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Migrants: faute de centre d'accueil, des Parisiens se mettent à les héberger

Les migrants ont récemment été évacués du camp qu'ils avaient établi à La Chapelle

Les migrants ont récemment été évacués du camp qu'ils avaient établi à La Chapelle - AFP

REPORTAGE - Alors que l'ouverture d'un centre d'accueil pour les migrants à Paris fait débat, certains habitants de la capitale ont décidé de prendre les devants en attendant que la municipalité trouve des solutions. Ils ont tout simplement décidé d'héberger des migrants chez eux.

Que faire des migrants qui errent dans certains quartiers de Paris? A cette question, les réponses diffèrent. Ainsi, la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), se dit favorable à la création d'un centre de migrants dans la capitale. Une éventualité rejetée, entre autres, par l'ex-ministre du Budget Eric Woerth (Les Républicains) qui a déclaré ce dimanche sur France 3: "Les centres, on n'arrive pas à en sortir, parce que d'abord, c'est toujours trop petit".

Mais en attendant que cette question soit tranchée, à Paris, depuis l’évacuation du campement de La Chapelle, 160 demandeurs d’asiles ont été pris en charge. Mais une centaine d’autres alternent entre hébergements d’urgence et retour à la rue. Alors certains Parisiens ont décidé de prendre les devants et d'héberger quelques-uns de ces migrants chez eux. C'est le cas par exemple de Léa qui en accueille huit.

"Ça s'est fait naturellement"

"Je ne me suis pas posé la question 30 000 fois. Il y a vraiment la place ici, explique cette jeune étudiante de 22 ans. On était dans l'urgence… C'était le premier soir… Et après ça s'est fait naturellement. Le lendemain, j'ai dit que j'avais encore de la place et voilà". Parmi ces migrants, il y a Oussman, venu du Niger. Un café chaud à la main, confortablement installé dans un fauteuil, il savoure l'instant présent.

"Ici, il n'y a pas trop de mouvements, pas trop de pagaille. Il n'y a pas de saleté. Tu dors bien, tu manges tranquille, tu peux prendre des douches… On est comme une famille", se réjouit-il. Héberger des migrants bénévolement, c'est une première pour Léa. Mais ce n'est pas tous les jours de tout repos. "La cohabitation se passe très bien, indique-t-elle dans un premier temps. Mais, parfois, comme ils ne connaissent pas Paris, on a un peu l'impression d'être en colonie de vacances. Il faut les regrouper, s'assurer qu'ils descendent au bon arrêt de métro…"

"On s'en fout que ça soit illégal"

Gabriel a lui aussi décidé d'héberger un migrant chez lui pour quelques temps. "C'est une amie qui m'a décrit leur situation, qu'ils venaient de se faire violemment expulser d'un camp et que si on pouvait en héberger ça serait bien", renseigne-t-il. Et de poursuivre: "J'en ai parlé avec ma copine, il n'y avait pas de problème. On a une chambre avec un canapé donc on héberge". Le jeune homme ajoute, en colère: "Il faut que l'Etat sache qu'on s'en fout que ça soit illégal parce que c'est inconcevable d'interdire d'aider un être humain !"

Mais, Léa et Gabriel le savent: pour un migrant, cette solution n'est que provisoire et ne change rien à ses problèmes. "Ça ne sera jamais chez lui. Il sait que ce n'est pas ça avoir une vie. Avoir une vie, c'est pouvoir se déplacer librement, penser à autre chose qu'à ses papiers, à sa situation, son hébergement…, détaille Léa. Ils viennent ici avec l'idée 'France, pays des Droits de l'Homme' en pensant retrouver 'liberté, égalité, fraternité' dont on a temps entendu parler. Mais au final, c'est une désillusion pour tout le monde". Alors que Léa déménagera de chez elle dans quelques jours. Oussman et les autres devront, eux, trouver un autre endroit où vivre.

Maxime Ricard avec Constantin de Vergennes