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Airbus lève le voile sur son projet d’Ariane 6 réutilisable

+ VIDEO L’ex-EADS a travaillé en secret sur deux projets très avant-gardistes, qui pourraient changer radicalement le monde des lanceurs.

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Un lancement de satellites par Ariane 5 le 26 avril 2015 à Kourou en Guyane.

Par Alain Ruello

Publié le 7 juin 2015 à 11:25

Quand SpaceX essaye de récupérer en mer le premier étage de sa fusée Falcon 9, mais rien que le premier étage, Airbus imagine lui une Ariane 6 100% réutilisable, ou presque. L’ex-EADS a dévoilé ce vendredi deux projets menés dans le plus grand secret depuis plus de cinq ans et à même de renvoyer son concurrent américain dans les cordes en matière d’innovation. Il y a de quoi ! Aussi simples dans leurs concepts qu’envoûtants à imaginer, ces deux projets laissent entrevoir une rupture sans précédent dans les technologies de lanceurs, même si tout cela reste encore à un stade très précoce.

Récupérer le moteur

Le prédicat de départ, au fond, est assez basique, a expliqué François Auque, le directeur général de la division systèmes spatiaux d’Airbus : un lanceur est composé d’un étage principal, qui le fait décoller, et d’un étage supérieur, qui assure la mise en orbite du satellite.

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Le premier ne va pas très loin, mais c’est surtout le moteur qui vaut la peine d’être récupéré car il coûte très cher. Pour cela, une poignée d’ingénieurs d’Airbus isolés dans un hangar du site des Mureaux (Yvelines) (façon garage d’Apple), ont planché depuis 2008 pour mettre au point un démonstrateur. Dénommé « Adeline », il se présente comme un premier étage doté de deux empennages capable de revenir intact sur une piste d’aviation grâce à deux turbo-propulseurs. C’est en quelque sorte un « kit » adaptable à n’importe quel lanceur, résume Marc Prampolini, son inventeur, qui a passé plus de quinze ans à plancher sur les lanceurs réutilisables.

Une fois vérifié qu’il est apte au service, le moteur peut repartir au bout d’un mois sur une autre fusée (le temps de la préparer), et ainsi de suite dix à vingt fois. « La solution est intrinsèquement très sûre : on fait revenir un avion qui protège un moteur », explique Hervé Gilibert, directeur technique de la division, avec à la clé, assure-t-il, un gain de 30 % sur le coût de lancement. Premier essai complet visé en 2018 pour une mise en œuvre au milieu de la décennie suivante, à condition évidemment que l’Agence spatiale européenne convainque des Etats membres de financer le projet...

Double avantage

Pour l’étage supérieur, c’est encore plus futuriste. Comme cet étage va très loin, il faudrait énormément de carburant pour le ramener. Airbus a donc imaginé quelque chose de radicalement différent : un véhicule, sorte de remorqueur de l’espace qui tourne autour de la terre à quelques centaines de kilomètres d’altitude, et à qui une fusée amène le satellite et du carburant pour qu’il puisse grimper plus haut, lâcher le satellite sur son orbite, revenir sur son « parking » et attendre sa prochaine mission (voir la vidéo).

L’avantage du concept ? Il est double, assure Hervé Gilibert. Le satellite n’a plus besoin de carburant et se limite à sa charge utile. Plus léger, il est donc a priori moins cher. Qui plus est, le lanceur qui l’amène depuis la terre ne fait pas un grand voyage pour rejoindre le remorqueur. Il est donc lui aussi moins cher. Si, en plus, il est équipé d’un étage principal « Adeline », la boucle est bouclée !

S’assurer du modèle économique

Science-fiction ? Peut-être pas, mais tout cela ne verra pas le jour, si cela doit être le cas, avant 2035, convient Airbus. Il faudra encore prouver la faisabilité des concepts, trouver les financements, et - surtout - s’assurer que le modèle économique tienne la route.

Adeline est plus mûr, mais pour devenir réalité, il faut que le nombre de satellites à lancer par an soit plus important qu’il ne l’est actuellement. Autrement dit, réutiliser le moteur s’avérera moins cher qu’en fabriquer un nouveau, si les cadences de tirs augmentent. Les projets de constellation de satellites comme celui de Google montrent que c’est le vent de l’histoire aujourd’hui. Mais après demain ?

Pour François Auque, la priorité « absolue » reste donc de mettre en service Ariane 6 en 2020 comme prévu, d’autant que l’agence spatiale européenne - son client - s’impatiente. Pour sa version réutilisable, on verra après.

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