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« Il y aura un usage commercial de drones-cargos en 2019 »

Ancien journaliste à « The Economist » , Jonathan Ledgard dirige le centre de recherche Afrotech de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse). Les drones-cargos pourraient, selon lui, assurer un jour 10 à 15 % du transport de marchandises.

Propos recueillis par 

Publié le 15 juin 2015 à 17h39, modifié le 15 juin 2015 à 16h59

Temps de Lecture 4 min.

Un drone équipé d'une GoPro.

Ancien journaliste à The Economist , Jonathan Ledgard dirige le centre de recherche Afrotech de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse). Les drones-cargos pourraient, selon lui, assurer un jour 10 à 15 % du transport de marchandises.

Quand et où aura lieu le premier vol de drones-cargos ?

Nous prévoyons la première opération en février 2016. Elle se déroulera très probablement sur les rives rwandaises du lac Kivu, à Kibuye. Nous avons un soutien du gouvernement rwandais qui a montré un intérêt pour notre projet et a accepté de nous soutenir financièrement et logistiquement notamment en matière d’utilisation de son espace aérien et de développement technologique.

C’est très important pour nous que les gouvernements africains contribuent et s’impliquent dans ce projet en associant des compétences et des connaissances locales. Dans un futur proche, les drones-cargos pourront, je l’espère, survoler le lac Kivu et peut-être ainsi se rendre en République démocratique du Congo, si les tensions politiques s’apaisent. Nous voulons développer le concept du « drone-port » et démontrer son efficacité pour ensuite pouvoir en installer ailleurs. C’est un défi que de développer une technologie très haut de gamme, mais réaliste, au plus bas prix et au service des plus pauvres d’abord. Nous sommes optimistes.

Qui va penser et réaliser ces drones-ports ?

J’ai sollicité l’architecte britannique visionnaire Lord Norman Foster. Il a accepté et travaille chaque jour depuis janvier à concevoir ce drone-port. Lord Norman Foster a réalisé le plus grand aéroport de la planète, à Pékin. Il va réaliser le plus petit aéroport du monde en Afrique, le moins cher possible, et intégrant une myriade de technologies pour le rendre extrêmement intelligent. Car je crois que les Africains veulent des produits super-intelligents, à la pointe, et adaptés à leurs besoins. Et non plus des produits simples et très « XXe siècle » distribués par la plupart des ONG. Ils sont exigeants et au courant de l’évolution des nouvelles technologies. D’un point de vue technologique et économique, les drones-cargos sont révolutionnaires pour de nombreuses communautés africaines au XXIe siècle. C’est une première et nous l’avons pensé pour l’Afrique.

Avez-vous eu des échanges avec d’autres Etats africains pour accueillir votre projet ?

Nous discutons avec plusieurs autres pays africains, tels que l’Angola, le Botswana, l’Ouganda, la Tanzanie et le Mozambique. Nous recherchons d’abord un lieu plutôt sécurisé dans un pays où le gouvernement est ravi d’accueillir des drones et désire s’impliquer dans ce projet ambitieux. Il est crucial que les autorités locales participent en identifiant les besoins des populations défavorisées. Car nous tenons à ce que nos « cargo-port » se trouvent dans des zones pauvres et reculées où les drones livreront des produits de première nécessité tels que des médicaments, de la nourriture et des produits médicaux. Il est impératif que ce projet profite aux plus défavorisés et apporte une haute plus-value socio-économique.

Ensuite, nous espérons pouvoir contribuer à accélérer l’industrie et inciter les décideurs et les entrepreneurs à développer ce concept. Je prédis un usage commercial de drones-cargos en 2019. Il n’y pas que les Chinois qui peuvent développer des infrastructures en Afrique ! La construction de route est, certes, nécessaire et prioritaire. Toutefois l’argent fait encore défaut. Les drones-cargos représentent une alternative qui pourrait assurer 10 à 15 % du transport de marchandises.

Le Rwanda est l’un des pays les plus développés d’Afrique en matière de technologie et le président Paul Kagamé en a fait une priorité. Cela vous a-t-il aidé ?

Paul Kagamé est un des rares présidents africains à avoir une ambition technologique et une imagination pour projeter le Rwanda dans les prochaines décennies. Il est vrai qu’il pense vraiment l’usage des technologies au service des populations. Selon mes expériences personnelles, en tant qu’ancien correspondant de The Economist en Afrique de l’Est, il y a encore trop peu de dirigeants africains qui ont pris la mesure du pouvoir d’internet, de la robotique, des nanotechnologies, de la génomique ou de l’intelligence artificielle.

Hormis l’Afrique du Sud, il me semble que le Rwanda est l’un des rares pays où l’Etat embrasse l’innovation. Nous espérons que d’ici deux ou trois ans, des pays, tels que le Cameroun où il y a d’importants massifs montagneux et une véritable sensibilité aux technologies, nous solliciteront pour installer un cargo-port sur leur territoire.

Quels seront les coûts de livraison par drone et de l’installation de « drone-port » ?

A moyen-terme, un drone-cargo transportera 10 kilos pour moins de 4 000 dollars. Nous travaillons pour pouvoir offrir les prix les plus bas possibles. Actuellement, nous avons seulement des drones-cargos capables de transporter deux kilos pour moins de 1 000 dollars. Ce n’est pas suffisant, mais c’est encore expérimental.

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Pour ce qui est des « drones-ports », nous les pensons comme des stations essence du XXIe siècle ultra-intelligentes et tournées vers l’offre de services aux populations à très haute valeur-ajoutée à bas coût. Ces lieux, que l’on souhaite intégrés à l’environnement, intégreront plusieurs technologies de pointe telles que le cloud computing, des applications numériques de santé et autres, et produiront des énergies vertes. Au final, ce sera un mix entre une station essence à énergie solaire et un poste du futur, un grand marché africain, et un laboratoire technologique. Nous tablons sur un coût de construction qui oscille entre 350 000 et 400 000 dollars, mais on pense pouvoir encore réduire ce prix.

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