Roumanie. Des suicides d'étudiants français qui interrogent

En moins d'un mois, deux suicides et deux tentatives ont été recensés dans les rangs des étudiants en médecine expatriés en Roumanie. La communauté française s'est mobilisée pour tenter de comprendre ce qu'il se passe, un psychiatre s'est déplacé pour s'entretenir avec ces élèves partis étudier la médecine à Cluj en Roumanie. 

Photo Claude Prigent/ Le Télégramme
Photo Claude Prigent/ Le Télégramme

Deux tentatives et deux suicides en moins d'un mois, que se passe t-il pour les étudiants français partis étudier la médecine à Cluj en Roumanie? Sur le papier, l'idée peut paraître séduisante, loyers abordables, cursus de qualité et cadre de vie agréable, étudier la médecine à Cluj est une option de plus en plus envisagée par les jeunes français. Pour la plupart, les portes de la fac de médecine en France se sont fermées, étudier en Roumanie est donc la dernière option pour tenter de devenir médecin. Chaque année, la filière française de Cluj accueille 80 nouveaux étudiants. Et pourant, en l'espace d'un mois, entre mars et début avril, deux personnes se sont suicidées et deux autres ont tenté de mettre fin à leurs jours. Après ces quatre drames, la France a décidé d'envoyer, Pascal Pannetier, psychiatre, pour comprendre le mal qui ronge les étudiants expatriés en Roumanie.  

"Un étudiant sur cinq"

Lors d'une interview accordée à France Info, le médecin a expliqué "le fait qu’il y ait, en trois semaines, quatre tentatives de suicide dont deux mortelles, forcément ça interpelle. Et on ne peut pas rester avec l’idée qu’il s’agit simplement d’une coïncidence ou de problèmes personnels. Tous les groupes de parole et tous les entretiens individuels que j’ai mis en place allaient dans le même sens : ils sont tous soumis à une très forte pression, des études, d’un devoir de performance, de devoir faire ses preuves, d’être à la hauteur des espérances familiales. On sait très bien que là un étudiant sur cinq ne va pas bien et parmi ces étudiants, beaucoup ont pensé au suicide." Pour comprendre ce qu'il se passe dans la tête de ces jeunes, le médecin français et son homologue roumain ont mis en place des entretiens pour écouter la détresse des élèves. Plus de 150 élèves ont évoqué des difficultés. 
"On est loin de nos familles, on est expatrié pour six ans, il y a forcément des moments où on va moins bien et c’est important de pouvoir en discuter. On a mis en place un week-end d’accueil pour tous les étudiants pour discuter du ressenti en tant qu’étudiant expatrié, du retour en France. Et on a mis aussi en place un téléphone d’urgence 24/24 où tous les étudiants peuvent appeler en cas de coup de blues ou d’angoisse", explique Solène Noret, présidente de la corporation de médecine de Cluj au micro de France Info. 

Une différence de traitement

Si ces jeunes partent en Roumanie, ce n'est pas seulement pour profiter d'un nouveau cadre de vie, pour la plupart, ils ont échoué à la faculté de médecine en France et cherchent donc une voie de recours pour devenir médecin, c'est ce qu'offre la filière française de Cluj. Quelle différence entre la France et la Roumanie? Un exemple est souvent pris, en 6e année, les étudiants en médecine passent tous l’ECN, l’examen classant national. C’est un passage essentiel car leur classement va déterminer leur spécialité et leur lieu d’affectation. Afin de préparer au mieux ce concours, les étudiants en France ont accès à un support numérique tout nouveau mais pas ceux qui étudient en Roumanie. Pour certains étudiants, ce traitement n'est pas juste et c'est un préjudice énorme pour les expatriés en Roumanie. Même s'il n'existe pas de lien direct entre ces suicides et cette différence de traitement des étudiants, pour les parents de Margaux, 24 ans, qui s'est suicidée dans sa chambre le 3 mars dernier, le lien est évident. Arrivée en Roumanie en 2010, "elle disait toujours qu’elle voulait devenir médecin et elle avait cette ambition depuis l’âge de 14 ans, c’était vraiment dans ses tripes" confie son père, Rémi Baudin. "Mais, en même temps, elle se disait ‘si je rate mon ECN, qu’est-ce que je vais pouvoir faire ? Et elle s’est dit qu’elle n’y arriverait jamais, elle ne voyait pas comment elle pouvait être médecin. C’est la médecine qui l’a tuée".

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