Abo«La classe politique est déconnectée de la réalité vécue par les Mexicains»
Le politologue Gerardo Maldonado décrit le climat de grande tension régnant au Mexique à la veille des législatives et municipales

Les Mexicains sont appelés aux urnes demain pour renouveler la Chambre des députés et élire des centaines de maires. Interview de Gerardo Maldonado, politologue et chercheur au CIDE, Centro de Investigación de Docencia Económica à Mexico.
Des épisodes très violents sont émaillés la vie de plusieurs Etats du Mexique ces derniers mois. Que se passe-t-il exactement?
Dans le cas du Guerrero, les violences sont très liées à la disparition des 43 étudiants d'Iguala en septembre. Au Chiapas, le mécontentement provient des communautés paysannes, tandis que dans l'Etat d'Oaxaca, il s'agit plus d'affrontements entre forces de l'ordre et syndicats de l'enseignement.
Il y a aussi la violence liée au narcotrafic, avec l'assassinat de six candidats depuis le début de la campagne, non?
Oui, et il y a également des cas d'enlèvements ou encore d'extorsion. Le narcotrafic veut par là s'assurer que la classe politique ne va pas lui poser de problèmes pour faire son business. C'est une façon de montrer sa puissance, sa capacité à faire pression sur les candidats.
Les manifestations montrent-elles aussi le rejet du processus électoral?
Il y a une immense insatisfaction, liée aux faits que les résultats promis par les réformes engagées ne sont jamais arrivés. Mais on constate surtout un divorce profond entre les citoyens et le pouvoir politique. Les citoyens ont le sentiment que la classe politique, corrompue, ne les représente pas. D'où les attaques répétées contre les bureaux de l'Institut national Electoral, car c'est justement cette institution qui permet l'ascension au pouvoir de cette classe politique.
Certains appellent au boycott des élections…
C'est le cas du syndicat de maîtres d'école, qui est très actif dans ces manifestations (ndlr: les étudiants disparus à Iguala étaient de futurs instituteurs). Ces appels au boycott sont à prendre très au sérieux, car ce genre d'exigence est nouveau, ou du moins, l'ampleur du mouvement anti-élection est beaucoup plus importante qu'avant. Cela, les autorités ne s'y attendaient pas. L'abstention sera donc l'un des grands enjeux de ces élections.
La disparition des étudiants à Iguala en septembre est-elle la cause du mécontentement?
Les sondages montrent clairement qu'à partir du mois d'octobre, les intentions de vote pour le PRI, le parti au pouvoir, ont fortement chuté. Tout change avec le drame d'Iguala, car même si le gouvernement fédéral n'est pas directement impliqué dans la disparition des étudiants (ndlr: ils ont été enlevés par la police municipale), la population lui attribue en revanche la mauvaise gestion de l'enquête et l'incapacité à régler le problème de la violence.
Quelle responsabilité porte la classe politique?
Une bonne partie de la classe politique n'est même pas consciente de la gravité de la situation et des causes de cette insatisfaction. Elle est en grande partie déconnectée de la réalité vécue par la majorité des Mexicains. Et il y a cette impression qu'elle est plus intéressée à se maintenir au pouvoir que de véritablement s'attaquer à la corruption, à l'impunité ou à la violence.
Quels sont les enjeux de ces élections pour le gouvernement du président Enrique Peña Nieto?
Le PRI, le parti au pouvoir, restera très probablement la première force politique à la Chambre des Députés. En revanche, il perdra sûrement des sièges, ce sera donc plus difficile pour lui de faire passer des réformes et d'obtenir des accords. Cette deuxième partie du sexennat de Peña Nieto sera donc beaucoup plus compliquée.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.