
PRIMAIRE - Fallait-il vraiment décider tout de suite des modalités de la primaire qui désignera le candidat de la droite (et peut-être du centre) à la présidentielle de 2017? Après tout, son principe et ses contours sont actés dans sa "Charte d'organisation", adoptée par le bureau politique de l'UMP et dûment validée par les militants lors de l'adoption des nouveaux statuts du parti. Quant au calendrier, celui-ci ne prévoit pas de vote avant les 20 et 27 novembre 2016, soit dans un an et demi. De quoi laisser largement le temps à la direction et aux écuries des candidats de se préparer.
Problème: chez Les Républicains comme dans l'ex-UMP, le diable se cache dans les détails. Et les rivaux de Nicolas Sarkozy redoutent encore et toujours que l'ancien président de la République ne traîne des pieds dans l'organisation de cet événement stratégique pour mieux sauter le dernier obstacle avant sa reconquête de l'Elysée.
C'est pour calmer ces inquiétudes (et ne pas relancer la crise interne qui couve) que les 120 membres du bureau politique des ex-UMP se sont réunis ce mardi soir au siège du parti pour se mettre d'accord sur la composition de la Commission nationale d’organisation de la Primaire. Dirigé par le lemairiste Thierry Solère, dont le travail sur la définition de la primaire ouverte avait fait l'unanimité, ce comité sera composé de 14 membres, principalement des proches des candidats déclarés ou pressentis au scrutin de 2016.
Elle comprend également le président du Sénat, Gérard Larcher (filloniste), l'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (juppéiste) et les présidents des groupes parlementaires, Christian Jacob et Bruno Retailleau. .es numéros deux et trois du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, pourtant candidats potentiels seront aussi de la partie.
Cette Commission nationale d’organisation va désormais pouvoir plancher sur les modalités et les pièges du scrutin. Pourtant autant, le plus dur reste à faire.
Qui va contrôler la primaire?
C'est un des points sensibles que le bureau politique du parti "Les Républicains" n'a pas tranché: la composition de la Haute autorité de la primaire qui sera chargée de veiller à la sincérité et au respect des règles de l'élection. Quatre membres au-dessus de tout soupçon doivent être désignés et approuvés par la totalité des écuries pour éviter à tout prix de revivre les errances de la tristement célèbre Cocoe. Malgré le bon bilan de l'autorité sortante de l'UMP, qui était rpésidée par la juriste Anne Levade, le BP de ce mardi a renvoyé la question à la rentrée de septembre.
Qui va participer?
La primaire sera ouverte, voilà qui est acquis mais jusqu'à qui? Soutenu par une majorité d'électeurs centristes, Alain Juppé a fait de l'ouverture du scrutin à l'UDI et au Modem la pierre angulaire de sa participation. Sans primaire ouverte, il se portera directement candidat à la présidence de la République.
Pour l'heure, l'UDI a renvoyé à l'an prochain le principe de sa participation et le Mouvement démocrate de François Bayrou a refusé de concourir tout en affichant sa proximité avec Alain Juppé.
Signe que Les Républicains entendent bien ouvrir le scrutin à leurs partenaires, le communiqué adressé ce mardi par le BP précise que la "Commission nationale d’organisation de la Primaire sera élargie pour accueillir les représentants des partis et groupements politiques qui décideront de concourir". En clair, jusqu'ici tout va bien.
Qui pourra voter et où?
Pas d'inquiétude sur les règles du scrutin, fixées par la Charte d'organisation de la primaire: la campagne officielle débutera le 13 septembre et le vote sera ouvert à tout électeur inscrit sur les listes électorales. Le vote par procuration sera prescrit et les électeurs seront invités à signer un texte indiquant "Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m'engage pour l'alternance afin de réussir le redressement de la France".
Reste à déterminer où ces électeurs pourront déposer leur bulletin dans l'urne. Dans les permanences de l'UMP? L'idée ne séduit guère Alain Juppé qui joue sa victoire sur la capacité de la primaire à attirer des électeurs non-encartés au parti. D'où sa requête qu'un maximum de bureaux de vote soient implantés dans des terres centristes. La moitié des bureaux seront répartis "de manière linéaire dans les 577 circonscriptions, les 5.000 autres le seront en fonction du poids politique de la droite et du centre", a d'ores et déjà fait savoir Thierry Solère. Mais nul doute que la définition de la carte électorale fera l'objet d'intenses négociations.
Qui va payer?
Dernier point crucial sur lequel le trésorier Républicain et la Commission d'organisation vont devoir se pencher très vite: le financement d'un scrutin national (outre-mers incluses) pouvant attirer plusieurs millions de participants. Sur le papier, l'opération peut être rentable. La primaire socialiste de 2011 était largement rentrée dans ses frais. Et l'ex-UMP a fixé la participation minimale à 2 euros (un de plus qu'au PS) par électeur et par tour. Mais en attendant de récolter ces oboles, le parti conservateur va devoir avancer les frais de cette consultation, estimés entre 4 et 5 millions d'euros. Une somme difficile à réunir quand on est déjà endetté à hauteur de 74 millions d'euros.
La disette budgétaire qui risque de frapper Les Républicains est d'autant plus embarrassante qu'elle risque de poser la question de l'égalité de traitement entre les candidats. Leurs dépenses de campagne seront-elles plafonnées? Une somme forfaitaire leur sera-t-elle allouée par le parti? "Nicolas Sarkozy a demandé que la primaire soit auto-financée mais le BP pourrait décider d'accorder une dotation aux candidats", a indiqué Thierry Solère. Là encore, la Commission d'organisation va devoir trouver des solutions qui contentent tout le monde.