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Récit : comment François Hollande a tranché le sort d'Areva

Porté depuis des mois par Emmanuel Macron, le rapprochement a été réinstruit par le président, qui a choisi d'aller vite.

Par Elsa Freyssenet

Publié le 5 juin 2015 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Un ministre - Emmanuel Macron - « aux avant-postes » depuis des mois pour défendre un « rapprochement » entre Areva et EDF, puis un chef de l'Etat qui s'implique personnellement dans les dernières semaines pour conclure lors de la réunion interministérielle de mercredi. C'est ainsi que, au gouvernement et à l'Elysée, on raconte l'histoire de la restructuration d'Areva. Face aux pertes colossales pressenties dès l'automne, Emmanuel Macron est rapidement convaincu d'envisager l'avenir avec EDF. Pour sauver Areva et éviter une concurrence jugée dévastatrice entre les deux entreprises publiques. L'idée d'un tel rapprochement dans le nucléaire avait été portée, sous la présidence Sarkozy, par le PDG de l'électricien Henri Proglio, mais elle n'était pas dans les priorités du nouveau patron - nommé en octobre - Jean-Bernard Lévy. « Il a fallu faire preuve de conviction », dit-on pudiquement à Bercy.

Depuis le début de l'année, Bercy et l'Elysée ont un souci : ils savent qu'ils devront recapitaliser Areva, mais ils ne veulent pas le faire en pure perte et devoir remettre au pot dans les deux prochaines années. Une priorité est donc dictée à tous les acteurs de la discussion : « la cohérence industrielle ». François Hollande a un impératif symbolique supplémentaire sur lequel Laurent Fabius - qui avait présidé à la création d'Areva en 2000 - est vigilant : que l'opération soit plus subtile qu'un démantèlement. Le président fait donc réinstruire techniquement le dossier par son équipe. Son secrétaire général adjoint, Boris Vallaud, a la mémoire des épisodes précédents pour avoir été le directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg à Bercy. Son conseiller industrie, Julien Pouget, connaît le secteur pour avoir travaillé chez Alstom. « Il fallait que le président rentre dans la technicité du dossier pour décider », dit-on à l'Elysée. C'est dans cette phase-là qu'est retenue l'idée de garder Areva dans le jeu via un pacte d'actionnaires.

La réunion interministérielle de mercredi à l'Elysée a servi à s'assurer de la cohésion du gouvernement sur la décision finale. Celle de Laurent Fabius. Et celle de Ségolène Royal, qui voulait des garanties sur le développement des énergies renouvelables, la non-remise en cause de la loi de transition énergétique et qui reste vigilante sur le tarif de l'électricité. Ce fut apparemment chose faite. Puis, Philippe Varin a été reçu dans la foulée par François Hollande pour être informé.

Conscient que tous les problèmes sont loin d'être résolus, le chef de l'Etat voulait aller vite, quitte à jouer de l'effet de surprise. Pour éviter une crispation des acteurs. C'est la raison pour laquelle l'exécutif avait prétendu dans un premier temps que la journée ne serait « pas conclusive ». L'arbitrage entériné, c'est François Hollande - et non EDF et Areva - qui a fixé le délai d'un mois pour boucler le plan de restructuration.

Elsa Freyssenet

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