ETATS-UNISBoire ses repas pour travailler plus, la nouvelle tendance dans la Silicon Valley

Boire ses repas pour travailler plus, la nouvelle tendance dans la Silicon Valley

ETATS-UNISLe régime liquide serait en vogue dans les startups californiennes…
Un repas de Soylent sous forme de shake.
Un repas de Soylent sous forme de shake. - SOYLENT
Philippe Berry

Philippe Berry

Le temps, c’est de l’argent. Et après avoir rogné sur le sommeil en se dopant à l’adderall, les forçats de la Silicon Valley auraient trouvé une nouvelle recette pour augmenter leur productivité : le régime liquide, à base de poudre protéinée contenant tous les nutriments nécessaires pour (sur) vivre. Barjavel et son « mange machine » de La Nuit des temps ne sont plus très loin.

Les potions magiques s’appellent Soylent, Schmoylent ou Schmilk. Elles sont fabriquées par des startups à peine réglementées par la FDA (Food and Drug Administration) grâce à leur statut de compléments alimentaires, qui utilisent des ingrédients déjà approuvés individuellement. A la différence des shakes populaires dans le monde du fitness, elles proposent un équilibre glucides/lipides/protéines calculé pour répondre aux besoins alimentaires quotidiens, le tout pour moins de 10 dollars par jour pour 2.000 calories.

20 millions de dollars investis

Cette nouvelle nutrition est-elle un vrai phénomène ? Le New York Times, qui a consacré plusieurs articles à la tendance, propose quelques témoignages d’informaticiens ayant troqué le régime Pringles/Coca pour Soylent. La concoction a été servie lors d’une fête organisée par la firme d’investissement Andreessen Horowitz, qui a injecté, avec d’autres, plus de 20 millions de dollars dans la startup. De nombreux nouveaux clients sont sur liste d’attente face à la demande. Mais sans chiffres précis, l’ampleur du succès reste difficile à mesurer. À l’opposé, des entreprises comme Google et Facebook proposent à leurs employés des repas préparés par des chefs.

Soylent, qui a lancé une « pré-bêta » en 2013, a depuis constamment modifié sa formule, notamment en diminuant les fibres non solubles pour réduire les problèmes de flatulence. Le fondateur de la startup, Rob Rhinehart, 26 ans, a joué les cobayes pendant deux ans et a chroniqué son expérience sur son blog. L’alerte la plus sérieuse, à ses débuts ? Une overdose de potassium, qui a causé une arythmie cardiaque et de l’hyper-tension.

Depuis, l’apprenti-sorcier a embauché des nutritionnistes et des gastro-entérologues, et une vaste étude scientifique est en cours. De nombreux experts appellent cependant à la prudence. Si certains malades sont forcés d’adopter une nutrition 100 % liquide, la mastication et la salive joueraient un rôle dans la sécrétion d’hormones régulant l’appétit, selon une étude de l’université de l’Iowa.

« Comme de renifler du carton »

La version open-source 1.4 de Soylent utilise une trentaine d’ingrédients : farine d’avoine, maltodextrine pour les sucres, protéine de riz, huile de tournesol pour les graisses et de poisson pour les acides gras, minéraux et vitamines. Le résultat ? Selon un sommelier qui a réalisé un test pour le New York Times, c’est « un peu comme de renifler du carton », et ça a « la texture et le goût de la pâte à crêpes ».

Mais pour Rhinehart, c’est secondaire. La priorité, c’est l’efficacité. Il vit selon la philosophie du patron de Tesla, Elon Musk, qui aurait déclaré, selon une biographie non officielle : « Si je pouvais ne pas manger pour travailler davantage, je ne mangerais pas. » Bienvenue dans un monde sans saveur et sans joie.

>> La présentation de Soylent en vidéo



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