1989 est l’année de la fin de la guerre froide et de la chute du mur de Berlin. C’est aussi l’année où Jeb Bush, fils de Georges W. Bush, président des Etats-Unis [de 1989 à 1993], se rend au Nigeria. Alors âgé de 36 ans, il soutient la signature d’un contrat entre une entreprise américaine et le gouvernement nigérian, affirme Mother Jones dans une enquête consacrée à “l’affaire nigériane” de Jeb Bush.

A la clé, un contrat de 82 millions de dollars pour Moving Water Industries (MWI), une société de Floride. Soutenue par Jeb Bush, qui la recommande fortement auprès du dictateur [de 1985 à 1993] Ibrahim Babangida, l’entreprise, qui produit des pompes à eau industrielles utilisées pour la prévention des inondations, l’agriculture et les activités minières, s’implante dans le pays.

Dessous-de-table, financement douteux

Mais le magazine américain relaie un tout autre aspect de la transaction, qui s’appuie sur des milliers de documents officiels disponibles sur son site : “Plusieurs milliers de pages de documents judiciaires pointent le fait que la transaction s’est accompagnée de dessous-de-table massifs au bénéfice d’officiels nigérians, payés par les contribuables américains”, note Mother Jones.“Cette visite et le contrat de 82 millions de dollars associé formeront l’un des épisodes les plus controversés de la carrière de Jeb Bush, qui le suivra pendant des années après son entrée en politique.” 

Le magazine d’investigation rapporte que Jeb Bush était un ami proche de J. David Eller, propriétaire de MWI et que, ensemble, ils s’étaient associés afin de vendre les produits de la société. Avec l’aide d’une agence de crédit à l’exportation, ils décrochent le contrat au Nigeria. A l’époque, les banques américaines continuaient à financer le pays, malgré son surendettement. “Le fait que MWI ait réussi à obtenir un financement de la banque Export-Import est surprenant au vu de l’histoire traditionnellement pauvre des crédits du gouvernement nigérian”, selon une note du département de la justice américaine, reprise par le magazine.

Lors du procès intenté en 2013, Mother Jones affirme que Jeb Bush a été appelé en tant que témoin. Mais MWI a réussi à empêcher que cela ne se produise, accusant le gouvernement de “politiser l’affaire et biaiser l’avis du jury”. La société a été condamnée à payer plusieurs millions de dollars à la justice. Aujourd’hui, elle a engagé une procédure d’appel.