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Plus nous nous enrichissons, plus nous générons de déchets

La Journée mondiale de l'environnement est un moment propice pour penser à de nouvelles façons de produire, de consommer et de réduire nos déchets.
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L'ingéniosité humaine est une chose étonnante. De l'éclairage électrique au courriel, les idées les plus créatives ont permis d'améliorer nos vies. Nous vivons dans un monde merveilleux où les exploits des hommes sont une source inépuisable d'inspiration. Alors même que je rédige ces lignes, l'équipage de Solar Impulse II - un avion solaire fonctionnant sans aucun carburant - se déplace au-dessus de nous en nous faisant espérer qu'un vol sans pollution soit possible.

Mais nous vivons aussi dans un monde inquiétant, un monde dans lequel les bénéfices au quotidien de ces innovations ne profitent pas aux populations les plus pauvres, un monde où les gouvernements doivent encore s'accorder sur les solutions pour lutter contre le changement climatique, un monde enfin où l'on continue à prendre davantage à notre planète que ce qu'elle peut fournir.

La Journée mondiale de l'environnement est un moment propice pour se tourner vers les innovations qui nous permettront de réduire notre empreinte écologique sur la Terre et de trouver de nouvelles façons de produire, de consommer et de réduire nos déchets.

D'ici à 2050, les villes vont façonner le monde. Les citadins représenteront environ 75% du PIB, ils consommeront 75% de l'énergie et des ressources naturelles exploitées, et ils seront responsables d'environ 75% des émissions globales de dioxyde de carbone et des déchets générés. Nombre d'entre eux auront une vie agréable. Ils auront accès aux technologies modernes et, dans un scénario tendanciel, ils parcourront sans doute de plus longues distances pour aller à l'école, au travail et pour leurs loisirs; ils auront des réfrigérateurs, des machines à laver et des téléviseurs.

Ils vivront dans l'abondance, consommeront beaucoup et gaspilleront tout autant. En résumé, leur vie sera marquée par des modes de consommation et de production non-durables.

Aujourd'hui, l'un des plus grands défis auxquels doivent faire face les municipalités est la gestion des déchets: déchets solides, déchets électroniques et traitement des eaux usées. Or, plus nous nous enrichissons, plus nous générons de déchets. Dans les pays en développement, plus de 90% des eaux usées vont directement dans les rivières, les lacs et les zones côtières sans traitement, mettant ainsi en danger la santé, la sécurité alimentaire et la fourniture d'eau potable. À l'échelle mondiale, six lits d'hôpital sur dix sont occupés par des patients souffrant de maladies liées à l'eau.

Nous gaspillons également trop de nourriture. Alors que nous jetons un tiers de la nourriture produite, près d'un milliard de personnes, dont certaines dans les pays industrialisés, souffrent de la faim et 20 000 d'entre elles en meurent chaque jour.

Ces pratiques de gaspillage mettent en péril notre Terre. Dans l'intérêt de la planète et des gens qui la peuplent, nous devons trouver d'autres façons de vivre. Mais changer notre mode de vie ne signifie pas qu'il faut renoncer au bonheur, à la prospérité ou à la santé. Nous devons plutôt modifier notre définition et notre évaluation de ce qui fait la qualité de vie. Adopter un style de vie durable implique une certaine responsabilité. Et cela permettra de laisser aux générations futures une planète sur laquelle elles pourront s'épanouir et prospérer.

Selon le Programme des nations unies pour le développement, si les modes de production et de consommation se maintiennent au niveau actuel, l'indicateur mondial de développement humain s'effondrera de 8 à 15%, avec des pertes bien plus significatives dans les régions les plus pauvres. Nous devons empêcher que cela arrive.

Il faut notamment rompre le lien entre le développement économique et les impacts environnementaux. Si les tendances démographiques et de consommation actuelles se poursuivent, l'humanité aura besoin de l'équivalent de deux planètes pour vivre en 2030. Des recherches menées par le Programme des nations unies pour l'environnement (PNUE) indiquent que d'ici à 2050, nous aurons englouti 140 milliards de tonnes de minerais, d'énergies fossiles et de biomasse chaque année - trois fois, ce que nous consommons aujourd'hui - si nous ne parvenons pas à briser ce lien.

Pour un développement vraiment durable, il faut faire plus et mieux, avec moins. Nous aurons besoin de produits et de services économes en ressources, qui minimisent les risques sur notre santé et sur l'environnement et qui seront développés dans de meilleures conditions de travail.

Pour parvenir à ce résultat, il faudra exploiter tout ce que l'ingéniosité des hommes peut offrir, penser de façon collaborative, être créatifs et innovants. Il faudra aussi trouver des solutions à moindre impact et à faible émission de carbone pour les pays en développement dont la classe moyenne émergente a les mêmes aspirations et le même désir d'une vie meilleure comme celle que certains d'entre nous vivent déjà. C'est l'un des grands défis de notre époque.

D'ici à 2030, la classe moyenne aura au moins doublé, avec une forte progression dans les pays en développement et les économies émergentes. Ses membres voudront des maisons qui correspondent à leur nouveau statut, alors qu'en 100 ans le rythme d'extraction des matériaux de construction a déjà été multiplié par 34.

Ils souhaiteront aussi acheter des climatiseurs, des voitures, des lave-vaisselles, alors que l'extraction de minerais pour un usage industriel a été multipliée par 27 en un siècle.

Chaque décision que nous prenons en tant que consommateur est importante. Et pourtant, sommes-nous vraiment préparés à faire les bons choix quand on voit la multitude et l'hétérogénéité des informations sur les produits? En Europe, une étude a montré que 72% des consommateurs déclarent vouloir acheter des produits «verts», alors que seulement 17% le font réellement.

Au PNUE, nous abordons ces différents aspects d'une vie meilleure à travers le Cadre décennal de programmation sur les modes de consommation et de production durables (10YFP). Il s'agit d'un ensemble de programmes qui a pour objectif d'accélérer la transition vers des modes de consommation et de production durables, en collaborant avec les gouvernements, les décideurs politiques, les associations professionnelles et la société civile. Nous avons déjà lancé des programmes sur l'information des consommateurs, les styles de vie et l'éducation, les achats publics, les bâtiments et le secteur de la construction, le tourisme et, bientôt, sur les systèmes alimentaires.

Ces programmes sont les premiers jalons pour favoriser une évolution des comportements qui est nécessaire si nous souhaitons vivre de façon plus durable. Mais tous les voyages ont un point de départ. Pour arriver à destination et adopter des styles de vie durables, je vous invite à adopter le thème de la Journée mondiale de l'environnement cette année «Sept milliards de rêves. Une planète. Consommons avec modération».

Et j'ajouterais simplement: soyez créatifs et ayez de grandes aspirations, car c'est dans les idées et les rêves que l'on trouvera les solutions.

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