Un acteur du film Much Loved attaqué à Casablanca

Un acteur du film Much Loved attaqué à Casablanca

Chouf Tv

Much Loved de Nabil Ayouch sur la prostitution au Maroc continue de faire couler beaucoup d'encre. Après la censure du film par le gouvernement, un membre du casting affirme avoir été agressé à Casablanca. L'acteur, dont le nom n'est pas mentionné, s'est confié dans un entretien filmé avec ChoufTV. ''Après ma sortie du studio d'une radio où je donnais une interview, je suis passé pas loin du quartier où j'habite. J'ai été surpris par quelqu'un qui n'était pas du coin et qui me demande s'il peut me parler'', a-t-il expliqué dans des propos traduits par le site TelQuel.

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''Pensant qu'il allait me poser des questions en rapport avec le film, j'ai répondu par l'affirmative. Il a tenté de m'immobiliser pour me balafrer le visage avec un couteau, mais il m'a touché au cou, m'accusant de donner une mauvaise image du Maroc'', a-t-il poursuivi.

Le comédien, interprète d'un Saoudien dans le film, souligne que Much Loved ''porte un message''. En mettant en scène quatre femmes ayant des relations sexuelles tarifées avec des riches saoudiens et des touristes français, il dénonce, selon lui, la prostitution'' et ''appelle à la combattre''.

Une pétition de soutien au réalisateur

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors du dernier festival de Cannes, Much Loved fait l'objet d'une censure au Maroc. Lundi dernier, le gouvernement a annoncé qu'il serait interdit en salles. La raison? ''Il comporte un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l'image du royaume''.

"Choqué" par cette décision, le réalisateur Nabil Ayouch peut toutefois compter sur le soutien du monde du cinéma. Dans une pétition diffusée vendredi, près de quatre-vingt réalisateurs et producteurs dont Jean-Pierre et Luc Dardenne, Arnaud Desplechin ou Riad Sattouf ont signé une pétition dénonçant "cette mise en danger de la liberté d'expression". "Cette interdiction encourage les pires attaques des courants conservateurs marocains envers le film, Nabil Ayouch et Loubna Abidar faisant l'objet de menaces de mort sur les réseaux sociaux", affirment les signataires.

Et d'ajouter: "De toute évidence, ce film sur le milieu de la prostitution à Marrakech montre une réalité que les autorités marocaines refusent de regarder en face. Pourtant, cette réalité niée ne sera modifiée en rien par cet acte de censure délibérée".

Menaces de mort envers l'équipe

La polémique suscitée par Much Loved a débuté la veille de sa projection à Cannes. Des passages du film auraient fuité sur le net, suscitant l'indignation de certains internautes conservateurs. "L'un dex extraits, qui montre les prostituées filant en voiture vers une soirée arrosée organisée pour des Saoudiens, aurait été vu deux millions de fois (...) On entend les filles, dans un langage cru, se motiver avant l'abattage", a révélé Nabil Ayouch au quotidienLe Monde.


Depuis, l'équipe du film est attaquée de toutes parts. Une plainte a été déposée par l'association marocaine de défense qui voit, dans cette oeuvre cinématographique, une incitation à la prostitution. Dans un message publié sur sa page Facebook, puis effacé, le cheikh salafiste Hammad Al- Kabbaj a même lancé une fatwa contre le réalisateur : "J'appelle en ma qualité de citoyen marocain à traduire en justice cet homme parce qu'il porte gravement atteinte aux moeurs et à l'intégrité morale des Marocains. J'appelle aussi au lancement d'une vaste campagne nationale pour réclamer au gouvernement l'interdiction de ce film ordurier".

Une autre page du réseau social, supprimée à son tour, demandait "l'exécution" de Nabil Ayouch et de son actrice Loubna Abidar.

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