CONTESTATIONHong Kong: Les «parapluies» sont à nouveau dans la rue

Hong Kong: Les «parapluies» sont à nouveau dans la rue

CONTESTATIONLes organisateurs attendent 50.000 personnes...
Des manifestants prodémocratie tiennent des parapluies de couleurs lors d'un rassemblement devant le siège du gouvernement pour marquer un mois de manifestations de masse à Hong Kong, le 28 octobre 2014
Des manifestants prodémocratie tiennent des parapluies de couleurs lors d'un rassemblement devant le siège du gouvernement pour marquer un mois de manifestations de masse à Hong Kong, le 28 octobre 2014 - Philippe Lopez AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le mouvement prodémocratie de Hong Kong espérait faire front uni dimanche dans la rue avant un vote au parlement local sur un projet de réforme électorale qui divise le territoire autonome chinois depuis des mois. Des dizaines de milliers de personnes dont de nombreux étudiants avaient manifesté quotidiennement à l'automne dernier contre cette réforme, paralysant une partie de la ville pendant deux mois avant d'être délogé manu militari par la police.

Depuis des dissensions se sont fait jour au sein du «Mouvement des parapluies» entre tenants de la confrontation totale et avocats du consensus. Toutes ses composantes devaient cependant être représentées dimanche.

«Nous voulons montrer à l'opinion publique que nous sommes rassemblés. Nous voulons montrer à la communauté internationale que la majorité refuse une démocratie tronquée», déclarait avant la manifestation Daisy Chan, porte-parole du Civil Human Rights Front. Les organisateurs attendent 50.000 personnes.

Une parodie de démocratie

La réforme tant décriée prévoit d'accorder le droit de vote à tous les Hongkongais majeurs pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017 alors que celui-ci est actuellement désigné par un comité de 1.200 grands électeurs majoritairement pro-Pékin. Le gouvernement estime que son projet fait faire un grand bond en avant à la démocratie dans l'ancienne colonie britannique revenue en 1997 dans le giron de la Chine.

Ses opposants fustigent de leur côté une parodie de démocratie dès lors que Pékin garde la main haute sur le processus puisque seuls deux ou trois candidats adoubés par un comité loyal au Parti communiste chinois (PCC) seront autorisés à se présenter.

Des rencontres de conciliation entre les militants d'une part, le gouvernement local et des responsables chinois d'autre part, sont demeurées infructueuses, chacun refusant de céder un pouce de terrain. La réforme doit recueillir les suffrages des deux tiers du Legislative Council (LegCo): elle n'a quasiment aucune chance de passer, les prodémocrates détenant plus d'un tiers des sièges. Le texte sera débattu à partir de mercredi pour un vote avant la fin de la semaine.

Les Hongkongais sont eux-mêmes très partagés: selon la dernière enquête d'opinion disponible, une majorité de 43% de sondés est pour la première fois opposée à la réforme, 41,7% y étant favorables. Avec le blocage assuré de la réforme, le débat sur l'avenir politique de Hong Kong devrait rester durablement dans l'impasse, prédisent les analystes.

Hong Kong jouit actuellement d'un statut à part

Le rejet annoncé du projet de réforme est déjà une victoire pour le «Mouvement des parapluies», nuance Surya Deva du département de droit de la City University. «Ils présenteront (ce rejet) comme une défaite du gouvernement parce que le projet du gouvernement est bâti entièrement autour du cadre» fixé par Pékin, note-t-il.

Hong Kong jouit actuellement d'un statut à part en vertu du principe «un pays, deux systèmes» qui lui accorde en principe une large autonomie par rapport aux provinces continentales. Mais certains craignent que les libertés ne s'estompent au profit d'une influence grandissante de Pékin.

L'accord de rétrocession à la Chine stipulait que le socialisme chinois ne serait pas exporté dans ce haut lieu de la finance internationale, rattaché pendant 155 ans à la couronne britannique. Le système économique, social et le mode de vie devaient rester inchangés.