Depuis quelques mois, le gouvernement mène une campagne tous azimuts pour la laïcité. En cause, l’augmentation de la radicalisation avec de plus en plus de ressortissants tadjiks qui rejoignent les rangs de Daech [acronyme arabe pour Etat islamique, EI]. Dernière mesure en date, une loi pour interdire les prénoms à consonance musulmane.
Cela concernerait les nouveau-nés en priorité, mais une liste suggérant des prénoms plus locaux a aussi été publiée pour les adultes. Le président lui-même donne l’exemple, puisque son nom, Emomali Rahmon, est une adaptation d’Imam Ali, nom du beau-fils du prophète Mahomet.
Bannir le voile, contrôler les mosquées
Le site Eurasianet rapporte que “le jour de la fête des mères, le président Emomali Rahmon a vivement critiqué le port du voile noir, signe d’un islam conservateur selon lui”. Concrètement, le gouvernement souhaite interdire le voile pour les écolières, les mosquées aux mineurs et incite les étudiants partis à l’étranger étudier dans des écoles islamiques à revenir dans leur pays. Récemment, plusieurs mosquées indépendantes ont dû fermer, et les imams sont vivement encouragés à louer le président.
Cas de rasages forcés
Selon le site tadjik Ozodi, des arrestations massives avaient déjà eu lieu l’an dernier à la veille du sommet de l’OCS, sur le marché de Douchanbe. Un témoin raconte : “La police m’a arrêté sur le marché, ils m’ont emmené au poste pour prendre mes empreintes digitales et me photographier. Et puis ils m’ont emmené dans une salle avec des outils préparés pour le rasage. Ils m’ont mis la tondeuse dans la main et m’ont forcé à me raser. Pour moi, c’est inconcevable de renoncer à ma barbe, je l’ai toujours portée et cela correspond à la tradition chiite de l’islam.”
Le site Regnum relate de son côté qu’à la suite des cas de rasages forcés, le ministère de l’Intérieur a fait une déclaration publique niant l’existence de toute directive officielle.
En novembre, le Comité national de la sécurité a annoncé que 300 ressortissants tadjiks étaient entrés dans les rangs de Daech, selon l’agence de presse russe Interfax. La dernière tentative visant à interdire le hidjab remonte à 2007, lorsque le ministère de l’Education avait interdit aux jeunes femmes de porter le voile à l’école. L’expérience avait échoué, dans ce pays qui compte le plus de musulmans d’Asie centrale.