VIDÉOS. Édouard Martin crucifié par la droite et ses anciens camarades

L'ex-syndicaliste, qui a annoncé sa candidature aux européennes sous les couleurs du PS, est accusé d'avoir retourné sa veste.

Le Point.fr (avec Reuters)

Le syndicaliste Édouard Martin sera tête de liste PS aux européennes.
Le syndicaliste Édouard Martin sera tête de liste PS aux européennes. © Vincent Wartner / 20 Minute/SIPA

Temps de lecture : 4 min

Sans doute devait-il s'y attendre, mais Édouard Martin, qui a annoncé mardi soir sur France 2 qu'il serait tête de liste PS aux élections européennes de mai 2014 dans le Grand-Est, essuie une pluie de critiques de la part de ses anciens camarades ouvriers et de ses futurs adversaires aux européennes.

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Il y a un peu plus d'un an, Édouard Martin, au bord des larmes, avait accusé publiquement de trahison François Hollande et Jean-Marc Ayrault après l'extinction des hauts-fourneaux de Florange : "Vous attendez quoi ? Qu'il y ait un malheur ici ? Eh bien, nous, nous allons être votre malheur si vous ne cessez pas ce mensonge, cette tromperie. C'est une promesse, et nous, on a l'habitude de les tenir, nos promesses. Voilà ce qu'on tient à dire ! Et à partir d'aujourd'hui, on prend possession de l'usine", avait déclaré le syndicaliste CFDT.

REGARDEZ


Retournement de veste ? Pas tout à fait non plus, puisque le 26 septembre, les deux hommes s'étaient réconciliés à la faveur d'une visite du chef de l'État à Florange. Le président y avait annoncé l'ouverture d'un centre de recherches sur le site. Édouard Martin préfère parler de "cheminement". Dans une interview au Monde (payant), Édouard Martin répète qu'il n'a "jamais pensé faire de la politique" et "porte sur elle un regard très critique". Mais de fait, l'engagement politique de l'ancien syndicaliste est bel et bien un revirement. Quand il faisait la promotion de son livre, Édouard Martin tenait à expliquer à une lectrice qu'il n'avait pas l'intention de devenir député européen.

REGARDEZ


Ce mercredi, il est donc une cible de choix pour la droite. L'ancienne ministre Nadine Morano, pressentie pour diriger la liste UMP dans le Grand-Est, a ainsi dénoncé "la récompense" accordée, selon elle, à un syndicaliste "qui menait un combat personnel et surtout un combat politique". "L'heure de la récompense a sonné, mais aussi d'assumer la politique du gouvernement qui l'a trahi", a-t-elle déclaré sur Twitter.

nadine-morano-tweet-edouard martin
Nadine Morano n'a pas mâché ses mots sur twitter

L'ancien ministre de la Famille retweete consciencieusement les commentaires amers qui ont salué l'annonce de la candidature de Martin, comme celui d'Éric Ciotti


ou d'anonymes


D'autres figures de l'opposition n'ont pas manqué d'ironiser sur ce ralliement : "Il y en a au moins un de recasé, a lâché Jean-Pierre Raffarin sur i<Télé. Pour le syndicaliste, c'est pas mal qu'il se recase dans la politique. C'est quelque chose de spectaculaire. (...) Mais le passage du syndicalisme à la politique ne se fait pas en général dans un climat de grande sincérité", a-t-il jugé. Même sévérité de la part d'Henri Guaino qui estime sur France Inter qu'il s'agit "d'une instrumentalisation, du PS et du principal intéressé, d'une souffrance sociale bien réelle. Moralement, c'est quelque chose d'un peu choquant."

"À la soupe"

Sur Twitter, le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, y est lui aussi allé de ses commentaires assassins


Le vice-président du Front national Florian Philippot, tête de liste Front national dans le Grand-Est, a estimé mercredi sur i>Télé que le syndicaliste était "allé à la soupe". "Édouard Martin, c'est la trahison à Florange", a-t-il dit.

