Alors que la France a suscité l’admiration du monde entier en s’unissant contre le terrorisme après les attentats de janvier, “pourquoi tant de membres de la classe politique et intellectuelle s’égorgent-ils dans cette France post-Charlie ?” s’interroge Konrad Yakabuski dans le quotidien canadien The Globe and Mail.

Les assassinats du 7 janvier semblaient avoir enfin rassemblé la France. Pourtant, les débats sur la laïcité ne cessent d’enflammer l’actualité. “Le niveau de polémique dans cette bagarre verbale a atteint le stade de l’aberration”, fustige le journaliste, qui juge qu’il y a un responsable : “Personne n’est plus à blâmer que l’historien Emmanuel Todd.” 

Dans son livre Qui est Charlie ? (paru le 7 mai 2015 aux éditions du Seuil), l’historien dépeint ceux qui ont participé aux manifestations du 11 janvier comme étant “radicaux” et “catholiques”, réunis autour d’un acte de “domination” dont la classe populaire et les immigrés n’auraient été que les victimes. “Si vous pensez que cela ne fait qu’en rajouter une couche, la plupart des Français pensent la même chose, explique le chroniqueur canadien. Mais cela n’a pas empêché le livre d’Emmanuel Todd d’enflammer le débat sur le rôle de la religion dans la société française.”

Les débats sur la laïcité et la liberté d’expression ont toujours été difficiles à suivre en France, reconnaît Yakabuski, mais il existe une nette différence entre se battre pour s’exprimer librement et “célébrer l’acharnement systématique contre une minorité en marge” comme le fait Todd. Après la sortie de son livre, un collègue de l’historien l’avait prévenu qu’il n’aurait plus un seul ami. “Il semblerait qu’il ait eu raison”, conclut le chroniqueur.