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La « pause » du réchauffement climatique était un mirage

Cette thèse, activement promue par les think tanks climatosceptiques américains, est battue en brèche par une étude publiée dans la revue « Science ».

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Publié le 04 juin 2015 à 21h21, modifié le 05 juin 2015 à 15h47

Temps de Lecture 2 min.

Le glacier Matanuska.

Le changement climatique se serait-il arrêté en 1998 ? Activement promue par les think tanks climatosceptiques américains et parfois reprise jusque dans de prestigieux cénacles académiques, l’idée d’une « pause » dans le réchauffement en cours est fréquemment utilisée pour questionner l’ampleur prévisible du dérèglement climatique. Sa réalité et sa signification ont déjà fait l’objet de nombreuses analyses. Dans une étude publiée, vendredi 5 juin, dans la revue Science, elle est à nouveau battue en brèche. Après avoir tant alimenté la chronique et le débat public, la fameuse « pause » n’a été, selon l’analyse de Thomas Karl et ses collègues de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qu’un mirage.

Ce n’était pas évident. Dans le premier volet de son cinquième rapport, rendu public en septembre 2013, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) précisait qu’entre 1951 et 2012, la tendance moyenne au réchauffement avait été de 0,12 °C par décennie, alors qu’entre 1998 et 2012, la tendance n’avait été que de 0,05 °C par décennie. De longue date, de nombreux scientifiques ont fait valoir que le choix de la période 1998-2012 était biaisé : l’année 1998 a été marquée par un phénomène El Niño très intense, responsable d’un fort sursaut des températures. En dépit de cette importante réserve, l’argument de la « pause du réchauffement » n’a pourtant cessé de faire florès.

Lire la note de blog : La pause du réchauffement climatique : décryptage d’une légende tenace

Biais des systèmes de mesures

Cette fois, en tenant compte de trois grands biais des systèmes de mesures et en considérant une période de temps légèrement étendue, Thomas Karl et ses coauteurs montrent qu’il n’y a nulle pause depuis 1998. Leur réanalyse des données de température rend obsolètes les calculs du GIEC et montre que la tendance au réchauffement a été identique entre 1951 et 2014 et entre 1998 et 2014.

La première clef est celle des instruments de mesure de la température des eaux de surface de l’océan. Les températures mesurées par les bateaux sont en effet systématiquement plus élevées que celles relevées par les bouées plongeantes ou dérivantes. Or l’intensification de la recherche climatique a conduit à déployer toujours plus de ces bouées à la surface des océans. En tenant compte du biais introduit par la multiplication des bouées océanographiques, les chercheurs ont donc introduit une petite marge corrective.

Il ont ensuite encore affiné l’analyse en tenant compte des méthodes par lesquelles les navires mesurent la température des eaux de surface. Selon qu’ils procèdent par mesure directe ou par prélèvement de l’eau dans un seau avant cette même mesure, le résultat sera très légèrement différent. Là encore, les chercheurs ont estimé ce biais et l’ont intégré à leur analyse.

Enfin, les auteurs ont pris en compte de nouvelles bases de données des températures relevées par des stations météorologiques terrestres. « Cette intégration améliore la couverture spatiale de nombreuses zones, dont l’Arctique, où les températures ont augmenté rapidement ces dernières décennies », écrivent-ils.

L’ensemble des corrections appliquées conduit à effacer la fameuse « pause ». « Il s’agit là d’ajustements techniques courants qui ne prennent de l’importance que parce que le débat public a longtemps été faussé par la mise en avant de cette soi-disant pause du réchauffement », commente le climatologue Stefan Rahmstorf (Potsdam Institute for Climate Impact Research). Son homologue Michael Mann (université de Pennsylvanie) ne dit pas autre chose, saluant un « travail solide », qui « confirme surtout ce que nous savions déjà ».

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