Mais le désormais candidat Édouard Martin doit également faire face aux réactions désabusées de ses anciens combattants de lutte. "Il va se retrouver demain au milieu des loups qu'il nous a encouragés à combattre hier. Nous, on est très dubitatifs aujourd'hui sur la sincérité de sa démarche", a déclaré sur i>Télé Frédéric Weber, délégué Force ouvrière (FO) à l'usine de Florange. "Il a toujours dit : Le but, c'est de pouvoir se regarder le matin dans le miroir. Je pense qu'il a dû les démonter de chez lui les miroirs, parce que je peux vous dire qu'aujourd'hui ce n'est plus du tout l'homme qui était un frère d'armes hier", a-t-il poursuivi.

"Aucune leçon à recevoir"

Frédéric Weber craint que le combat pour Florange en soit décrédibilisé : "Les gens auront toujours le doute de savoir si ça a été fait pour des buts de carrière personnelle ou si on a même été manipulés à un moment dans ce combat." Walter Broccoli, le délégué CGT du site, se sent "trahi". "Je pense qu'il sera beaucoup mieux comme politicien que comme syndicaliste. Maintenant, on sait à qui on a affaire, a-t-il dit sur BFM TV.

Édouard Martin précise au Monde qu'il n'adhérera pas au PS, mais siégera à Strasbourg dans le groupe socialiste, tout en gardant "une entière liberté d'expression et d'action". À ses anciens camarades qui l'accablent, il répond qu'il n'a "aucune leçon à recevoir. Plus de 600 salariés de Florange ont déjà été reclassés. Il n'en reste plus que treize sans travail. Je me battrai jusqu'au dernier."







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Commentaires (104)

  • Kergoff

    Ce qui est choquant c'est que ce chef syndicaliste ait choisi de se rallier au parti socialiste qu'il a tant critiqué, cela à juste raison, et non pas à un parti contestataire tel par exemple que le parti de gauche. C'est vrai que la gamelle est mieux garnie et les chances d'obtenir une sinécure plus fortes.

  • Sirius Magrhebin

    A droite, à l'extrême-droite et même pour ses anciens camarades, Martin, un ouvrier de terrain, un syndicaliste "icône" du paf est devenu en moins d'une minute : un traître, sinon un recasé, un vendu parti àla soupe. De la part des politiques chevronnés "ces compliments "peuvent leur être opposés à eux aussi, , comme par exemple Morano, une recalée du suffrage universel qui se recycle, sur coup de pouce officiel de NS au parlement européen surement pas pour ses nouvelles convictions.
    Cette levée de boucliers unanime cache mal la victoire du florentin qui siège à l'Elysée et qui a réussi un joli coup à la barbe du FN qui rêve de candidats ouvriers, à celle de Mélenchon et ses faux rassemblements "populaires" comme à celle de la droite aussi qui ne cesse de présenter le PS comme un repère d'énarques sans âme, . Personne pas même la presse n'interroge Martin sur ses convictions européennes, sur ses idées mais uniquement pourquoi il a fait un choix politique et qui plus est le PS, censé être le parti des énarques, des bobos du Marais, ou d'ailleurs. D'autres surprises sont à venir aussi bien sur le front économique, de l'emploi, voire de la croissance. FH tisse patiemment sa toile sans se soucier des agendas médiatiques prompts à dévaloriser la fonction présidentielle pour une minute de gloire télévisuelle consacrée à Leonarda Dibrani, "élève intermittente" sur ordre de son tyrannique papa et maintenant complètement oubliée. Ce syndicaliste a répondu qu'il n'avait pas de leçon à recevoir de la classe politique, et rien que pour cela çà le rend crédible.

  • ghekko

    Il faut voir le côté stratégique que peut lui apporter c'est nouvelle place dans le parlement, après tout, y à pas de meilleur endroit pour proposer ses idée que faire partie des personne qui orientent notre état !

    après il faut voir je côté ambiguë, cet homme sans trop de notion va t il réussir à ce montrer et continuer à poursuivre ses propres pensées et non celle des quelques politiques qui ont pour but de l utiliser comme mascote !