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Politique

Quand Nicolas Sarkozy sauve la peau de Nathalie Kosciusko-Morizet

L'ex-président supporte de plus en plus mal, à l'heure de la super droitisation, la liberté d'expression de la vice-présidente des Républicains. Et pourtant...
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020615 Challenges Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Morizet
Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Morizet
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Ses pairs en politique, ainsi que la plupart des observateurs, disent volontiers pour caractériser Nathalie Kosciusko-Morizet, qu'elle est une "emmerdeuse". Dans l'univers machiste de la politique on définit de la sorte une femme dès lors qu'elle exprime sa pensée avec clarté, qu'elle ne dédaigne pas afficher son ambition et qu'elle est belle. C'est le cas de NKM, jusque-là vice-présidente de l'UMP et maintenue, malgré les pronostics, au même poste  au sein du nouveau parti, Les Républicains. On a beaucoup dit que Nicolas Sarkozy voulait se débarrasser d’elle au moment où il a construit l’organigramme de son nouveau parti. Mais pourquoi donc sa "préférée" semblait-elle tombée en disgrâce avec tant de soudaineté? Quel(s) forfait(s) politique(s) a-t-elle pu perpétrer? C'était fort simple : s'exprimer et agir en toute liberté - ce qui était convenu entre elle et Sarkozy - mais en soulignant des analyses divergentes sur des sujets nombreux et importants. Et cela, l'ex-président le supporte de plus en plus mal à l'heure de la super droitisation, à l'heure du retour à l'idéologie Buisson sans Buisson..

Une inévitable solidarité

NKM s'était fait remarquer précédemment déjà, approuvant le mariage gay, mais surtout démentant que la droite démocratique, si elle revient au pouvoir, serait en mesure de défaire la loi Taubira. À l'époque, cet écart arrangeait Nicolas Sarkozy car il montrait à l'opinion publique que, sur les affaires de société, l'opposition n'était pas que monolithique, que les thèses les plus réactionnaires pouvaient être démenties, que la modernité n'est pas, par définition, détestable. NKM sera pourtant rapidement prise en étau : comment assumer l'inévitable solidarité? Comment ne pas être détruite par l'axe idéologique qui se met en place entre Sarkozy et le numéro 3 du parti, Laurent Wauquiez, l'un faisant surenchère de démagogie droitière sur l'autre, et vice-versa? En assumant les contradictions, en se démarquant, en ne courbant pas forcément l'échine au prétexte de la discipline.

La rupture politique aurait pu être consommée aux lendemains des élections municipales puis départementales: Sarkozy avait privilégié le ni-ni, ni socialiste ni FN, brisant de la sorte la solidarité républicaine la plus élémentaire ; NKM avait fait savoir haut et fort qu'elle n'acceptait pas cette équidistance, qu'elle lui semblait pernicieuse et intellectuellement détestable. Nicolas Sarkozy, tout à ses efforts d'union, n'avait rien dit. La note, il menaçait de lui faire payer plus tard. Il y a finalement renoncé.

Il était d'autant plus exaspéré que la Dame ne se démonte pas, jamais. La convention prévue sur l'Islam? Une mauvaise idée, répréhensible même au moment précis où la société est en tension quant à ses rapports avec les musulmans. Sarkozy décide-t-il de sécher, "pour ne pas servir la soupe à Hollande", la récente cérémonie du Panthéon; NKM y assiste au nom, précisément, de l'unité nationale et de la tolérance républicaine, énonçant en creux, sans avoir besoin de le stipuler, de le déclamer partout et sur tous les tons, une conception ouverte de la république, une conception qui résonne drôlement en écho au républicanisme façon Sarkozy. C'est cela, cette expression différente et singulière que le chef de LR supporte mal.

Un parti à sa botte

Les temps ne sont plus seulement, dans l'esprit de Nicolas Sarkozy, à la proclamation incessante de "l'union". L'union pour slogan, l'union comme mode de vie politique, l'union en tant que tel, c'est fini. Le combat des primaires est engagé et pour le gagner, l'ex-président est convaincu que le parti doit être désormais à sa botte, à son service unique et exclusif. Dans ce contexte nouveau, il va continuer de jouer avec NKM, et d’utiliser sa liberté de penser. C'est précisément sur ce point que Nicolas Sarkozy fait preuve d’habileté: il semble avoir entendu que la droitisation sans retour en arrière possible ne sera pas suffisante à l’occasion de la primaire puis éventuellement du premier tour de la présidentielle. Voilà pourquoi, pour contrer Alain Juppé et Bruno Le Maire, il a maintenu NKM.

Au moins cet affrontement n'est-il pas mesquin, strictement tactique. Il recouvre de véritables enjeux politiques et culturels sur la nature de la droite républicaine. On comprend que, parfois, NKM agace, trop arrogante, trop convaincue de son talent. Reconnaissons qu'en l'occurrence elle contribue à redonner du sens et du contenu à la réflexion politique. Un bon point.

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