
Après la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, dimanche 24 mai au soir, les responsables politiques français gazouillaient à l’unisson, dans un assourdissant concours de cocoricos. « Jacques Audiard, Emmanuelle Bercot, Vincent Lindon et Agnès Varda : le cinéma français rayonne ce soir à Cannes et dans le monde », tweetait le premier ministre, Manuel Valls.
« Bravo à E. Bercot, V. Lindon et Jacques Audiard ! », insistait, sur le même mode et le même réseau, Fleur Pellerin, sa ministre de la culture, avant que l’Elysée n’adresse ses « sincères félicitations » aux lauréats français.
Gare aux malentendus, cependant. S’ils l’avaient examiné avec plus d’attention, nos gouvernants se seraient rendu compte que le coq cannois n’a pas si fière allure : il y a du goudron sur ses plumes, et des inflexions funèbres dans son chant ; pour ce qui est de sa crête, elle tient davantage du gallinacé punk que de l’animal politique docile.
La Palme d’or, Dheepan, dresse un tableau très sombre – certains diront simpliste – des banlieues françaises. Jacques Audiard les montre ravagées par la drogue, la violence, la suspicion – si bien que les héros de son film, trois immigrés tamouls, finissent par quitter l’Hexagone pour l’Angleterre, qui leur réserve un accueil nettement moins chaotique.
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