
La ressortissante belge Irem Arf et le Britannique John Dalhuisen sont arrivés le 8 juin sur le sol marocain. Trois jours plus tard, ils sont renvoyés par les autorités locales, alors qu’ils menaient une enquête de terrain sur le droit des migrants et des demandeurs d’asile au Maroc. Interrogés respectivement à Oujda et Rabat par la police et privés de leur passeport, les deux experts ont finalement été contraints de quitter le territoire.
Le ministère de l’intérieur marocain a immédiatement justifié la décision de la police. Dans un communiqué, Amnesty International est accusée de ne pas avoir demandé « une autorisation préalable des autorités compétentes ». L’ONG assure pourtant que son équipe avait informé le Maroc de son projet et qu’elle avait reçu des assurances écrites et verbales autorisant la visite.
« Les autorités ont quelque chose à cacher »
Pour Amnesty International, ces expulsions incitent à penser que « les autorités ont quelque chose à cacher ». Dans un communiqué publié le 12 juin, l’organisation reproche au Maroc « d’entraver des recherches légitimes sur les droits humains et de museler toute critique dans le pays ». Depuis plus d’un an, Amnesty International rencontre des difficultés à mener à bien ses enquêtes dans le royaume. En octobre 2014, les autorités avaient déjà refusé l’entrée à une équipe d’enquêteurs et poussé l’ONG à annuler une deuxième mission prévue le mois suivant.
Les relations entre Amnesty International et le Maroc se sont notamment dégradées depuis la publication d’un rapport en 2014 dénonçant une pratique « endémique » de la torture dans le pays. Dans le cadre de la campagne « Stop torture », l’ONG a inclus le royaume dans la liste noire des pays concernés par ces pratiques. Une décision qui a provoqué la colère du gouvernement marocain, selon lequel « les conditions d’honnêteté et d’objectivité étaient totalement absentes de ce rapport ».
La situation des migrants en question
Tous les ans, des centaines de migrants subsahariens rejoignent le Maroc dans l’espoir d’atteindre les portes de l’Europe par sa frontière avec l’Espagne. Le royaume avait accepté en 2014 de régulariser les sans-papiers pour répondre à l’afflux de Subsahariens. Quelque 18 000 migrants sur les 27 000 présents sur le territoire ont depuis été régularisés. Mais le Maroc est toujours accusé d’atteintes aux droits des migrants.
De plus en plus d’associations s’insurgent du sort réservé à une partie d’entre eux qui vivent dans des conditions insalubres et subissent des violences policières. Parmi elles, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dénoncé, dans un communiqué rendu public en janvier, les violations des droits commises à l’encontre des migrants. Inquiète de leur situation, Amnesty International avait pour objectif de mener à son tour une investigation.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu