui se présenteront à nous et répondre à des appels d’offres compatibles avec la taille de nos équipes. Aujourd’hui, nous nous concentrons en priorité sur le démarrage de la concession de l’aéroport de Santiago du Chili, dont le contrat débute le 1er octobre. Nous gérons aussi quelques dossiers délicats comme celui des aéroports tunisiens, exploité par notre partenaire TAV Airports, dont le trafic a été fortement impacté par les récents événements.

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Pourriez-vous vous intéresser à la privatisation de Nice et de Lyon ?

Il est plus facile de gérer des aéroports dans son pays qu’à l’étranger. Nous n’avons pas pris de décision formelle mais nous restons attentifs.

En ce qui concerne CDG Express, une infrastructure qui vous est chère, où en êtes-vous ?

Le projet CDG Express avance bien et nous travaillons sur le volume d’investissement, l’actualisation des études de trafic ou encore le niveau de péage optimal qui sera demandé par le futur gestionnaire de l’infrastructure. En parallèle, nous discutons avec la Commission européenne et la BEI afin de pouvoir être prêts sur le plan de financement. L’objectif est de permettre aux pouvoirs publics de décider de créer la société de projet cet été. Il ne faut pas perdre de temps car la mise en service du CDG Express est prévue à l’horizon 2023.

Quelle opinion portez-vous sur le cours de Bourse d’ADP ?

Malgré une belle performance réalisée depuis 2012, les ratios de valorisation actuels, notamment en termes de valeur d’entreprise rapportée à l’Ebitda, sont compatibles avec les fourchettes retenues par les analystes financiers. Dans le cas d’un scénario rose, le potentiel d’appréciation à moyen et long terme de notre titre est très important. Mais face à des imprévus qui demeurent possibles, nous restons engagés et vigilants.

Propos recueillis par Jean-Laurent Maurel

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