Fifa : arrestation de plusieurs dirigeants soupçonnés de corruption

La police suisse a interpellé ce mercredi matin, à Zurich, plusieurs responsables de la fédération internationale visés par une enquête pour corruption.

Fifa : arrestation de plusieurs dirigeants soupçonnés de corruption

    Descente de police contre la Fédération internationale de football. Des policiers ont mené une opération tôt ce mercredi, dans un hôtel de Zurich (Suisse), où résident des responsables de la Fifa, rapporte le «New York Times». La fédération internationale tient dans cette ville son congrès annuel, qui doit aboutir vendredi à l'élection de son président, poste pour lequel Joseph Blatter, dit Sepp Blatter, est candidat à un cinquième mandat. Elle a annoncé ce mercredi que le congrès était maintenu, tout comme l'élection.

    Plusieurs dirigeants ont été interpellés. Ils sont visés par une enquête pour divers faits de corruption à partir de 1991, concernant notamment des attributions de Coupes du monde, les droits de diffusion à la télévision ou le marketing. Fraude en ligne, blanchiment et racket sont évoqués. «La corruption était institutionnalisée», assure un enquêteur suisse. «Nous sommes surpris de la période sur laquelle elle a duré et de l'étendue des secteurs de la Fifa concernés», ajoute-t-il.

    Parallèlement, des documents ont été saisis et une procédure pénale ouverte contre X pour soupçon «de blanchiment d'argent et gestion déloyale» entourant les attributions des Coupes du monde de 2018 et de 2022. Cette procédure est en cours depuis le 10 mars.

    Sepp Blatter épargné par l'acte d'accusation

    Une dizaine de dirigeants sont concernés par cette vague d'arrestations. Parmi eux se trouve Jefferey Webb, vice-président du comité exécutif. Le fait qu'une majorité des personnes interpellées soient des responsables de la Concacaf (Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes) permet leur extradition vers les Etats-Unis. Jack Warner, de Trinité-et-Tobago, a aussi été arrêté. Cet ancien président de la Concacaf avait été suspendu de toute fonction par la Fifa, en 2011, en raison d'affaires de corruption présumée, avant de démissionner. Par ailleurs, la justice américaine a lancé ce mercredi une perquisition du siège de la Concacaf, à Miami (Floride).

    L'acte d'accusation cible 14 personnes, selon le «New York Times». Il comporte les noms de 9 responsables du football mondial, mais aussi de 5 responsables de marketing sportif. Ces derniers viennent des Etats-Unis et d'Amérique du Sud et sont poursuivis pour avoir fait transiter 150 millions de dollars (environ 135 millions d'euros) en échange d'accords médiatiques. Sepp Blatter n'est pas cité dans l'acte d'accusation. Toutes les personnes visées n'étant pas à Zurich, six ont d'abord été arrêtées, une septième dans un second temps.

    C'est la nouvelle ministre américaine de la Justice, Loretta Lynch, qui a supervisé l'enquête pendant ces trois dernières années, alors qu'elle était procureur général à Brooklyn. Si le ministère, le FBI (la police fédérale américaine) et la Fifa se sont refusé à tout commentaire pour l'instant, le «New York Times» ajoute que plusieurs compétitions organisées en Amérique du Nord, du Sud et dans les Caraïbes auraient fait l'objet de corruption.

    Prince Ali : «Nous ne pouvons pas continuer avec la crise à la Fifa»

    «Nous ne pouvons pas continuer avec la crise à la Fifa», a commenté mercredi le Jordanien Prince Ali, candidat opposé au dirigeant en exercice Joseph Blatter à la présidentielle d'une instance en pleins tourments judiciaires. «La Fifa a besoin d'un leadership qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations, a poursuivi le Prince Ali dans un communiqué. Un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui». «La crise dure depuis longtemps, elle ne se limite pas à ce qui s'est passé aujourd'hui», conclut le Jordanien.

    L'un des journalistes américains qui a révélé cette affaire a laissé, sur son compte Twitter, une photo de l'arrivée des enquêteurs suisses à l'hôtel où logeaient les dirigeants arrêtés.

    «Selon la demande d'arrestation américaine, l'entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines», précise un communiqué du ministère suisse de la Justice. Les interpellés vont être entendus par la police de Zurich. Ceux qui accepteront leur extradition feront l'objet d'une procédure simplifiée «par laquelle l'OFJ

    (Office Fédéral de la Justice)

    pourra sans délai approuver la demande d'extradition vers les Etats-Unis et l'exécuter. Pour celles qui s'y opposeront, l'OFJ priera les Etats-Unis de faire parvenir une demande formelle d'extradition à la Suisse dans le délai de 40 jours prévu par le traité d'extradition en vigueur», ajoute le ministère.