Sportif de haut niveau, salaire de bas niveau
TEMOIGNAGE - Alors que les députés ont voté lundi soir une proposition de loi socialiste visant à protéger les sportifs de haut niveau de la précarité, la kayakiste Emilie Fer, championne olympique à Londres en 2012, nous parle de sa situation.

Emilie Fer est championne olympique 2012 et championne du monde 2013 de kayak. Aujourd'hui, à 32 ans, elle "ne considère pas gagner (sa) vie" grâce à son sport. Concrètement, elle touche chaque mois 1.500 euros de chômage et un sponsor l'aide à hauteur de 1.000 euros. Chaque année, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) lui verse 3.000 euros "comme aide à l'entraînement". "Et je suis loin d'être à plaindre", reconnaît Emilie Fer, qui a touché une prime de 50.000 euros pour sa médaille d'or olympique. "Il y en a qui travaillent à côté, d'autres qui sont aidés par leurs parents et ceux qui galèrent...", ajoute-t-elle, contactée par leJDD.fr.
En commission, la proposition de loi socialiste visant à protéger les sportifs de haut niveau de la précarité avait recueilli l'avis favorable de tous les groupes parlementaires. Il en a été de même lundi soir dans l'Hémicycle. "On ne peut pas vouloir que les sportifs français gagnent des médailles et ne pas leur donner de statut", défend le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard .
"Nous vivons pour le sport, mais le sport ne nous fait pas vivre"
Loin des millions du football notamment, de nombreux sportifs galèrent pour joindre les deux bouts. "J'ai vu certains sportifs qui n'arrivent pas à payer leurs factures à la fin du mois. C'est compliqué d'être performant dans ces conditions", explique l'escrimeuse - et ingénieure aérospatiale - Astrid Guyart, qui est à l'initiative d'une tribune , signée par 46 autres sportifs de haut niveau, dont le biathlète Martin Fourcade , l'ancien footballeur Eric Carrière et le perchiste Renaud Lavillenie .
La tribune des sportifs :
"Si notre statut est amateur, nous nous entraînons comme des professionnels (…) Nous vivons pour le sport mais pour la plupart, le sport ne nous fait pas vivre", peut-on notamment y lire.
Gérer entraînement - à raison de deux séances par jour - et études est l'une des principales difficultés rencontrées par ces sportifs. "A l'époque, avec aucun aménagement, je n'ai pas réussi cet exercice-là", explique Emilie Fer. "Nous commençons pour la plupart le sport de haut niveau très tôt, avant même d'avoir fini nos études du secondaire. Ensuite, c'est très difficile de vivre de notre sport, le canoë kayak. Il faut s'en sortir le temps de notre carrière et entrer enfin dans la 'vie active' après. Difficile sans diplôme...", complète la sportive, qui s'entraîne avec Boris Neveu, champion du monde et champion d'Europe en titre, sous la houlette de Sylvain Curinier.
L'après-carrière? "Je sais que je m'en sortirai"
La suite, elle l'envisage "sereinement". "Je sais que je m'en sortirai", indique Emilie Fer, qui aimerait travailler dans la petite enfance. La proposition de loi examinée par le Parlement va notamment imposer aux fédérations d'assurer le suivi socio-professionnel des athlètes, "une fois leur carrière terminée", en lien avec l'Etat, les entreprises et les collectivités territoriales. "Il est impératif que les fédérations, par l’intermédiaire d’une personne disponible et formée à ces questions, soient l’interlocuteur premier des athlètes et les accompagnent dans la construction d’un projet professionnel adapté à leur carrière sportive", précise l'article 6.
Mais l'heure de l'après-carrière n'est pas encore arrivée pour Emilie Fer, dont le regard est aujourd'hui tourné vers les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro (Brésil) en 2016. D'ici là, les entraînements se poursuivent. Et le corps continue d'endurer les nombreuses séances. Si elle possède une mutuelle, la kayakiste n'a pas de complémentaire santé. "J'espère ne pas avoir à faire au médical en ce moment. J'espère que ça ne va pas durer", confie-t-elle, affirmant que c'est, à ses yeux, l'un des points les plus importants, avec la possibilité d'aménager les études.
La course d'Emilie Fer en finale aux JO de Londres en 2012 :
Justement, le texte de loi crée "un dispositif de couverture 'accident du travail, maladies professionnelles' pour les sportifs de haut niveau" (article 7). "C'est un scandale qui est réparé", estime Thierry Braillard, précisant que les fédérations auront l'obligation de souscrire une assurance individuelle accident pour ses sportifs inscrits sur la liste du haut niveau. Selon un rapport établi par le juriste du sport Jean-Pierre Karaquillo, environ 5.000 des 6.500 sportifs de haut niveau ne sont pas salariés, et donc pas couverts en cas d'accident sportif.
"C'est une avancée pour éviter le drame humain", se félicite Astrid Guyart dans Le Parisien . Mais si la loi permet des avancées, elle ne "fera pas disparaître la précarité financière". "Plus on accélérera le suivi socioprofessionnel, plus on accédera à des formations compatibles qui assureront d'entrer sur le marché du travail et de sortir de la précarité", plaide, en guise de conclusion, l'escrimeuse, qui a été auditionnée dans le cadre du rapport Karaquillo.
Source: leJDD.fr

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