Zemmour, reviens ! Ils sont devenus fous...

Qui sont les Happy Men ? Ce club exclusivement composé d’hommes veut promouvoir l’égalité homme-femme. Pour le bonheur des femmes mais aussi celui des hommes. Ils veulent mettre à bas la logique de patriarcat à l’œuvre dans la société comme dans les entreprises. Une démarche que le célèbre essayiste français Eric Zemmour jugera sûrement folle, mais qui en séduira beaucoup. Leur coming-out s’est déroulé jeudi 4 juinau cours d’un forum. 

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Zemmour, reviens ! Ils sont devenus fous...

"Le jour où mon fils m’a dit qu’il avait posé son lundi pour s’occuper de son fils malade. Je lui ai dit : Mais Alexandre, tu n’es pas sérieux, tu as ta carrière à faire tout de même !", avoue Jérôme Tolot. Ce directeur général adjoint d’Engie, cheveux grisonnants, arrivé au faîte de sa carrière, est le prototype du mâle blanc dominant… mais il se soigne. La preuve, il voit d’un très bon œil la création dans son entreprise de cercles de Happy Men. Un réseau exclusivement réservé aux hommes qui a la drôle d’idée de se battre pour l’égalité professionnelle homme-femme et l’équilibre vie professionnelle-vie privé.

Le réseau qui essaime en petits cercles, essentiellement dans des grandes entreprises pour l’instant, est soutenu par Engie mais aussi Orange, la SNCF, BNP Paribas, ING direct, la Caisse des dépôts… D’autres sont à venir. Réunis, le 4 juin, à Paris, au ministère des Affaires Sociales, les Happy Men ont montré que pour la première fois une manifestation consacrée à l’égalité professionnelle pouvait réunir plus d’hommes que de femmes!

Au-delà des préjugés 

Que se passe-t-il donc sur la planète des hommes ? Alors que le combat des femmes n’est pas achevé mais que toutes les grandes entreprises ont mis en œuvre des actions pour promouvoir leurs carrières (dispositifs qui réjouissent les unes et font parfois grincer les dents des autres), des hommes se jettent dans la bataille. Quitte à désoler ceux qui voient comme Eric Zemmour, un grand danger dans la fin de la civilisation patriarcale et appréhendent avec terreur l’essor des valeurs féminines.

L’initiative a été lancée par Antoine de Gabrielli, dirigeant de Companieros, une entreprise de formation et de conseil en management. Il  a d’abord monté une petite initiative "Mercredi c’est papa" pour intervenir dans le débat public sur la mixité puis créé dans la foulée, soutenu par le directeur de la diversité d’Orange, le réseau Happy Men. Ces hommes ont décidé que la diversité homme-femme était une bonne chose pour la performance de leur entreprise et pour eux. Que pour partager, il fallait être deux. Et qu’ils en avaient marre de sacrifier leur famille, leurs envies, leur vie associative ou culturelle à leur carrière.

Alors un repaire de cossards les Happy men ? Pas vraiment. L’idée n’est pas d’abandonner toute ambition. Et même de continuer à s’éclater dans son boulot. Mais de revoir l’organisation, les pratiques de management, les préjugés. Comme le dit leur manifeste : "Les hommes forts, les hommes qui assurent, qui se battent, qui protègent. Les hommes qui font carrière, qui se classent, qui se jugent : les winners, les loosers. Et si on arrêtait, aussi, avec ces clichés ?"

Une parole libre 

Arnaud Tirmarche, membre d’un cercle et lui-même directeur délégué de Cofely Ineo Île-de-France, une entité de plus de 1000 personnes, a eu le déclic en s’apercevant que "la nomination d’une femme compétente à la tête d’une de ses agences posait des problèmes à certains hommes et aussi parce que sa femme lui a avoué un jour avoir refusé une promotion pour ménager sa carrière à lui". Pour Antoine de Gabrielli, la force d’un réseau exclusivement composé d’hommes, c’est "la possibilité d’une parole libre, entre soi" pour échanger sur ses envies, ses frustrations et ses solutions.

L’un des soutiens des Happy Men, Renaud Dumora, DGA de BNP Paribas Cardif, en bon assureur, souligne ce que les hommes perdent dans leur attitude : sursinistralité, mortalité plus précoce... Bref, il existe un tas de bonnes raisons de mettre fin aux combats de coq et d'approcher le travail autrement. Mais la solution passe sans doute comme l’esquisse Jérôme Tolot par un changement de paradigme dans les organisations. Selon lui, ce dont l’entreprise a besoin c’est sans doute de…"moins de chefs et de plus d’animateurs, de stratèges, de transversalité". Une évolution à laquelle aspire d’ailleurs la génération Y. Pas si fous les Happy Men.

Anne-Sophie Bellaiche

 

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