Les 100 plus grosses sociétés cotées pèsent autant que le PIB américain

Elles pèsent 16.245 milliards de dollars, presque le PIB des Etats-Unis. Les 100 entreprises cotées les mieux valorisées au monde en 2015 ont presque doublé leur capitalisation boursière depuis 2009. C'est ce que montre l'étude publiée par PwC. Leur valeur a augmenté de 8 % en un an, alors que le Top 100 a distribué à ses actionnaires (dividende et rachat d'actions) pas moins de 689 milliards de dollars. Sans surprise, Apple continue de caracoler en tête du classement, avec une capitalisation (à fin mars 2015) de 725 milliards de dollars, presque 8 fois plus qu'en 2009. Apple symbolise d'ailleurs la domination accrue de « corporate USA ». PwC comptabilise 53 entreprises américaines dans le Top 100 en 2015, contre 47 l'an dernier et 42 en 2009. Les Etats-Unis devancent nettement le bloc chinois (Chine et Hong Kong avec 11 sociétés comme en 2009) et le Royaume-Uni (8). La France est 5e derrière l'Allemagne avec 4 représentants dans le Top 100, trois de moins qu'en 2009.

« La technologie est jugée plus porteuse que l'énergie »

Comment expliquer une telle domination ? D'abord, la forte hausse des marchés financiers - le MSCI World a bondi de 116 % entre 2009 et 2015 -, alors que les tonnes de liquidités déversées notamment par la Fed semblent s'être concentrées surtout sur les géants comme Apple, Google, Microsoft, Anheuser-Bush ou Walt Disney.

Par ailleurs, pour Philippe Kubisa, associé chez PwC France, « il ne faut pas négliger l'effet de change. Compte tenu de la forte hausse du dollar, la conversion des capitalisations a pénalisé un peu les entreprises européennes ». Mais, si les Etats-Unis trustent la moitié du Top 100, c'est aussi lié à l'identité de ces entreprises. « Les technologies et les services à la consommation sont les secteurs qui ont le plus progressé. Cette puissance des Etats-Unis vient de leur capacité à avoir des leaders comme Apple, Facebook, Amazon, Walmart ou Home Depot... »

A l'inverse, le secteur des matières premières est un de ceux qui ont le plus reculé entre 2014 et 2015. Le Top 5 : ExxonMobil, BHP Billiton, Royal Dutch Shell, BP et Total. Elles ont toutes perdu entre 36 et 59 milliards de capitalisation... C'est aussi ce qui explique la performance de la France, qui a perdu trois unités dans le Top 100 : son positionnement fort dans le domaine de l'énergie, avec Total, EDF, GDF Suez (Engie), des sociétés autrefois leaders et dont certaines ont disparu du Top 100. « Aux yeux des investisseurs, la technologie est jugée plus porteuse que l'énergie. Cette évolution traduit la forte croissance du secteur des technologies, mais aussi son potentiel jugé plus important, car la Bourse achète aussi le futur. »

Par ailleurs, PwC constate que la réussite des grandes entreprises américaine est « portée par l'innovation et par un rayonnement international. Elles ont utilisé de manière plus agressive leur taille et leur capitalisation pour accélérer leur croissance à travers des acquisitions stratégiques ». Conséquence, il faut être plus gros pour pouvoir entrer dans le classement. « En 2015, le numéro 100 pèse 85 milliards de dollars, contre 40 milliards en 2009. En fait, il y a de plus en plus de géants et intégrer le Top 100 devient de plus en plus compliqué. » Certaines ont réussi comme Alibaba, entrée directement à la 22e place après une IPO record à New York, Facebook (17e) ou Agricultural Bank of China (29e). Aujourd'hui, 13 sociétés dépassent les 250 milliards de capitalisation contre 2 en 2009. En moyenne, elles pèsent 162 milliards, contre 84 milliards six ans plus tôt.