
Une enquête préliminaire a été ouverte, mardi 20 mai, pour « détournement de fonds publics aggravé » concernant les frais de taxi de l’ex-directrice de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) Agnès Saal. Cette enquête fait suite à « une note du commissaire aux comptes de l’INA, dans le cadre de son obligation de révélation de faits délictueux », a expliqué le parquet de Créteil.
L’ouverture de cette enquête survient après que la ministre de la culture, Fleur Pellerin, a annoncé, lundi 1er juin dans un entretien au Parisien, avoir transmis le dossier à la justice.
« J’ai décidé de saisir la justice. J’ai en effet saisi ce matin [lundi matin] le procureur de la République de Créteil, sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, en vertu duquel tout agent public ayant eu connaissance d’un délit doit le signaler à la justice, précise la ministre. Notre lettre de transmission comporte des éléments sur les frais de déplacement. »
Trois jours après Anticor
Cette décision ministérielle a été prise trois jours après l’annonce par l’association Anticor du dépôt de plaintes visant les dépenses de taxi de l’ex-présidente-directrice générale de l’INA Agnès Saal, et des contrats passés par Mathieu Gallet, actuel patron de Radio France, à l’époque où il présidait l’Institut.
Regrettant que la ministre de la culture n’ait pas saisi la justice, alors qu’Agnès Saal a été réintégrée au sein du ministère, Anticor a porté plainte contre X au parquet de Créteil pour « favoritisme » pour les faits concernant Mathieu Gallet et pour « détournement de fonds publics » relativement à Mme Saal.
« On voit bien qu’il y a une certaine acceptation des institutions pour dire que la gabegie financière est tolérable. On porte plainte pour alerter les services publics de leur responsabilité », avait estimé vendredi Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor.
Une enquête administrative également en cours
« Je veux agir avec sérénité », répond la ministre. « Tout cela peut paraître long à l’aune du temps médiatique, mais il nous fallait regrouper les pièces nécessaires avant de décider. Mon seul souci, c’est l’exemplarité, ajoute-t-elle. De tels comportements ne sont pas acceptables. » Mme Pellerin souligne qu’une enquête administrative est également en cours concernant Agnès Saal, « l’échelle des sanctions, dans ce cas, varie du blâme ou de l’avertissement, jusqu’à la radiation de la fonction publique ».
Nommée à la tête de l’INA en 2014, Agnès Saal a été poussée à la démission à la fin d’avril après avoir été épinglée pour avoir dépensé plus de 40 000 euros de taxis en dix mois, dont 6 700 euros par son fils, qui disposait de son code de réservation auprès de la compagnie G7.
Elle avait été nommée en remplacement de Mathieu Gallet, placé à la tête de Radio France, et également visé par Anticor pour des contrats passés sous son mandat à la présidence de l’Institut national de l’audiovisuel, entre 2010 et 2014.
Les avocats de Mme Saal font notamment valoir qu’elle a remboursé 15 940 euros de frais de déplacement, dont 6 700 euros de « dépenses imputables à son fils » et 5 840 euros de « déplacements de nature privée ».
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