Le coup de sang de Bernadette Chirac
L'ex-première dame est très remontée contre le redécoupage qui supprime son canton de Corrèze.
Bernie voit rouge. Bernadette Chirac se lance dans son dernier combat : sauvegarder le canton de Corrèze où elle est élue sans discontinuer depuis 1979. L'épouse de l'ex-président de la République est bien décidée à tenir la dragée haute à la gauche qui, dans le cadre du redécoupage électoral, a rayé son canton de la carteâ?¦
Ce matin, dans le quotidien local « la Montagne », Bernadette Chirac sonne le tocsin. « C'est la disparition pure et simple du canton de Corrèze », dénonce-t-elle, « blessée » et « sceptique » sur la façon dont la carte des cantons a été redécoupée en vue des élections de 2015. Le département de François Hollande doit passer, selon les premières moutures du projet, de 37 à 19 cantons, plus peuplés. Mauvaise surprise : le fief des Chirac est tronçonné en trois morceaux et passe aux oubliettesâ?¦ Explication d'un élu local PS : « On pensait qu'elle ne se représenterait pas, on a peut-être fait une erreur d'appréciation. »
Poussée vers la sortie, lâchée y compris par certains élus locaux de droite, Bernadette Chirac n'apprécie pas. Mais alors pas du tout. « Effacer trente ans de travail d'un coup de crayon est à ses yeux inacceptable », confirme l'entourage proche de l'ex-première dame que nous avons jointe hier. D'autant que, Bernie, toujours adjointe de Sarran, maintient le suspense sur une nouvelle candidature. « Elle est très remontée et je peux vous dire qu'elle se battra jusqu'au bout, son canton elle y tient mordicus », confie Sophie Dessus. La députée PS, qui avait fait l'objet d'Å?illades appuyées de Jacques Chirac devant les caméras du « Petit Journal », est elle-mêmeâ?¦ redécoupée.
Hollande face à un dilemme
Connue pour sa ténacité, Bernadette a donc commencé à toquer aux portes. Celle du ministre de l'Intérieur, qui supervise le redécoupage : Manuel Valls et son conseiller Yves Colmou l'ont reçue le 2 décembre pendant une heure « à la demande de Mme Chirac », précise la Place Beauvau. Mais elle s'est aussi rendue à l'Elysée. Bernard Combes, conseiller aux élus et affaires corréziennes du chef de l'Etat (et maire PS de Tulle), l'a également reçue le 12 décembre à l'hôtel de Marigny, une annexe de l'Elysée. Présentant son propre projet de carte électorale, Bernie, visiblement vexée, aurait même fait un sous-entendu : « Vous savez, j'ai été très gentille avec François Hollandeâ?¦ » Et la conseillère générale de faire référence aux iPad distribués aux collégiens de Corrèze quand Hollande présidait le département : « J'ai voté contre mes amis politiques et ils m'en ont beaucoup voulu, je suis peut-être en train de le payer. »
L'épouse de Jacques Chirac ne s'est évidemment pas arrêtée là. Elle a ainsi rencontré récemment Hollande sur le sujet. Voilà donc le président saisi de plusieurs projets de redécoupage : celui du ministère de l'Intérieur et celui de Bernadette Chirac. Cruel dilemme : faut-il sacrifier Bernadette, et donner un coup de canif à son amitié avec les Chirac en prenant le risque de fâcher les Corréziens qui leur sont toujours attachés? Le président n'en a décidément pas fini avec son ancien département. Cette semaine, il accueillait à l'Elysée les truffiers, venus lui faire déguster l'or noir de Corrèze.