Environ 50 000 emplois supprimés dans le monde, d’ici à la fin de 2017, sur un total de 266 000, selon les chiffres officiels : le géant bancaire britannique HSBC a dévoilé un plan de restructuration choc, mardi 9 juin à l’aube, qui le verra supprimer 25 000 emplois d’ici 2017, particulièrement dans le « back office », auxquels il faut ajouter 25 000 emplois qui viennent des ventes des filiales turque et brésilienne, déjà annoncées mais pas encore effectives.
Ce régime minceur, qui s’accompagne d’un renforcement des activités en Asie, berceau historique du groupe, doit lui permettre de réduire ses coûts de près de 5 milliards de dollars (soit 4,4 milliards d’euros) par an à cet horizon. Il est à la mesure de la tempête qu’affronte désormais la plus grosse banque de l’Union européenne, également dans le top 5 mondial, mais qui est confrontée à une baisse de sa rentabilité et s’est retrouvée impliquée dans plusieurs scandales financiers majeurs.
Le dernier en date, et le plus spectaculaire aussi, s’appelle « SwissLeaks ». Il a été révélé en février par Le Monde, avec soixante médias internationaux fédérés au sein du consortium de journalisme d’investigation américain ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists, ou Consortium international pour le journalisme d'investigation). Il porte sur la mise en place, depuis la Suisse, d’un vaste système de fraude fiscale. Des procédures judiciaires sont ouvertes dans plusieurs pays, dont la France.
Une boulimie non maîtrisée
HSBC, conglomérat bancaire né à Hongkong en 1865 pour financer le commerce de l’opium, et présent dans 80 pays dans le monde, très centré sur l’Asie, vacillerait-il ? Jusqu’en 2011, l’effet taille lui avait très largement profité. Ses activités asiatiques florissantes lui avaient permis de bien résister à la crise américaine des subprimes (crédits immobiliers à risques) commencée en 2007-2008, et devenue la plus grave crise financière mondiale depuis 1929. La banque était restée bénéficiaire, et ce largement, quand ses concurrentes britanniques avaient dû être sauvées par l’argent public.
Mais, depuis quatre ans, HSBC est rattrapée par les effets pervers de ce gigantisme et connaît une sévère crise de croissance. Sa boulimie d’acquisitions des années 1998 à 2007, qui l’a vue acheter des banques en Amérique latine, au Mexique, aux Etats-Unis, en Turquie, en France et en Suisse, n’a visiblement pas été maîtrisée.
La rentabilité n’est pas au rendez-vous, notamment dans la banque d’investissement, son talon d’Achille. La culture de la régulation ne s’est pas diffusée. Les défaillances de contrôle des activités sont manifestes et mettent HSBC en danger, au point que le groupe est cité dans toutes les affaires du moment, du blanchiment d’argent de la fraude fiscale ou de la drogue aux scandales de manipulation des taux en passant par la vente de produits financiers toxiques…
Le nouveau plan, qui confirme l’ancrage du groupe en Asie, permettra-t-il à HSBC et à son directeur général Stuart Gulliver de reprendre la main ? Suffira-t-il ? Ce plan est le deuxième en quatre ans, le groupe ayant déjà réduit ses effectifs de 50 000 employés entre 2011 et 2013 et vendu plus de soixante-dix filiales.
anne.michel@lemonde.fr
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