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Médicaments: l'Autorité de la concurrence favorable à la vente hors des pharmacies

L'Autorité de la concurrence veut que la vente de certains médicaments en dehors des officines soit autorisée.

L'Autorité de la concurrence veut que la vente de certains médicaments en dehors des officines soit autorisée. - -

Dans un avis rendu ce 19 décembre, le régulateur se dit favorable à l'ouverture de la vente de certains médicaments et produits, comme les tests de grossesse ou d'entretien pour lentilles, dans les parapharmacies ou les supermarchés. Mais ces ventes doivent être strictement encadrées.

L'Autorité de la Concurrence veut faire baisser le prix des médicaments. Et pour elle, le seul moyen est de mettre fin au monopole des pharmaciens. Dans un avis publié ce 19 décembre, l'Autorité se dit "favorable à une ouverture limitée et encadrée de la distribution de medicaments" aux grandes surfaces et aux parapharmacies. Marisol Touraine, ministre de la Santé, a déjà fait savoir qu'elle était opposée à cette idée.

L'Autorité se dit convaincue que, au regard des exemples étrangers, ces commerces ont des capacités de négociation très fortes auprès des fournisseurs qui auront une influence sur les prix de vente aux consommateurs. Et en tout cas aller bien plus loin que les écarts de prix de 1 à 4 actuellement constatés entre officines.

Mais elle milite pour une libéralisation llimitée et encadrée. Ainsi le régulateur n'appelle pas "à une refonte totale de la distribution du médicament en ville,qui pourrait être nuisible à la politique de santé publique" mais souhaite "une adaptation du secteur aux nouveaux modes de commercialisation et aux nouvelles attentes des consommateurs sur un nombre relativement limité de produits."

Mettre fin aux monopoles sur les tests de grossesse

Sont ainsi visés certains monopoles officinals sur des produits comme les autotests d’ovulation et de grossesse, les autotests de glycémie, les produits d'entretien pour lentilles. L'Autorité doute que l'existence de ce monopole soit nécessaire pour assurer la santé publique, alors qu'au sein de l'Union européenne, ils sont déjà en vente libre.

Autres produits qui seraient aménés à sortir des rayons des pharmacies : les médicaments sans ordonnance (OTC) non remboursés. Autrement dit tout ceux que les consommateurs achètent pour un rhume ou un mal de tête. Ils représentent un marché de près de 2,2 milliards d'euros par an, et l'Autorité estime que 270 millions par an pourraient être économisés avec l'ouverture à la concurrence de ce marché.

Mais pas question que ces produits figurent aux côtés des shampoings et des chewing-gum. Pour éviter leur banalisation et assurer la sécurité des clients, les médicaments devront être présentés dans des espaces séparés et un pharmacien diplômé devra être présent.

Préserver les revenus des pharmaciens

L'Autorité tient aussi à préserver le rôle du pharmacien et assurer la consolidation de ses revenus. En "tout état de cause, cette ouverture partielle ne remettrait pas en cause la viabilité des officines ni le maillage territorial", précise l'Autorité dans son avis.

L'automédication, pour laquelle est pratiquée un taux de marge brute de 34,1%,ne représente en moyenne qu’environ7% du chiffre d’affaires d’une officine. 

Les pharmaciens pourraient compenser la baisse de leur chiffre d'affaires en bénéficiant de nouvelles sources de revenus. Il est en effet envisagé qu'ils soient rémunérés pour des services et des conseils auprès de certains malades souffrant de pathologies chroniques. Le developpement de la vente en ligne, autorisée depuis un an, fait aussi partie des pistes évoquées par l'Autorité.

Enfin, pour que les pharmacies puissent pleinement participer au jeu de la concurrence, ils pourraient bénéficier d'un assouplissement du cadre réglementaire sur la publicité. Ils seraient ainsi autorisés à faire de la publicité tarifaire.

Coralie Cathelinais