VIDEOS. Congrès PS à Poitiers : le blues des militants

Réunis en congrès à Poitiers, les militants restent perplexes face à l'objectif de leur premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, d'atteindre 500 000 adhérents d'ici à 2017.

VIDEOS. Congrès PS à Poitiers : le blues des militants

    « 500 000 militants en 2017 au PS ? Vous travaillez pour Pif gadget ou quoi ? » Attablés au soleil, pour le premier jour du congrès de Poitiers, ces socialistes ne peuvent s'empêcher de prendre avec un certain humour la question qu'on leur pose sur l'objectif fixé par Jean-Christophe Cambadélis. Le premier secrétaire, qui vient d'être reconduit à la tête du parti, veut atteindre un demi-million d'adhérents d'ici deux ans. Utopique pour beaucoup. « On a déjà du mal à retenir ceux qui veulent partir, alors 500 000, c'est juste un choix de communication irréaliste », soupire Frédéric.

    Actuellement, le PS compte 131 000 adhérents, contre 170 000 fin 2013. Casquette vissée sur la tête, ce militant du Val-d'Oise rappelle que 70 000 socialistes seulement se sont déplacés pour le vote sur les textes des motions. « Il n'y a plus de forces militantes dans ce parti », insiste encore Frédéric, soutien des frondeurs et de leur motion opposée à la politique du gouvernement. « Pour faire revenir du monde chez nous, il faudrait déjà qu'on applique la politique sur laquelle on a été élus », rouspète-t-il. A ses côtés, Yannis, de la fédération du Nord, n'est pas sûr, après huit ans au PS, d'y « rester éternellement ». « Les militants s'en vont car on renie nos engagements », regrette-t-il en misant sur une alternative à gauche, « avec Mélenchon, les communistes et les écologistes ». « En 2012, on était 150 dans ma section, nous ne sommes plus que 93 », renchérit Jean-Michel, des Hauts-de-Seine. « Les déçus, ajoute-t-il, on n'arrive pas à les faire revenir, et ceux qui restent sont défaitistes. »

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    Dans les allées du parc des expositions, ce n'est pas l'affluence des grands jours. Mais heureusement pour Cambadélis, ses troupes ne partagent pas tous le même pessimisme. « 500 000, ce sera dur, mais c'est atteignable », estime Philippe. A la tête de la section de Lisieux (Calvados), il a prévu d'aller « chercher du sang neuf dès la rentrée ». « Il faut qu'on se fasse connaître sur le terrain, qu'on diffuse nos propositions », explique-t-il. Aller à la rencontre des lycéens, des associations, être plus présents sur les marchés... « Les gens partent parce qu'ils ont l'impression de ne pas être écoutés au sein du parti », témoigne Abderrazak, qui a adhéré au PS juste après le 21 avril 2002 et l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. « Il faut changer cela, et surtout reparler un langage que les gens comprennent », poursuit-il, regrettant le poids des « technos ».

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    « Il y a une vraie désaffection du politique, mais quand les gens nous voient combattre sur le terrain, ils viennent vers nous », se rassure Jennifer, secrétaire de section à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), qui se félicite d'avoir eu de nouvelles adhésions compensant ainsi les départs. Responsable lorrain lui aussi, Julien juge que les socialistes doivent changer pour redevenir attractifs. « On est devenus une caricature de nous-mêmes, car nous ne sommes plus qu'un parti d'élus, assure-t-il. On est trop dans l'entre-soi, il faut qu'on parle des combats qui intéressent les gens et il faut remettre de la convivialité dans les sections. »

    Cambadélis réfléchit notamment à simplifier le parcours d'adhésion. « Le premier secrétaire a promis un big bang, il faut lui faire confiance », sourit une militante. « Il faut se fixer un objectif pour faire revenir des militants, mais évidemment, 500 000, c'est trop ambitieux », reconnaît un cadre du parti. A Poitiers, dans la chaleur caniculaire, les socialistes restent lucides.