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Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent

Les 380 Africains du campement de la station de métro La Chapelle dans le 18e arrondissement de Paris devraient être évacués cette semaine. Ils étaient installés là depuis huit mois dans l’indifférence générale.

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Publié le 30 mai 2015 à 00h51, modifié le 01 juin 2015 à 15h57

Temps de Lecture 1 min.

C’est le paradoxe des migrants. On commence à les voir quand ils ont disparu. C’est vrai pour les morts de la Méditerranée. C’est aussi vrai au cœur de Paris. Les 380 Africains du campement de la station de métro La Chapelle dans le 18e arrondissement devraient être évacués cette semaine. Ils étaient installés là depuis huit mois dans l’indifférence générale.

Leurs récits fous de vie déplacée, ces histoires à dormir debout qu’ils sont toujours prêts à raconter, on préfère les entendre à la télévision que s’arrêter à les écouter. Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent. D’ailleurs, les autorités s’emploient à rendre toujours plus invisibles ces nouveaux parias. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire l’anthropologue Michel Agier. Il a longuement théorisé cette façon de repousser ces indésirables toujours plus loin de nos regards.

Précarité silencieuse

« Under the bridge », c’était le nom du campement de La Chapelle. Ce lieu était l’archétype de l’espace de relégation urbain. Un refuge improbable sous le métro aérien et sur les voies ferrées ; un lieu dantesque. Là, au fil des semaines se sont installées les toiles de tente. Jusqu’à ce que 380 personnes y vivent, dans une précarité silencieuse, aidées par des associations de riverains, par Emmaüs Solidarité ; tolérées par la Ville de Paris.

Notre œil s’est habitué au campement au point de très vite l’oublier. Ces alignements de toiles de tente cachent la misère (sans masquer les odeurs). On croit voir une mer bleue…. Aujourd’hui on se réjouirait presque que les sans domicile aient leur Quechua [les tentes de la marque Décathlon]. Et pourtant, souvenons-nous en 2006 de l’arrivée des premières tentes pour SDF dans la capitale ; celles des Enfants de Don Quichotte sur les bords du canal Saint-Martin. Ça avait fait scandale. Neuf ans après, on se réjouit que les SDF en disposent, avec l’argument que « c’est mieux que rien » et nos yeux ne voient même plus les tentes. Est-ce la rétine qui s’est adaptée ou l’égoïsme qui s’est enkysté ?

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