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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 22 mai 2015

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Victor Hugo, reviens pour Cosette !

Cette histoire se passe à Beauvais. Le mercredi 13 mai à 10h30, Cosette, une demandeuse d'asile congolaise (RDC), vivant avec son fils Samuel, 9ans et demi, est convoquée par la direction du foyer ADOMA (association chargée de l'accueil des demandeurs d'asile). Elle a depuis peu reçu le rejet de son recours par la Commission Nationale du Droit d’Asile, et doit ce jour-là remettre les clés de la chambre qu'elle occupe avec son fils.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette histoire se passe à Beauvais. Le mercredi 13 mai à 10h30, Cosette, une demandeuse d'asile congolaise (RDC), vivant avec son fils Samuel, 9ans et demi, est convoquée par la direction du foyer ADOMA (association chargée de l'accueil des demandeurs d'asile). Elle a depuis peu reçu le rejet de son recours par la Commission Nationale du Droit d’Asile, et doit ce jour-là remettre les clés de la chambre qu'elle occupe avec son fils. Ce qui importe pour ADOMA, c'est le respect des procédures. Le contrat de prise en charge stipule que la famille doit quitter les lieux dans un délai d'un mois après que le refus d'asile ait été signifié. Un mois de délai s'est écoulé, donc Cosette et Samuel doivent partir. Peu importe que les démarches entreprises avec les structures susceptibles de l'aider à trouver un hébergement – le SIAO (Service Intégré d'Accueil et d’Orientation), le SAMU social, le DALO (dispositif du Droit au Logement auquel les déboutés n’ont pas droit dans l’Oise), le 115 - n'aient pas abouti. Peu importe que la maman réclame un mois de délai supplémentaire pour se démener en pensant d'abord à son fils, en CM1 à l'école Jean Moulin où il est scolarisé depuis le CE1 (trois ans!).

Cosette ne veut pas rendre les clés. Elle ne se rend pas à la convocation de 10h30. L'ADOMA constate son absence puis, pour respecter ses procédures, l'ADOMA fait alors justice elle-même. Une personne de la direction avec deux employés qui ont pour mission de débarrasser la chambre de Cosette, y pénètrent, retirent ses effets en effectuant un inventaire avant de les placer dans une cave (!!!...) puis procèdent à un changement de serrure. Un comportement inacceptable d'un logeur dont la devise est, croyez-moi, c'est inscrit sur leur papier en-tête : "ADOMA, insertion par le logement". Un comportement novateur d'ailleurs dans ce foyer. Si ce problème de fin de prise en charge de séjour n'est pas nouveau, c'est la première fois que l'on revient à des pratiques d'un autre âge. La dernière fois encore, un huissier était venu constater que la famille n'avait pas quitté les lieux et une procédure avait été engagée devant les tribunaux. Le Tribunal Administratif d'Amiens avait alors confirmé qu'une expulsion forcée pouvait être engagée. Procédure qui n'a pas été mise en application car pendant ce temps, la famille poursuivie avait trouvé une solution pour se loger.

Cosette et son fils ont téléphoné au 115, qui leur a indiqué l'endroit où ils pourraient rencontrer le SAMU Social en soirée. Ils y sont allés. On leur a dit qu'il n'y avait pas de place d'hébergement ils ont été invités à rappeler le 115 le lendemain... Bref, c'était la rue pour cette Maman et cet enfant !

Une fois encore, c'est la solidarité militante qui a évité à Cosette et son fils de dormir dans la rue. Cette même solidarité qui se mobilise depuis des années en refusant que des familles entières, avec leurs enfants, n'aient pas d'autre abri que les ponts, le hall de la gare routière, ou les parcs. Exclus de l'hébergement d'urgence, « réservé aux publics en réinsertion ». Cosette et son fils scolarisé depuis trois ans, ne sont-ils pas « insérés » ?

http://www.leparisien.fr/beauvais-60000/beauvais-mobilisation-autour-d-une-mere-de-famille-expulsee-13-05-2015-4768603.php

Enfants, il nous arrivait de verser des larmes à la lecture des Misérables. La malheureuse Fantine, à bout de forces, finissait par mourir, après avoir livré Cosette au sinistre couple Thénardier.

Les Thénardier modernes sont ceux qui condamnent Cosette et son fils à la rue, ils appliquent la loi, le règlement, ne veulent pas savoir où celle-ci dormira... Mais doit-on laisser Emmanuel Berthier, préfet de l'Oise, Edouard Courtial, nouveau président UMP du Conseil Départemental en charge de l'Aide Sociale à l'Enfance, Caroline Cayeux, sénatrice-maire UMP de Beauvais... dormir tranquilles ? Nous ne le pensons pas !

Une semaine après cette expulsion, Samuel continue d’aller à l’école. Ils téléphonent tous les jours au 115 en l’attente d’un abri et rendent visite tous les jours à la maraude du SAMU Social. Ils sont aidés par l’association et leurs proches. Un rendez-vous a été pris avec un avocat amiénois pour contester l’OQTF qui vient de lui être remise lundi 18 mai et la " procédure sauvage" d’expulsion.

Pendant ce temps, les sénateurs surenchérissent et durcissent la loi sur l'asile, aux visées sécuritaires et démagogues. Les Thénardier ont de beaux jours devant eux.

Francis Descroizette,                         Rose-Marie Monteil,

Militant du collectif RESF-60           Présidente Solidarite Migrants Oise

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