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Politique

François Rebsamen, un ministre du Travail maladroit et mal-aimé

Gaffes à répétition et dossiers a priori mal maîtrisés, sur fond de chômage au plus haut: celui qui a préféré redevenir maire de Dijon quitte le ministère du Travail avec un bilan controversé.
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François Rebsamen
Le ministre du Travail François Rebsamen, le 8 avril 2015.
PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

François Rebsamen remet formellement au président François Hollande sa démission du ministère de l'Emploi, mercredi 19 août, afin de retrouver sa ville de Dijon, dont il a été réélu maire la semaine dernière après le décès d'Alain Millot. Voici le portrait que Challenges a publié en mai dernier. 

C’est le baptême du feu pour le ministre du Travail. L’examen du projet de loi sur le dialogue social, porté par François Rebsamen, a démarré mardi 26 mai à l’Assemblée nationale. Pour ce projet, qui prévoit la fusion des instances représentatives du personnel et la prime d’activité, il va devoir faire ses preuves: selon le baromètre Odoxa-Aviva pour Challenges réalisé fin mars, le mal-aimé du gouvernement ne recueille que 28% d’opinions favorables auprès des Français.

Une côte bien faible que le ministre semble devoir aux gaffes et couacs de communication qu’il enchaîne. Si ses idées tendance "gauche moderne" tiennent debout, il n’a pas le sens de la manœuvre et du timing. En septembre 2014, il prône ainsi "le contrôle des chômeurs pour vérifier qu’ils cherchent bien un emploi" peut-être un peu trop tôt. "Sa déclaration a rendu difficile l’acceptation de l’expérimentation de terrain que nous menions depuis des mois", concède le directeur de Pôle emploi, Jean Bassères, même si c’est aujourd’hui chose faite. Pour expliquer ce dérapage, sa responsable communication Marie d’Ouince avance que "le ministre n’est pas langue de bois. Il a une grande sincérité".

Erreur de débutant

En mars 2015 rebelote, François Rebsamen affirme devant la commission spéciale du Sénat sur la loi Macron que "le contrat de travail n’impose pas toujours un rapport de subordination entre employeur et salarié". Erreur de débutant de la part d’un juriste de formation. "Ça donne l’impression d’une incompétence, parfois d’une désinvolture ou d’une légèreté qui ne sied pas à l’importance de la fonction", regrette la députée socialiste Barbara Romagnan. En avril rebelote: François Rebsamen manque de plomber le compte pénibilité en pariant "sur la suppression prochaine des fiches techniques dans les TPE" devant une assemblée d’artisans du bâtiment. "L'avenir nous dira qu'il avait raison", répond sa responsable communication, réhabilitée le 26 mai quand Manuel Valls annonce la suppression totale des fiches individuelles de pénibilité au profit d'une évaluation par les branches professionnelles. Dernière boulette en date, dans une interview au Monde datée de ce jour, Rebsamen se dit "pas opposé au recours du 49-3" pour l’adoption de sa loi… oubliant que l’article joker ne peut être utilisé qu’une fois par session parlementaire.

Procès en incompétence

Beaucoup n’hésitent pas à lui faire ce procès en incompétence. "Ses réponses aux questions d’actualité montrent que, même avec des fiches, il n’est visiblement pas à l’aise sur son sujet", balance le député UMP Jean-Frédéric Poisson. Un membre du Medef évoque aussi sa "méconnaissance des dossiers". C’est sûrement pour cela qu’il préfère la compagnie des journalistes politiques à celle des journalistes économiques, les questions stratégiques aux questions techniques. Même un responsable syndical peu flingueur lâche qu’"on a connu de meilleurs ministres du Travail, de droite comme de gauche", citant Xavier Bertrand et Martine Aubry.

Homme sympathique, l’ancien maire de Dijon [réélu en août] n’était a priori pas taillé pour ce poste. Monsieur sécurité de Hollande pendant la campagne, il voulait la place Beauvau. Un poste qui lui a échappé à cause de la gaffe originelle: il a défendu un assouplissement de la législation sur le cannabis alors que le futur président y était opposé. Le ministère du Travail est donc un second choix. "Aujourd’hui encore, il subit ce poste au lieu de s’en saisir. On a toujours l’impression qu’il est ailleurs, de passage", lâche un fin connaisseur du social.

A sa décharge, la place est bonne à prendre des coups. Alors que Hollande a promis d’inverser la courbe du chômage, les rares baisses ne durent jamais plus d’un mois. Rebsamen tente de limiter la casse: il a créé 150.000 emplois d’avenir pour enrayer le chômage des jeunes à court terme et présenté un plan d’accompagnement des chômeurs longue durée basé sur l’accompagnement global (logement, formation, garde d’enfants). Des pistes intéressantes plombées par un budget ric-rac.

 

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