L’avenir de l’usine Findus de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, inquiète les 200 salariés de l’entreprise. Alors qu’un comité central d’entreprise est programmé jeudi 4 juin, ils sont plus que jamais mobilisés pour ce site qui fabrique les poissons surgelés pour la marque Croustibat et a bénéficié d’un investissement de 10 millions d’euros entre 2012 et 2014.
Les syndicats de Findus France redoutent l'annonce d'un projet de cession à leur concurrent Iglo, leader des surgelés en Europe, récemment racheté par le groupe Nomad, et qui pourrait, selon eux, condamner l'usine. Mercredi, Nomad Holdings a annoncé être entré en négociation exclusive avec les actionnaires de Findus pour l'achat de la marque et de ses activités en Europe continentale.
Les représentants du personnel de Findus France avaient déjà tiré la sonnette d’alarme le 7 mai mai, lors d’une réunion qui était destinée « à avoir des explications sur le départ précipité de Matthieu Lambeaux », le patron de Findus pour l’Europe du Sud (France, Belgique, Espagne). C’est à ce moment-là que l’« on a commencé à nous parler d'un processus de vente », a déclaré à l’AFP Laurent Prévot (CFTC).
Le départ de Matthieu Lambeaux intervenait peu de temps après l’annonce de la vente, par le fonds d’investissement Permira de la société Iglo à la société Nomad. Or, Nomad, créée il y a un an par deux entrepreneurs américains, et cotée à New York, est engagée dans une politique d’acquisitions dans l’agroalimentaire.
La société a déboursé 2,6 milliards d’euros pour s’emparer d’Iglo. Et, à cette occasion, ses dirigeants ont indiqué qu’ils étaient disposés à faire d’autres achats, en particulier dans les surgelés pour conforter leurs positions. Or, Findus France leur apporterait un atout maître, en tant que leader du marché des surgelés.
Désengagement des investisseurs
Les syndicats ont immédiatement réagi en évoquant une possible cession de Findus Europe du Sud à Nomad. D’autant que, selon eux, James Hill, le PDG de Findus, n’a jamais caché être favorable à cette option. Ils rappellent que ce dernier avait été l’artisan de la cession de Findus Italie au fonds Permira, lorsqu’il travaillait pour Unilever.
En outre, le fonds d’investissement Lion Capital, qui s’était offert Findus France, Royaume-Uni et Scandinavie il y a sept ans, a tenté désespérément, en 2011, écrasé par la dette, de se séparer d’une ou plusieurs de ses entités. Sans succès, faute d’obtenir le prix souhaité. Résultat, en 2012, les principaux créanciers, la banque JPMorgan et son fonds spéculatif High Bridge, ont pris le contrôle, Lion Capital restant au capital. Mais, depuis lors, tous ces acteurs cherchent une porte de sortie.
La visite de James Hill à l’usine de Boulogne-sur-Mer, le 7 mai, n’a pas rassuré les salariés sur le sort du site. Ils ont donc décidé de se mobiliser et d’en appeler aux pouvoirs publics. Une démarche qu’ils avaient déjà entreprise en 2011, en pleine campagne électorale pour la présidentielle, lorsque Lion Capital avait souhaité se désengager. François Hollande s’était déplacé en mars 2012.
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