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BIRMANIE

Des moines birmans défilent pour demander à "chasser les musulmans du pays"

Environ 350 personnes, menées par des moines bouddhistes, ont défilé mercredi dans les rues de Rangoun, en Birmanie. Ils dénonçaient la position de la communauté internationale concernant les musulmans Rohingyas. Une manifestation aux relents nationalistes et xénophobes.

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Images de DVB TV online. "Les boat-people ne sont pas la Birmanie",  banderole brandie lors de la manifestation du 27 mai.

Environ 350 personnes, menées par des moines bouddhistes, ont défilé mercredi dans les rues de Rangoun, en Birmanie. Ils dénonçaient la position de la communauté internationale concernant les musulmans Rohingyas. Une manifestation aux relents nationalistes et xénophobes.

 

Plusieurs organisations religieuses et nationalistes ont pris part à la manifestation, organisée par l’Association pour la protection de la race  et de la religion et le parti pour la paix et la diversité (PDP), une formation nationaliste.

Les manifestants ont demandé au gouvernement de ne pas céder face à la communauté internationale, qui l’exhorte à mieux traiter les Rohingyas dans le pays et à venir en aide à ceux ayant été secourus en mer ces dernières semaines. Ils estiment aussi que la Birmanie n’est pas le seul pays responsable de la situation dramatique de ces "boat-people", et assurent que la majorité d’entre eux sont des Bangladais se faisant passer pour des Rohingyas afin d’obtenir l’asile politique.

Depuis 1978, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui la Birmanie - à 90 % bouddhiste - afin d’échapper aux persécutions dont ils sont victimes. En 2012, des affrontements entre bouddhistes et Rohingyas ont ainsi fait plus de 200 morts dans l’État du Rakhine. Les Rohingyas sont apatrides en Birmanie, où ils sont considérés comme des immigrés illégaux du Bangladesh. Ils n’ont pas accès à l’éducation ou encore au marché du travail. Ils vivent dans des camps de réfugiés en Birmanie et au Bangladesh.

Le responsable de l’ONG Human Rights Watch pour l’Asie, Brad Adams, a récemment déclaré qu’il n’y aurait "pas de solution à long terme tant que la Birmanie ne met pas fin à ses politiques discriminatoires à l’égard des Rohingyas". De son côté, Antony Blinken, secrétaire d'État adjoint américain, a indiqué que la majorité des "boat-people" étaient des musulmans rohingyas "fuyant leurs conditions de vie désastreuses" dans l’État 

d’Arakan.

"Ils souhaitent que le pays devienne bouddhiste à 100%"

Nay San Lwin est un activiste rohingya qui vit en exil en Allemagne. Il participe au site Internet Rohingya Blogger.

 

Pour moi, les organisations à l’origine de cette manifestation sont extrémistes. Nay Myo Wai, qui dirige le PDP, est aussi anti-musulman que  le moine nationaliste Ashin Wirathu. Lors de la manifestation, il a déclaré qu’il ne fallait "pas sauver les ‘boat-people’, mais leur tirer dessus et les tuer en mer, avant de les mettre dans des fosses communes".

Il a aussi dit qu’il fallait renvoyer les "boat-people" secourus au Bangladesh, ou vers d’autres pays si ce dernier n’en voulait pas.

Quant à l’Association pour la protection de la race et de la religion, elle raconte que les musulmans envahissent le pays et qu’il faut donc les chasser. Elle souhaite que le pays devienne bouddhiste à 100 %. Ils ont déjà démoli des mosquées et des cimetières musulmans anciens, afin d’effacer toute trace du passé musulman birman.

En Birmanie, beaucoup de gens soutiennent ces organisations, car il existe une certaine haine des "Kalar", un terme péjoratif pour appeler les musulmans. Il  y a beaucoup de pages Facebook où les gens s’en prennent violemment aux "boat-people".

La haine et la désinformation au sujet des musulmans –des Rohingyas en particulier – sont des problèmes anciens. Sous Ne Win [militaire birman ayant dirigé le pays entre 1962 et 1988, NDLR], le régime affirmait déjà 

que les Rohingyas étaient des clandestins venant des pays voisins. Et en 2012, certains moines bouddhistes ont commencé à tenir des discours haineux à leur encontre. Les organisations à l’origine de la manifestation n’ont jamais été inquiétées par le gouvernement. Il est plus facile d’obtenir une autorisation pour défiler contre les Rohingyas que pour manifester contre le gouvernement...  

La manifestation  du 27 mai n’avait rien de nouveau. Pour moi, défiler contre les Rohingyas est juste une manœuvre destinée à détourner l’attention des gens des vrais problèmes, que le gouvernement est incapable de résoudre.

Afin de tenter d’endiguer le problème des migrants, après que des milliers de "boat-people ont été secourus ces dernières semaines, un sommet réunissant une quinzaine de pays se tient à Bangkok, ce vendredi 29 mai. La Birmanie y participe, bien qu’elle menace de quitter la table de négociations si le mot "Rohingyas" est prononcé.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Chloé Lauvergnier (@clauvergnier), journaliste à France 24.

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