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Les nouveaux habits de « Libé »

Le quotidien lance une nouvelle formule, centrée autour du mobile.Bruno Ledoux prend 10 % du groupe de médias de Patrick Drahi.

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Les deux co-directeurs de la rédaction Laurent Joffrin et Johan Hufnagel lancent une nouvelle formule ce lundi.

Par Julien Dupont-Calbo

Publié le 31 mai 2015 à 18:15

Pour « Libération », c’est l’après-guerre. La période où l’on réorganise les troupes pour mieux reconstruire. Un an après la crise ponctuée par l’arrivée de Patrick Drahi au capital, le journal sort dans une nouvelle formule, passe à 2 euros. Et concrétise une nouvelle méthode de travail.

« On devient “mobile first”, explique Johan Hufnagel, le codirecteur de la rédaction. Le contenu d’actualité est d’abord diffusé sur le “direct Libé”, un fil pensé pour le mobile, et sur le Web, par un desk d’une quinzaine de personnes. La rédaction, elle, se consacre à la production de contenus à valeur ajoutée pour n’importe quel support. » Sept thématiques ont été définies : Pouvoirs/Contre-pouvoirs, Culture, Planète, Futurs, Idées, Nouvelles écritures et Styles de vie. « On abandonne un peu le fait divers, mais on ne peut pas tout faire à 180 salariés », décrypte Johan Hufnagel, le binôme de Laurent Joffrin.

Synergies avec « L’Express »

Depuis l’été dernier, 108 personnes ont quitté l’entreprise, l’équivalent de six millions d’euros de charges annuelles. « Les actionnaires ont investi plus de dix millions dans la restructuration, et nous ont demandé l’équilibre en 2015 », explique Pierre Fraidenraich, le directeur opérationnel. « Libé » a déjà vu ses revenus gonfler de 30 % et sa diffusion progresser de 15 % (à 105.000 exemplaires) sur un an, assure celui qui a créé un « étage du business », le cinquième, à Libé. « Avant, les gens de la régie étaient répartis dans tout le bâtiment… » Quelques pistes de développement sont à l’étude : les forums, qui pèsent 10 % des revenus, pourraient être déployés à l’étranger ; les hors-séries et l’édition ; ou même l’audiovisuel, le domaine de Pierre Fraidenraich, qui rêve « d’une chaîne de télé avec le ton “Libé” ».

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Des synergies avec « L’Express » sont également prévues (fonctions support et régies). Et certains imaginent déjà s’appuyer sur Numericable et SFR. « Chez SFR, on fait des forfaits avec des “extras”, des abonnements à “L’Equipe” ou à CanalPlay. On pourrait le faire avec “L’Express” et “Libé”, et même préinstaller leurs apps sur les téléphones… », explique-t-on dans l’entourage de Patrick Drahi. En revanche, le rapprochement physique des équipes de « Libération » et de « L’Express », sur la table, n’est pas encore acté, assure-t-on.

Drahi vise d’autres pays

En parallèle de la refonte de « Libération », Patrick Drahi attend le feu vert de l’Autorité de concurrence au rachat du groupe L’Express-Roularta. Il pourra ensuite officialiser dans les vingt jours les contours d’Altice Media. Bruno Ledoux, qui possédait 50 % de « Libération », troquera sa participation contre environ 10 % des parts du nouveau groupe. « Je m’occuperai avec Bernard Mourad [débauché de Morgan Stanley par Patrick Drahi pour s’occuper d’Altice Media] de la partie stratégie et acquisition, explique Bruno Ledoux aux « Echos ». Ce qui m’intéresse, c’est de relever le challenge de “Libération” et de la grande mutation des médias. »

Auditionné fin mai à l’Assemblée, Patrick Drahi a expliqué vouloir élargir son activité presse et média à d’autres titres et pays. « Je ne vais pas mettre 14 millions pour me retrouver au bord du gouffre dans un an : il faut développer pour rendre pérenne. » Le magnat du câble avait déjà prévenu Johan Hufnagel en septembre dernier : « A “Libé”, vous n’avez plus de business. On coupe tout et on réinvestira après. » C’est en cours.

Julien Dupont-Calbo

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